Après avoir passer un samedi soir particulièrement agréable et un dimanche où elle s’est recentrée sur elle-même, Rose Carthew retrouve le chemin du travail ce lundi matin. La jeune femme était du poste de journée. Elle travaillait donc de neuf heures du matin à dix-sept heures trente le soir. Après s’être préparé, elle prit sa voiture et se dirigea vers la clinique vétérinaire où elle travaillait. Elle salua son patron et ses collègues et alla se changé dans les vestiaires au fond de la clinique. Elle entendait déjà les différents animaux dans les salles. La journée promettait d’être rempli. Elle était loin d’imaginer comment. La matinée se déroula dans un calme assez relatif. La jeune femme s’occupa des rappels de vaccins de plusieurs chats et chiens, du faire un bandage à un petit chien qui s’était prit la patte dans un piège en forêt. Elle remplit beaucoup de papiers et bien rapidement, midi sonna. Son ventre criait famine depuis déjà plus d’une heure, mais elle avait essayé de ne pas y prêter attention. Elle rangea ses dossiers et se dirigea vers les vestiaires pour récupérer son porte monnaie et son téléphone. Elle n’avait pas beaucoup d’amis et le portable le lui fit bien ressentir. Elle n’avait pas eu de nouvelles de Robin, mais elle voulait bien croire qu’il était occupé. Elle sourit doucement à la seule pensée du jeune homme. Oh ! N’allez pas croire qu’elle était tombée amoureuse de lui. Non non, elle avait juste retrouvé un ami qu’elle avait perdu de vu depuis longtemps... Et surtout, ils avaient passé un moment sans prise de tête. Elle rangea son portable dans ses poches, son porte monnaie dans l’autre et prit son manteau. Elle ne se changea pas, elle allait sans doute faire l’aller retour. De toute façon, les gens avaient l’habitude de la voir dans sa tenue de vétérinaire qui ressemblait étrangement à une tenue d’infirmière. Elle avertit ses collègues qu’elle revenait et sortie de la clinique.
Le soleil avait fait son retour sur Chicago. C’était tout relatif avec la pollution qu’il y avait, mais Rose aimait sa ville pour ce qu’elle était. Elle n’avait jamais voulu partir d’ici. Il y avait de bons cotés et de mauvais cotés, comme dans toutes les villes sans doute. Elle savait déjà qu’elle ne pourrait pas vivre à New-York par exemple, trop de gens. La vétérinaire savait aussi que Chicago avait ses gangs de rues qui se livraient batailles bien que cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas entendu parler d’un meurtre ou d’un trafic... peut-être est-ce qu’ils s’étaient calmé. Rose savait seulement que le gang à qui elle achetait sa drogue plus jeune n’existait plus depuis un moment déjà. Elle haussa les épaules. De toute façon, elle avait arrêté tout ça depuis plus de dix ans maintenant. Elle marcha jusqu’à un petit restaurant qui faisait des salades à emporter. Pendant qu’elle regardait tout autour d’elle, sauf devant elle, elle percuta un homme, ce qui eut effet de la faire reculer un peu.
«Oh pardon ! Je ne regardais pas où j’allais... vous allez bien ?»
Elle leva les yeux en même temps que l’homme et vit qu’elle le connaissait. Il avait grandit bien sûr, vieillit, mais ça ne faisait pas de doute que c’était lui...
« Rose Carthew ? Tiens donc ! » Un rire se mêlait à ses propos alors que ses bras de géant s'enroulaient autour de la jeune femme. Une étreinte amicale et sincère. Une étreinte surprise pleine de bons sentiments d'antan. « T'as l'air de toujours avoir l'art de tomber à pic à ce que je vois. » Il desserra son étreinte pour la regarder enfin et il leva un sourcil un peu surpris en la voyant en tenue de travail alors que lui … et bien, lui, il revenait simplement de faire un jogging dans le parc voisin. « T'es de retour ? Comment ça se fait que je ne sois pas du retour de la grande Rose Carthew ? » poursuivit-il avec un petit air boudeur sur le visage. Il avait évidemment aucune idée de la soirée qu'elle avait passé avec Robin. De toute manière, il ne parlait plus vraiment avec Robin depuis la douloureuse aventure avec l'une de ses prostituées. On va dire qu'Ashton faisait, en ce moment, profil bas. Il essayait de retrouver sa place dans les coulisses, dans l'ombre, loin de tous et de tout. Il n'avait pas franchement apprécié être la source de l'attention de son aîné et il se doutait que ce dernier n'allait pas lâché le morceau et allait certainement garder un œil sur lui. « Pour être sur ». « Par sécurité », comme on a beau dire pour cacher ses arrières pensées bien moins jolies et bien moins vertueuses. Quelque chose du genre.
