« Oh, why you look so sad, the tears are in your eyes, come on and come to me now and don't be ashamed to cry. Let me see you through, 'cause I've seen the dark side too. When the night falls on you, you don't know what to do, nothing you confess could make me love you less, I'll stand by you. »
Trois jours. Cela fait trois jours que Mia a quitté la maison pour aller vivre avec un homme totalement inconnu. Le soir même, elle m'a prévenu par sms qu'elle partait et j'ai cru à une immense blague. Cette décision n'a aucun sens pour moi, si bien que je me suis rendue immédiatement au domicile familial pour confronter les parents. C'est alors que mon père a craché le morceau sur la raison de ce soudain changement. Il l'a vendue. Il a vendue Mia à un individu sans doute immoral et sans scrupule. A cette annonce, j'ai vrillé. J'ai complètement pété les plombs, prête à arracher ma soeur aux griffes de son geôlier, de force s'il le fallait. Mais mes parents ne connaissent pas l'adresse où ils vivent et j'ai bien vu aux larmes de ma mère, qu'elle était elle-même anéantie par le marché de mon père. Depuis ce fameux soir, j'ai tenté à de multiples reprises de joindre ma soeur sur son téléphone. A chaque fois, elle ne répondait pas et se contentait de m'écrire un texto pour m'assurer que tout allait bien. J'ai bien pensé à aller la voir à l'université et la sauver là-bas mais nous sommes en plein vacances scolaires, il n'y a donc pas de cours actuellement. C'est frustrée et apeurée par cette situation que j'arpente les rues de la ville à la fin de ma journée de travail pour rentrer chez moi. Je ne suis pas concentrée depuis que je sais ce que traverse Mia et je suis incapable de fermer l'oeil en pensant qu'elle est peut-être maltraitée. Une nouvelle fois, je me rends chez mes parents dans l'espoir d'en apprendre plus et de pouvoir sauver Mia de cette atroce condition. Toute la famille est attablée quand je débarque en trombe dans la minuscule salle à manger. "Vous pouvez aller manger dans vos chambres s'il vous plaît ? Je dois parler à papa et à maman, seule." J'échange des regards insistants avec mes frangines pour qu'elles se dépêchent de bouger leurs fesses. Je n'ai pas très envie qu'ils entendent ce qui va suivre et encore moins qu'ils y participent. Une fois seule avec mes parents, je me tourne directement vers mon père, le seul responsable de ce merdier. "Ce cirque a assez duré. Tu vas me dire où elle est et tout de suite !" "Tu sais bien que je l'ignore ! Il garde son adresse secrète par mesure de précaution." "Qui ça il ? Bon sang papa ! Même son nom tu refuses de me le donner ! C'est de ma soeur qu'il s'agit ! De ta fille ! T'as conscience que tu l'as offerte à un malade ?" "Ne dis pas ça de lui ! Je t'interdis de lui manquer de respect après ce qu'il a fait pour nous !" "Excuse moi ?! Tu te fous de moi ?! T'as vendu ta fille à un mec papa ! Pour de l'argent ! Comment tu peux prendre sa défense en plus ?! Quel genre de mec fait ça ?" Je hausse le ton malgré moi. Je suis incapable de contenir ma rage et ma déception. Je connais le passé de mon père et les erreurs qu'il a pu commettre dans le temps. Mais celle-là, c'est de loin la plus impardonnable de toutes. "C'est quoi le problème de ce type, hein ? C'est un vieux croulant ? Il est affreux ? Allez dis moi ! Parce que pour aller jusqu'à acheter une jeune femme à peine adulte, il faut être cinglé !" "Pas du tout, arrête de crier Amy ! Tu ne sais pas ce que tu dis. Tu ne sais rien de lui alors arrête de raconter n'importe quoi !" "Alors dis moi papa ! Parle moi du type qui a arraché une femme à sa famille ! Qui.." "Il veut l'épouser ! Voilà. T'es contente ?" Je reste coi. Encore plus sous le choc qu'avant. Je comprends alors très bien ce qui se trame dans la tête de ce détraqué et la boule dans mon ventre grossit rapidement jusqu'à m'empêcher de respirer. "Mais putain papa, Mia est vierge !" Et c'est justement au même moment que la porte d'entrée claque signifiant la présence d'une tierce personne. Ma tête se tourne vers l'entrée pour voir lequel de mes frangin(e)s je dois étriper d'avoir désobéi.
