TRADE MISTAKES
I may never sleep tonight As long as you're still burning bright If I could trade mistakes for sheep Count me away before you sleep @Stan Turner -- | |
dans le métro bondé, la rouquine semble exténuée. une autre journée à rayer sur le calendrier. il ne lui reste plus qu’à rentrer sagement pour pouvoir se reposer. il doit être à peine dix heures et la rame est silencieuse à souhaits. il n’y a que quelques jeunes prêts à s’en aller en soirée. quelques adultes qui comme elle semblent exténués. enfin un peu de calme et de tranquillité. pilar n’a que quelques stations avant de devoir s’arrêter. elle prend les transports en commun car ses genoux sont ankylosés à souhaits. ses muscles sont raides après avoir été tant figés. son job n’est pas des plus physiques, il y a son rôle de maman pour la maintenir en forme et musclée. en parlant de son fils, stan n’a pas répondu à ses messages depuis un moment et la mexicaine espère sincèrement ne pas retrouver son appartement entrain de brûler. elle espère secrètement pouvoir se décapsuler une bière et poser ses fesses sur le canapé. demain son planning est plus léger, ses parents seront rentrés de leur croisière et maèl aura fini son date avec sa peroxydée. il va lui falloir un moment, à pilar, avant de redemander un service au tatoué. devoir lui être redevable n’est pas franchement quelque chose à laquelle la rousse semble vouloir s’habituer. elle n’est plus la môme à qui il tirait les couettes lorsqu’il s’ennuyait. aujourd’hui c’est elle qui le tourmente, bien décidée à lui rendre sa monnaie.
***
il fait désormais nuit noire et c’est les clefs de son appartement en main que la mexicaine foule le pavé. son ventre crie famine après une journée sans rien avoir avalé. et la douce odeur émanant des petits restaurants du quartier est loin d’aider. un mètre après l’autre pilar accélère le pas jusqu’à pouvoir discerner son immeuble un peu plus loin et toujours entier. pas de catastrophe à signaler. avec un peu de chance elio sera déjà au lit et elle n’aura plus qu’à le border. son petit homme est facile à vivre, il l’a toujours été. les dieux ont été clément avec la jeune femme qui se posait mille et une question face à la maternité. sa naissance a été des plus douces et depuis ce jour rien n’a changé. la rousse était faite pour ça. elle devait passer par là. la jeune femme ne croit pas en grand choses mais elle a foi en le destin et en les dés qui ont été jetés. il fait frais et le bout de son nez se met à rougir comme toujours. tout ce qui lui reste à traverser est un carrefour. arrêtée sur le trottoir, pilar se dit qu’un bon bain chaud et moussant pourrait être une bonne idée. histoire de se décrasser un coup et de pouvoir décompresser. le feu piéton passe au vert et la jeune femme se presse de traverser. grimpe quelques marches et passe son badge pour pouvoir rentrer à l’intérieur du bâtiment dans lequel elle vit depuis quelques temps. sept ans. l’ascenseur est là, à l’attendre sagement au rez-de-chaussée. les portes se referment derrière elle et la cage d’acier se met à s’élever. la tour dans laquelle la rouquine vit n’est pas bien haute mais dix étages suffisent à lui faire oublier les escaliers. elle ressort donc une fois sur son palier, déverrouille la porte de l’appartement et rentre à l’intérieur sur la pointe des pieds. pilar dépose son sac, se débarrasse de sa veste et de sa paire de creepers qu’elle délaisse dans l’entrée. son petit chez elle est bien calme et la lumière est feutrée. la mexicaine rejoint le salon où elle retrouve stan et elio endormis l’un contre l’autre sur le canapé. pendant un instant son souffle est comme coupé. le myocarde rate un battement devant la scène qui lui est jouée. pourquoi il lui fait ça, pourquoi est-ce qu’il lui fait ce genre d’effet? elle se mord la lèvre et reste un instant immobile à les observer. qu’ils ont l’air paisible malgré le foutoir régnant dans la pièce désordonnée. quelques minutes passent avant qu’elle ne se décide à avancer. la rousse s’accroupit aux côtés de stan et tente, en douceur, de le réveiller. pour récupérer elio et aller le coucher elle a besoin qu’il reprenne son gros bras tatoué. «
eh la bella durmiente, j’suis rentrée. » qu’elle chuchote pour ne pas trop les brusquer. profondément endormi stan ne semble pas prêt de capituler ni d’abandonner morphée. elle entreprend de bouger son avant-bras. mission périlleuse mais quelle mène à bien et récupère elio ronflotant tout bas. elle sert sa petite tête brune tout contre elle et hume son parfum qui lui a tant manqué. «
je vais coucher le petit, je reviens même si t’auras sûrement pas bougé. » car stan semble lui aussi être bien claqué. pilar n’en rajoute pas. pour une fois. ou du moins pas encore mais son fils a besoin de son lit et elle de manger. elio n’ouvre pas les yeux, reste dans le pays des rêves sans même le quitter. la jeune maman le borde, coince bien la couette sur ses côtés. il est tout ce qu’elle a de plus précieux, tout ce dont elle a besoin pour exister. son monde gravite autour de lui et de son sourire à qui il commence à manquer quelques dents de lait. elle replace une de ses mèches de son front derrière l’une de ses oreilles, allume sa veilleuse et quitte la pièce dont elle laisse la porte légèrement entrebâillée. la rouquine revient sur ses pas et pose enfin un bout de fesse dans le canapé. elle envoie voler son poing contre l’épaule de l’endormi qu’elle passe son temps à martyriser.
« t’es mort, t’as cané? t’as pas dormi hier soir c’est ça? c’était quoi son prénom cette fois? » qu’elle raille avec un rire mesquin. elle s’étire de tout son long comme le ferait un chat et c’est peut dire à quel points les craquements lui font du bien. pilar est de bonne humeur malgré la faim. l’ogresse n’est pas sur le point de tout casser. enfin pas maintenant, qui sait.