« J'allais me manger un truc. T'as le temps ? Je t'invite. » dit-il en accompagnant ses propos d'un signe de tête en direction d'un petit bar à salades qui se trouvait au coin de la rue. Elle était loin d'époque du chaos, de la drogue, du rock and roll, des parties de jambes en l'air plutôt bizarres. Elle était loin l'époque du Désordre. Était-il si loin ? Il lui suffisait de poser son regard sur Rose pour se souvenir de son parfum, de son rire amusé quand il se glissait entre ses cuisses, de ses mains agrippant ses boucles brunes … il lui suffisait de poser son regard sur elle pour se souvenir de leurs crises, leurs disputes de junkies, leurs bagarres ridicules qui se terminaient en valses torrides. Il suffisait de poser son regard sur elle pour se souvenir de son nez qui coule après trop de rails de coke, pour se souvenir de l'odeur de vomi au petit matin quand ils avaient trop tiré sur la corde. Et vous savez quoi ? Ce mélange de souvenirs … lui donnait le sourire. Il avait le sentiment de se sentir de nouveau vivant. « Me laisse pas comme un crétin sur le trottoir. J'ai dit que je t'invitais, je t'invite. Je suis devenu un vrai gentleman tu sais. Un gentleman … et toi tu es devenue une … ? » Il pointa du doigt la tenue de la jeune femme. « Je sais pas vraiment mais sache que l'uniforme te va comme un gant et réveille en moi de vieux souvenirs que je pensais enfoui pour de bon. » conclut-il sur le ton de la plaisanterie.
Les bras d’Ash venaient de s’enrouler autour d’elle et elle lui rendit l’étreinte. Elle était contente de le voir malgré tout. Il semblait aller bien. Il lui dit qu’elle avait l’air de toujours tomber à pic. Elle lui sourit un peu lorsqu’il la relâcha pour la regarder de haut en bas. Oui, elle était en tenue de travail et clairement, Ash venait de faire son jogging. Il lui demanda alors si elle était de retour et lui demanda pourquoi il n’était pas au courant. Elle le regarda de haut en bas à son tour et lui répondit :
«Tu sais que je ne suis jamais partie. Je n’ai juste pas chercher à garder le contact avec qui que ce soit c’est tout... Je pensais que tu avais vu ton frère dernièrement... C’est lui que j’ai vu en premier ce weekend.»
Elle n’entra pas dans les détails non plus, Ashton n’avait pas besoin de savoir que leurs retrouvailles s’étaient terminés à se sauter dessus sur le canapé de la jeune femme. Peut-être que les deux frères n’avaient pas eu l’occasion de se voir depuis un moment. Rose se doutait bien que Robin était bien occupé. Ash la ramena sur terre en lui disant qu’il allait mangé un truc, lui demandant si elle avait le temps et qu’il l’invitait. Il venait de lui montrer exactement l’endroit où elle voulait aller. Comme c’était bizarre de revoir celui avec qui tout à commencer... Les soirées à être défoncer, à trainer dans les rues, à se trouver un peu partout pour se sauter dessus. Se taper lorsqu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Elle n’avait pas oublié non plus qu’il l’avait marqué à vie. Elle se souvenait du mauvais comme du bon, si bon il y avait. Elle continua de le regarder pendant un moment avant qu’il ne lui dise qu’elle ne devait pas le laisser comme un crétin sur le trottoir et qu’il l’invitait ce midi. Il lui dit qu’il était devenu un vrai gentleman avec le temps. Elle haussa un sourcil, mais ne dit rien. Il montra son uniforme et il ne savait pas ce qu’elle était devenue, mais l’uniforme lui allait à merveille et qu’il réveillait de vieux souvenirs en enfoui... La jeune femme secoua la tête et sourit tout de même.
«C’est gentil pour l’invitation. J’allais justement manger dans ce bar à salades. Et pour ce qui est de l’uniforme, je suis devenue vétérinaire. Ça va faire presque dix ans maintenant... Autant de temps que l’on ne s’est pas vu...»
Elle lui attrapa le bras et continua vers le bar à salade. Il avait changé, semblait être différent de ce qu’il avait été. Elle se trompait peut-être, mais il semblait... mieux. Elle lui demanda :
«Qu’est-ce que tu deviens Ash ? Tu sembles être en pleine forme.»