Tu le savais pourtant qu'il fallait pas que tu ignores ses appels. Tu la connais Amy depuis le temps. Tu sais comment elle est. Tu savais que tôt ou tard tu allais devoir te confronter à elle. Mais tu n'as pas pu ces derniers jours, tu as préféré ignorer ses appels, tu as pris le soin de lui envoyer des sms pour la rassurer. Tu sais qu'elle doit être folle de rage et d'inquiétude pour toi. Mais justement tu veux attendre un peu pour pouvoir la rassurer, pour qu'elle se calme. Toi aussi ça t'a fait un sacré choc quand ton père t'a annoncé que tu allais devoir partir pour vivre avec un homme. Un homme qui avait payé pour que tu deviennes sa fiancée. Tu as eu peur, tu n'en as pas fermé l’œil pendant plusieurs jours. Tu as pleuré, des nuits entières, tu as réfléchi des heures et des heures pour trouver un moyen d'échapper à ton triste sort. Mais tu as fini par capituler et suivre cet homme dont tu ne connaissais strictement rien. Seulement, à la place de celui que tu avais imaginé, tu t'es retrouvée à vivre aux côté d'un homme charmant et agréable, un homme avec qui tu as passé une bonne première soirée, un homme semblant ouvert d'esprit et soucieux de ton bonheur. Tu aurais pu rassurer Amy en lui confiant tout ça, mais tu connais assez bien ta sœur pour savoir que ça l'aurait encore plus énervée. Si tu lui avoues que tu t'es presque faite à l'idée de vivre avec cet homme elle sortira de ses gonds, c'est une évidence. Alors tu as préféré éviter ses appels. Fuir la confrontation parce que tu n'as pas envide de te fâcher avec ta grand sœur
Tu décides de profiter de cette journée pour aller rendre visite à tes parents. Robin a été clair là-dessus, jamais il ne tenterait de t'empêcher de les voir, jamais il ne chercherait à t'éloigner d'eux. Tu ne les as pas vus depuis trois jours, depuis que tu es partie vivre chez Robin. Tu appréhendes un peu les retrouvailles, tu as peur du regard qu'ils vont poser sur toi. Tu as peur qu'ils ne te considèrent plus comme leur petit bébé. Ou pire tu as peur de lire de la pitié dans leurs yeux. Mais si tu viens les voir c'est aussi pour les rassurer, pour leur dire que Robin te traite bien, que tu vas bien. Tu retrouves ce quartier que tu connais parfaitement. Tu montes les marches de l'immeuble, celle dans lesquelles tu es tombée de nombreuses fois, toi la petite maladroite. Une fois devant la porte d'entrée, tu hésites, tu sens ton cœur qui s'emballe, tu as peur de leur réaction à tous. Tu veux que rien ne change avec eux, tu veux retrouver ta famille, la même qu'il y a quelques jours. Mais tu sais que ça sera différent. Il ne peut en être autrement. Timidement tu appuies sur la poignet et déjà tu entends la voix d'Amy se soulever dans l'appartement. Tu t'arrêtes net, crispée. Tu fermes les yeux en soupirant. Tu n'en voulais pas de cette confrontation, pas maintenant alors que tu espérais juste passer un moment agréable en famille.
Tu écoutes discrètement ce qu'ils se disent. Tu entends ton père défendre Robin, ta mère pleurer et ta gorge se serre. Amy est remontée, comme tu t'y attendais. Et ce sont ses derniers mots qui te font te crisper de tout ton corps. Toi tu as essayé de ne pas y penser. Le premier jour tu as eu peur que Robin te force à faire quelque chose que tu ne désirais pas. Mais au lieu de ça il t'a laissée dans ta chambre, il n'a pas cherché à te forcer à quoi que ce soit. Tu finis par claquer la porte, assez fort pour les prévenir de ta présence. Tu avances timidement jusque dans la salle à manger où Amy et tes parents sont réunis. Les plus jeunes doivent être dans leur chambre. Tu as hâte d'aller voir Dan, de le rassurer parce que lui aussi s'inquiétait pour toi. Mais pour le moment tu sens que tu dois avoir une conversation avec Amy. Il y a un gros silence qui s'installe quand tu entre dans la pièce. Tu t'avances pour déposer un baiser sur la joue de ta mère et sur celle de ton père. « Bonjour maman, bonjour papa. » Enfin tu te tournes vers ta grande sœur, tu t'approches d'elle et tu viens la serrer dans tes bras. Tu espères qu'elle ne sera pas trop en colère pour accepter cette étreinte. « Je sais que vous vous inquiétez pour moi, mais je vais bien. Est-ce que tu veux qu'on aille marcher un peu Amy ? » Ce serait l'occasion pour vous de discuter en tête-à-tête, de vous retrouver, et ça te permettrait de la rassurer, ou du moins d'essayer.
