- Et merde.

Je refermais violement le dossier qui trainait sur ma table depuis des jours. Depuis mon retour de l’hôpital en fait. J’étais parvenu à me débrouiller convenablement dans une ville parfaitement inconnue. Actuellement n’importe quelle ville me serait inconnue puisque je me réveillais d’un coma d’une année entière. Entre mes exercices pour marcher correctement et les travaux pour activer ma mémoire, la seule chose qui devait avoir un lien avec mon passé se trouvait sur cette table ; des informations sur un homme dont je ne me souvenais absolument pas. J’étais fatigué, mélangé entre plusieurs envies, fracasser cette table ou aller boire pour oublier tout ça. Oublier, quelle bonne blague. Boire n’était certainement pas une très bonne idée vu les médicaments que je prenais mais c’était la seule qui me restait en tête. Je récupérais la canne qui m’aidait à marcher et je sortis de l’appartement. Je ne savais même pas ou me diriger, si bien que j’entrais simplement dans le premier établissement qui croisait ma route.

Un endroit bruyant qui me déplaisait déjà. Même sans mémoire je pouvais toutefois reconnaître ma personnalité, je n’aimais pas ce club. Je soupirais et je m’installais tout de même à une table. Je n’avais qu’à prendre un verre et partir ensuite. J’observais les gens autour de moi avec un certain dédain. J’espérais simplement que personne ne viendrait me parler. Je ne saurais même pas quoi répondre de toute manière. J’avais un peu des envies de meurtres. On m’apporte un verre, que je bois tout de même rapidement. Je ne savais même pas ce que j’aimais boire et je n’étais pas certain que cette bière me satisfaisait réellement. Agacé, je me redresse, aidé par ma canne et je me dirige vers l’extérieur. Le médecin m’a dit que je devais vivre des choses pour retrouver la mémoire.

À l’extérieur, j’entendais des paroles. Je m’attardais quelques instants. Assez pour entendre un homme s’en prendre à une femme. J’étais curieux mais je me rendais compte que je n’avais même pas envi de lui venir en aide. Je continuais toutefois d’écouter tout en m’approchant lentement. Je ne comprenais pas exactement tout ce l’inconnu disait à la jeune femme, mais c’était visiblement quelque chose qu’elle ne voulait pas. Il tentait de la toucher également, chose qui vint m’agresser un peu plus. Je fermais les yeux et je me laissais aider par la situation. J’avais l’impression de vivre quelque chose de connu, sans exactement savoir dans quel sens. J’ouvris les yeux lorsque la situation commença à dégénérer. L’inconnu frappa fortement la femme et commençait même à la déshabiller.

- Elle a dit non pauvre connard.

Et hop, mon poing venait de s’écraser dans la figure du potentiel violeur. Assez fortement d’ailleurs ayant un peu de difficulté à marcher convenablement je tombais par terre avec la violence du coup. Je grognais agacé en me redressant. Le pauvre type était bien sonné. Je n’avais pas particulièrement de souvenirs à l’heure actuelle mais visiblement ce n’était pas mon premier coup de poing.

Ce soir c'était l'anniversaire d'un de ses cousines, le rendez-vous était donné dans un pub. Elle n'avait pas une grande envie d'y aller et pourtant elle n'avait pas le choix. Devant son miroir elle se regardait, elle ne savait pas comment s'habiller. L'impression de ne ressembler à rien, elle attrapa deux robes, une rouge, une noire et décida d'opter pour la rouge, elle était moins sexy mais tout aussi jolie. Laissant ses cheveux blonds détachés, elle poussa un long soupir quand son frère entra dans sa chambre. Lui demandant si elle allait vraiment porter cela, elle rigola et alla dans ses bras pour être rassurée. Il lui embrassa le haut de son crâne en lui disant que si elle avait besoin d'aide ce soir pour rentrer il suffirait d'un texto pour qu'il vienne. Un sourire sur ton visage, doucement elle l'embrassa avant de quitter la maison pour se rendre à cette soirée d'anniversaire. Elle marchait lentement, elle n'était pas pressée d'y arriver, elle n'avait pas envie de boire ni de danser, pas l'envie de faire comme-ci tout aller bien dans sa vie.