« Et c'est sensé me rassurer de savoir que tu as tout simplement coupé les ponts … sans donner trace de vie » répondit-il en fronçant légèrement les sourcils. Ils se froncèrent davantage quand elle mentionna l'aîné Hartwood. « Ah Robin … ? Intéressant. Nan, il m'a rien dit. Pas suffisamment intéressant pour être sur l'ordre du jour apparemment. » Il avait prononcé ces mots en voulant expressément être blessant. Aucune idée de ce qu'ils avaient pu foutre ensemble mais il était vexé de ne pas avoir été invité à la petite fête. Après tout, Rose avait été son amie. Son amie à lui. Jalousie ? Non possessivité mal placée. Rien de plus.
Ils descendirent la rue, bras dessus, bras dessous, en direction du bar à salades. « Vétérinaire. Putain Rose ! Mais c'est une super bonne nouvelle. Bravo ! » dit-il avec la plus grande des sincérités … même si en réalité, il en avait rien à foutre de son choix de carrière. Il savait simplement jouer la comédie. Il savait rebondir quand on lui demandait de rebondir. Il savait montrer de l'intérêt quand cela était nécessaire. Il était un vrai connard. « Je savais qu'il y avait quelque chose derrière cette gueule d'ange … Pas juste magnifique, intelligente en plus. J'avais parié sur le bon poulain. » plaisanta-t-il … il se souvenait parfaitement que c'était la blonde qui avait jeté son dévolu sur lui, volant son innocence et lui ouvrant les portes d'autres vices. La drogue. L'alcool. Les soirées qui ne finissent jamais, pas même à l'aube. Il poussa la porte du bar à salades pour la laisser entrer. « Pour être en forme, je suis en forme. Ça, je peux te le prouver quand tu veux. » dit-il avec des sous-entendus bien mal placés alors qu'ils faisaient la queue pour passer commande, en lui donnant un petit coup de coude amical. Mais bon, Ashton n'avait jamais été doué pour être discret. « Je bosse dans l'informatique. Ashton version 2.0. Un boulot de merde mais au moins, je bosse depuis la maison … du coup, c'est tranquille. » mentit-il avant de passer commande. Elle fit de même. Il paya les deux commandes et ils prirent une place sur cette table haute qui donnait sur la rue. Ils étaient ainsi assis sur un de ces hauts tabourets, le visage tourné vers la rue et la mêlée des passants.
« Putain. On en est là. A vivre une vie bien rangée, bouffant de la salade dans un restau bio à bobo... » Il secoua la tête comme s'il n'en croyait pas ses propres yeux. « Je nous avais plus imaginé finir dans le caniveau … comme quoi, on est des putains de rescapés, Rose. » plaisanta-t-il avec un sourire amusé au bord des lèvres.
Rose fronça les sourcils à son tour lorsqu’il lui dit que c’était sensé le rassurer de savoir qu’elle avait tout simplement coupé les ponts, sans donner de signes de vie.
«Il fallait que je reprenne ma vie en main Ash... Et ensuite, mes parents ont eu cet accident de voiture, ils sont morts et j’ai juste voulu disparaître de vos vies quelques instants. Tu m’excuseras d’avoir eu beaucoup de choses dans ma vie et de disparaitre.»
Puis, elle lui parla de Robin et elle se rendit compte qu’elle venait de faire une erreur en parlant du frère ainé. Il lui dit que c’était intéressant, mais qu’il ne lui avait rien dit. Sans doute pas intéressant pour être à l’ordre du jour. Ses mots étaient durs alors elle répliqua :
«Jaloux de ne pas avoir été invité ? Désolé, quand j’ai envoyé le sms, je n’ai pas pensé que le petit frère voulait participé à la petite... fête.»
Elle laissait sous entendre qu’elle avait fait plus que discuter avec l’ainé. Peut-être que Ash allait comprendre tout de suite la référence. Elle avait préféré passé la soirée avec Robin et la finir comme elle s’était finit... Et puis, elle n’était pas qu’à Ash. Il y avait plus de dix ans qu’ils ne s’étaient pas revu après tout. Elle ne lui appartenait pas.
Ils descendirent la rue comme deux vieux amis qui ne s’étaient pas vu depuis des années. Il se réjouissait de son métier que c’était une bonne nouvelle. Rose n’était pas certaine de savoir s’il jouait la comédie ou pas. Mais elle ne put répondre avant qu’il ne lui dise qu’il était certain qu’il y avait quelque chose derrière cette gueule d’ange... Elle fronça les sourcils. Elle n’avait rien d’un ange, ça s’était certain.
«Je te rappelle seulement que c’est moi qui t’es entrainé dans tous ça... Et je ne peux pas dire que je sois bien fière de ce que j’ai fais au vu du résultat... Je n’ai pas oublié Ash.»
Oh non, elle n’avait pas oublié les marques, les mains autour de son cou, la cicatrice à l’intérieur de sa cuisse. Elle s’en voulait d’avoir entrainer le jeune garçon qu’était Ash dans ses vices. Si Robin ou la famille Hartwood savait tout ça, elle était une fille morte. Ash se montra tout de même gentleman en lui ouvrant la porte pour la laisser passer et répondre à sa question. Il sous-entendait qu’il pouvait lui montrer qu’il était en forme. La jeune femme secoua la tête et lui dit :
«Oh je te crois sur parole Ash. Je n’ai pas besoin de le voir...»
Il lui expliqua par la suite qu’il bossait dans l’informatique, un petit boulot qui lui permettait de bosser de la maison. C’était tranquille. Elle approuva d’un signe de tête. S’il était bien dans son métier, c’était l’important. Ils commandèrent leurs salades et Ash paya leurs repas avant de prendre place sur une table donnant sur la rue. Rose planta sa fourchette dans sa salade et porta l’ustensile à sa bouche en écoutant Ash qui lui disait qu’il n’arrivait pas à croire qu’ils en étaient arrivés là. Il les voyait plutôt au fond d’un caniveau, comme quoi, ils étaient des rescapés. Elle avala sa bouchée et lui répondit :
«Je t’assure qu’après avoir vu quelqu’un faire une overdose, ça te vaccine sur la drogue Ash. J’ai eu des moments de détresse, mais je m’en suis sortie toute seule. T’as de la chance d’avoir encore ta famille toi...»
Elle était un peu amer sur ça. Elle ne s’entendait pas avec ses parents, tout le monde le savait, mais elle aurait aimé avoir un frère ou une soeur avec qui partagé les choses... un peu comme les Hartwood. Mais la vie les avaient séparés et elle s’était retrouvé toute seule. Elle s’était envoyé en l’air avec plus de personnes qu’elle ne serait les nommés, un peu pour oublié Ash et ses habitudes sordides. En fait, elle se demandait parfois si elle n’était pas la cause de ses déviances...
Les propos de la jeune femme auraient mis mal à l'aise n'importe quel être humain sur cette planète. Ashton, lui, se contenta de l'écouter. Il ne savait pas vraiment s'il devait sortir la carte de la compassion ou de la simple tristesse. A la place, il afficha un visage fermé. Elle pourrait l'interpréter comme elle le voulait. Putain que c'était dur d'identifier ce qu'il se passait dans la tête des Autres. Il esquissa un sourire amusé quand elle fit mention de la petite fête. « Ouais, assez jaloux en fait. » répondit-il simplement en toute honnêteté, pour une fois. « Je suis plutôt doué pour les petites fêtes en plus … mais bon, j'espère que tout s'est passé comme prévu. Je suis certains que vous êtes parvenus à vous débrouiller sans moi. »
« De quoi tu parles ? Ca fait combien de temps que tu m'as pas vu ? Comment tu peux te permettre de me juger et savoir si je suis quelqu'un de bien ou non ? » Il sortait la carte du mec offusqué, vexé. Il l'était en plus. Sa voix était calme et posée. Néanmoins, il avait le sentiment qu'elle lui crachait à la gueule alors qu'il lui tendait une main. L'incompris. « Tu vas pas me sortir la carte de la culpabilité … C'était des conneries de gamins. On était des mômes, Rose. Détends-toi. Regarde-toi, regarde-moi. On s'en est sortis. On est devenus des gens biens. » Il s'empara d'une bouchée de tofu avant de poser sur la rue piétonne, son regard se perdant sur les allées et venues des passants. Il tourna la tête vers elle, posa une main sur son avant-bras presque immédiatement alors que ces mots s'échappaient de ses lèvres : « Pour ca, pour t'en être sortie toute seule, t'as tout mon respect, sweetheart. Mais tu sais que pour moi, t'as toujours été un bout de la famille. Ca peut paraître bizarre mais c'est vrai … et je pense que c'est pour ça que je réagis comme un connard quand j'apprends que tu as appelé Robin et pas moi ... » Oh putain, il sortait maintenant la carte du mec jaloux parce qu'elle comptait pour lui en tant qu'amie. « Désolé. C'est juste que tu m'as manqué … pas les conneries qu'on a pu faire ensemble. Non, juste toi. » Il ôta sa main de son avant-bras pour s'emparer de sa bouteille d'eau qu'il ouvrit pour en boire une gorgée.