Elle arriva devant le pub, elle poussa un long soupir, colla sur son visage juvénile un grand sourire et hurla en voyant sa cousine, elle savait assez bien mentir, pour ne pas dire très bien. Elle commanda un mojito tout en écoutant les amies de sa cousine discuter. Elle s'ennuyait à mourir et cela devait ce voir, elle n'écoutait pas vraiment, hôchait la tête quand il le fallait et rigolait en même temps que les autres, mais son exprit était ailleurs. Elle regarda l'heure son téléphone portable et embrassa sa cousine prétextant une urgence, elle enfila son manteau, sans remarquer l'homme qui ne la quittait pas du regard depuis quelques instants. Portable à la main, elle tapotait un texto pour son grand-frère, elle n'avait pas envie de rentrer toute seule. Avant qu'elle puisse termine son texto elle sentit un bras la plaquer contre le mur. Elle regrada l'homme tout en essayant de se débattre, elle hurlait pour que quelqu'un puisse lui venir en aide tandis que lui rigolait à gorge déployé. Son heure était venue, elle allait vraiment se faire agresser ici. Elle sentait les mains de l'agresseur sur son corp, elle essaya de le pousser mais son poing s'abbatit sur son arcade, elle tomba à la renverse quand une voix lointaine lui vint aux oreilles. Elle ferma les yeux quand elle vit la tête de son agresseur au sol, il ne bougeait plus enfin pour le moment. Elle posa ses bras autour de sa poitrine tout en essayant de se redresser, du sang coulait de son arcade "Je.. je...".  Les mots ne sortaient plus de sa bouche, elle tremblait de toute part. Elle posa  Un regard sur l'homme à terre puis sur son sauveur "Merci...". Elle resta collée au mur "Je ... Vous n'avez rien?". Elle laissa ses mains sur sa poitrine, elle regarda autour d'elle comme un oiseau tombé du nid "Il... Il .. Mort?" Elle en oubliait des mots.

"Merci...".
J’étais encore concentré sur le coup que je venais de porter. Cette douleur au poing, les souvenirs que cela m’évoquait, j’étais un peu dans la brume. J’entendis vaguement la jeune femme me remercier. Je l’observais légèrement en me redressant. Une gamine. J’avais beau avoir perdu la mémoire je n’en restais pas moins moi. J’étais un salopard, un tueur. Je pouvais tuer froidement. J’aurais très bien pu tuer cet homme. Je pouvais protéger des dealers, ça faisait partie du business. Mais je ne supportais pas les violeurs, bien que les femmes étaient selon moi toutes des salopes. Mais pour le moment, tous ses détails n’étaient pas encore très clairs dans mon esprit. Je me rendais bien compte toutefois que je la jugeais sur beaucoup d’aspect. Ses vêtements premièrement ; Je me disais simplement que si elle n’avait pas été vêtue ainsi il ne l’aurait peut-être pas agressé.
"Je ... Vous n'avez rien?"
J’étais effectivement tombé, après cette année dans le coma j’avais encore de la difficulté à marcher convenablement. Je ne répondis rien, une fois bien redressé j’étais assez près d’elle pour voir que le coup que l’homme lui avait porté lui avait bien fendu l’arcade sourcilière. Elle aurait besoin de soins.
"Il... Il .. Mort?"
J’haussais les sourcils, je dois avouer que ça ne m’était pas venu à l’esprit. Je détournais le regard de la jeune femme et lentement je me penchais pour toucher l’homme au poignet et m’assurer qu’il soit toujours en vie. Ce qui était le cas. Puisque j’étais à la hauteur de l’homme j’en profitais pour lui remettre un coup de poing à la figure. Plus léger mais qui laisserait tout de même des marques. C’était particulièrement satisfaisant.
-Il était toujours en vie et il l’est toujours. Dis-je simplement, agacé.
J’avais envi de partir. Mais ce petit oiseau fragile, blessé et tremblant ne pouvait pas rester à côté de cette crapule. Je poussais un long soupire.
-Mon appartement est juste à côté si tu veux que je t’arrange ça. Sinon je peux aller te porter à l’hôpital. C’est bien fendu.
Je n’avais certainement pas envi d’aller la porter à l’hôpital, la simple idée d’entrer à l’intérieur me donnait la nausée. Je fronçais les sourcils, je ne savais même pas que j’étais capable de lui « arranger » ça. Mais puisque je venais de le dire, j’imagine que c’est bien le cas.
-Tu saignes beaucoup. Ajoutais-je simplement.
Elle avait peut-être une autre solution. Moi je voulais simplement l’éloigner du gars par terre qui finirait certainement par se réveiller. Quoi que l’idée de lui donner un autre coup de poing me plaisait assez. Mais j’étais bien placé pour savoir que trop de coups portés à une tête peuvent facilement être dommageable.