Le jeune homme avait le visage fermé, mais Rose se doutait que dans sa tête, c’était la tempête. Lorsque Rose mentionna la petite fête, il lui dit alors qu’il était assez jaloux et surtout qu’il était plutôt doué pour les fêtes, mais qu’il espérait que tout s’était bien passé. Qu’il était certain qu’ils s’étaient débrouillés sans lui. Rose laissa échappé :
«Oh oui, et j’ai pris mon pied, c’était juste... parfait.»
Puis Ash lui demanda alors de quoi elle parlait, depuis combien de temps ne l’avait-elle pas vu ? Comment pouvait-elle juger la vie du jeune homme et de savoir s’il était un mec bien ou pas. Rose se rendit compte qu’elle l’avait vexé, mais elle s’en fichait un peu. Elle rigola méchamment et lui répondit :
«Ne me dis pas Ash que tu as changé en dix ans. Je te connais, plus profondément que la plupart des gens sans doute. Je t’ai laissé faire des choses sur moi que personne n’aurait pu faire... Dis moi seulement que tes envies sordides n’ont pas changé ? Dis moi que tu as réussi à trouver une fille qui accepte tes petites envies ?»
La carte de la culpabilité. Rose l’avait joué depuis longtemps. Elle s’en voulait d’avoir entraîner Ash dans ses dérives, mais c’était le seul qui l’avait véritablement compris. Robin n’aurait pas pu la suivre et les autres de la famille Hartwood n’auraient sans doute pas compris. Le plus jeune de la famille, il avait sauté sur l’occasion. Alors qu’elle allait parlé, il posa sa main sur son avant bras et elle se raidit légèrement. Il lui dit alors qu’elle avait son respect de s’en être sortie toute seule, mais que pour lui, elle avait toujours été un bout de la famille. C’était bizarre, mais vrai. Il lui expliqua que c’était peut-être pour ça qu’il réagissait de la sorte quand il apprend qu’elle a appelé Robin et non Ash. Elle le regarde un moment afin de chercher une réponse correcte. Il rajoute qu’elle lui a manqué et pas les conneries qu’ils ont fait ensemble. Juste elle. Il retire sa main avant de boire dans sa bouteille d’eau. La jeune femme le regarda pendant un instant, interdite. Est-ce qu’elle lui avait vraiment manqué ? Elle se demandait... Elle prit quelques secondes pour manger un peu sa salade avant de lui répondre :
«Comprends moi Ash... Je ne t’ai pas appelé toi parce que... parce que je ne sais pas... Je pense que tu ne m’as jamais fait peur, j’ai toujours accepté tes dérives, tes pratiques... T’as failli me tuer quand même. Je suis marquée par toi à vie au niveau de ma cuisse. Tu te rends compte que Robin s’en ai rendu compte ?»
Ah, l’information s’est échappé de sa bouche.
«Non, il ne sait pas que c’est toi. Il a juste vu la cicatrice... Tu te rends compte que je suis obligée de lui mentir. Parce que... parce que c’est moi qui t’es entraîné dans tout ça et que si je ne l’avais pas fais... Tu n’aurais sans doute pas été comme ça. Tu ne peux pas comprendre le sentiment de culpabilité qui m’habite.»
Elle regarda la rue et les passants et attrape à son tour sa bouteille d’eau. Elle ne savait pas comment était Ash actuellement, est-ce qu’il avait toujours ses pratiques ? Puis, elle rajouta :
«Je t’ai vraiment manqué Ash ? Pourquoi tu n’as pas cherché à me recontacté toi ? Tu m’as bien dit que tu bossais dans l’informatique ? Ne me dis pas que tu ne peux pas chercher une personne avec ton ordinateur.»
Elle planta sa fourchette fortement dans une tomate cerise qu’elle mit dans sa bouche et mâcha. Elle n’arrivait pas à croire qu’elle avait cette discussion là et maintenant avec Ash. Elle ne pensait pas le revoir si vite après Robin. Comme s’ils s’étaient tous donner le mot...
Il soupire quand elle reparle de ses dérives, de ses pratiques, de ses envies, comme si elle repasse le même disque. Encore une fois. Il déteste qu'on lui rappelle ce qu'il sait déjà. A quoi bon ? Un sourire amusé se glisse sur ses lèvres quand elle lui avoue que Robin ait glissé son nez entre ses cuisses. Un réel sourire sincèrement amusé. Il boit une nouvelle gorgée de sa bouteille d'eau en se disant que son frère mène vraiment une vie bien chouette quand même. Il avale une nouvelle bouchée tout en écoutant la demoiselle en haussant les épaules, désinvolte. Qu'il sache ! Il n'est plus un môme. « Tu ne m'as entraîné dans rien du tout, Rose. Tu connais le libre-arbitre, non ? Je pense que t'es suffisamment maline pour savoir que chacun est libre de faire ce qu'il veut de sa vie, de plonger, de fuir, de dire non. Moi, y compris. Il se trouve qu'à l'époque, j'aurais pu me mettre dans le nez des kilos de coke avec la Terre entière. Dieu soit loué, tu as été la partenaire que j'ai eu dans ma descente aux Enfers, quelqu'un en qui j'avais confiance. Tous les junkies n'ont pas cette chance, moi j'ai eu cette chance. Mais crois-moi, si je suis déglingué du ciboulot, t'as absolument rien à voir ça. » dit-il avant d'enfourner une nouvelle bouchée de tofu, tout en reposant son attention sur les passants qui allaient et venaient. Il n'avoue pas, néanmoins, être « déglingué du ciboulot », avoir ses envies et ses idées de tordus. Il ne lui avoue rien du tout. Il préfère laisser planer le doute, c'est beaucoup plus sexy. Pas vrai ?
« Il semblerait que je ne sois pas un putain d'enfoiré qui viole les libertés de ses concitoyens. Pas si connard que ça le Ash, tu vois? » dit-il en lui décochant un clin d’œil amical. « Quand quelqu'un ne veut plus entendre parler de moi, je laisse cette personne en paix. Tu me prends pour un sociopathe et mainetnant pour un stalker. » Il ajouta en baissant le regard sur sa salade, boudeur : « Sympa. »
Rose mâche doucement la tomate cerise qu’elle avait dans la bouche pendant que Ash lui disait qu’elle ne l’avait pas entraîné, car c’était son libre arbitre. Elle le regarda pendant qu’il lui disait qu’elle était suffisamment maligne pour savoir que chacun était libre de faire ce qu’il voulait dans sa vie, lui y comprit. Il lui expliqua qu’il aurait pu se retrouver autrement, mais elle avait été là dans sa descendre aux enfers, quelqu’un en qui il avait confiance. Il lui dit que ce n’était pas tout le monde qui avait cette chance. Et elle n’avait rien à voir dans tous ça si il était «déglingué du ciboulot». Elle le regarda pendant un instant, trifouillant dans sa salade avant de lui dire :
«Ce serait presque touchant ta confiance en moi»
Elle prit une feuille de salade avec un morceau de poulet et mâcha le tout. Elle ne comprenait pas du tout le jeune homme, mais est-ce qu’elle l’avait déjà comprit ? Puis elle lui parla du fait qu’il aurait pu la rechercher sur Internet. Elle leva les yeux au ciel avant de lui dire :
«Une recherche Facebook et envoyer un message ? Je parlais pas de violer les lois.»
Il rajouta qu’il laissait la personne en paix lorsque cette personne ne voulait pas entendre parler de lui. Il rajouta qu’elle le prenait pour un sociopathe et pour un stalker. Il fit une mine boudeuse avant de rajouter un «Sympa». Elle le regarda et lui dit :
«Ash... Ce n’est pas ce que je voulais dire...»
Voilà maintenant, elle s’en voulait. Elle soupira et mangea encore un peu, jetant un coup d’oeil à sa montre. Elle avait encore quelques minutes devant elle. Elle ne savait pas quoi dire de plus. Elle avait toujours eu un sujet de conversation avec Ash et maintenant, on aurait dit deux inconnus. Elle avait eu plus de conversation avec Robin qu’avec Ash... Chose particulière puisqu’elle avait toujours passé plus de temps avec le frère cadet que l’aîné...
"Le devoir m'appelle bientôt, merci pour le repas Ash. Ça m'a fait plaisir de te revoir"
Elle lui sourit doucement. Un vrai sourire. Il lui avait manqué aussi finalement.
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