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Dim 10 Mai - 17:02
i'll stand by you
Mia & Amy
« Oh, why you look so sad, the tears are in your eyes, come on and come to me now and don't be ashamed to cry. Let me see you through, 'cause I've seen the dark side too. When the night falls on you, you don't know what to do, nothing you confess could make me love you less, I'll stand by you. »
J'ai toujours détesté me disputer avec mes parents, sauf que là je ne peux pas ignorer que mon père a merdé sur toute la ligne. On peut penser que sa démarche était sincère, qu'il voulait offrir ce qu'il y a de mieux pour Mia en lui permettant de faire des études et de vivre une belle vie. Mais vendre sa vie, son corps à un homme qu'elle ne connait pas ? C'est tout bonnement atroce pour moi. Une erreur monumentale que je ne pourrais pas pardonner. Ce n'est pas juste, Mia est la plus innocente et naïve de mes soeurs. Elle ne connaît pas grand chose de la vie à part ce qu'elle apprend dans les livres. Bien trop discrète et docile pour protester elle a certainement suivi son nouveau "maître" sans opposer la moindre résistance. J'aurais tellement voulu être là ce soir là. Pour l'empêcher de commettre la plus grosse erreur de sa vie. Pour la protéger de la bêtise de mon père. A la place j'ignore toujours où elle est et j'ai de plus en plus de mal à croire qu'elle va bien. Un texto, tout le monde peut l'écrire, rien ne me dit qu'elle me les a envoyé volontairement ni si elle va un jour réapparaître. Il l'a peut-être emmené loin pour qu'on ne puisse plus jamais la voir. Qu'est-ce que j'en sais au final ? Le peu que mon père a osé avouer ne m'apprend rien de bon. Et le coup de grâce, c'est l'objectif de toute cette machination. Un mariage. Mon coeur se brise en deux rien qu'en pensant que mon bébé, ma petite soeur adorée, soit obligée d'épouser un homme qu'elle ne connait pas et qu'elle n'aime pas. C'est le genre de scénario qui ne devrait plus exister au vingt-et-unième siècle pourtant ! Pour parfaire l'horreur, je sais que Mia n'a jamais eu de relations physiques avec un homme. Elle sera donc forcée de se donner à ce même homme, alors même qu'elle ne l'a pas choisi. Comment pourrais-je pardonner mon père d'avoir laissé faire ça ? La porte d'entrée qui claque apporte une pause involontaire à la dispute en cours. Quand je découvre le visage de Mia devant moi, je n'ose y croire. Je reste scotchée sur place alors qu'elle embrasse nos parents. "Mia ? T'es là ?" J'ai du mal à comprendre. Mon imagination commence à me jouer des tours ce n'est pas possible. Elle est partie, il l'a emmené loin de nous. Mais je sens les bras frêles de ma petite soeur se resserrer autour de mon corps et je sens son parfum fleuri. Mes yeux sont immédiatement inondés de larmes quand je comprends que je la tiens bien dans mes bras. "Oh bon sang Mia, si tu savais comme j'ai eu peur pour toi !" Je n'ose pas la lâcher de peur qu'elle disparaisse aussi subitement qu'elle était arrivée. J'entends sa proposition d'aller marcher et je crois qu'en effet, c'est la solution la plus raisonnable. Je ne veux plus continuer à crier avec mon père puisque la discussion ne mène nulle part et que je peux être avec mon petit soleil à la place. Je la libère pour pouvoir poser mes mains sur ses joues et la regarder dans les yeux. "Ça va aller tu m'entends ? Je vais te sortir de là, je te le promets." Je lâche ses beaux yeux pour observer mes parents qui n'ont pas bougé depuis tout à l'heure. "Cette conversation n'est pas terminée." La rancœur dans la voix, je suis incapable de tenir le regard de mon père qui me fait clairement honte à l'heure actuelle. Je prends la main de Mia et récupère ma veste. "Viens on va marcher."
Quand tu vois le regard étonné et soulagé d'Amy ton cœur se serre. Parce que tu te sens coupable, tu te sens coupable de ce que tu lui fais endurer. Tu sais qu'elle s'inquiète beaucoup pour toi. Vous avez toujours été tellement proches toutes les deux. Elle a un peu pris la place de ta mère quand elle devait aller travailler -très souvent donc- tous les soirs elle venait te border, elle te racontait des histoires pour que tu t'endormes. C'est elle qui venait chasser les monstres que tu pensais cachés sous ton lit ou dans le placard de ta chambre. Et cette relation, si forte, que vous avez toutes les deux, tu ne veux pas la perdre. Tu ne veux pas la perdre à cause de cette histoire. Parce qu'elle doit s'imaginer que tu vis un vrai calvaire. C'est ce que tu t'étais imaginé quand Robin est venu te chercher. Tu la connais Amy, tu sais qu'elle doit se faire les pires scénarios dans sa tête et qu'elle va tout faire pour t'aider. Ah ça oui, elle est tenace ta frangine. Elle ne lâchera pas l'affaire tant qu'elle sera certaine que tu es heureuse et en sécurité. Ça va être très difficile de la convaincre que tout se passe bien chez Robin. Et ça te fait mal aussi de voir ta mère en train de pleurer et ton père complètement déboussolé. Vous avez toutes les raisons du monde de lui en vouloir, mais toi t'en es incapable. Parce que t'aimes ton père, et tu sais qu'il n'a pas vraiment eu le choix, qu'il a fait ça pour vous offrir une meilleure vie à tous.
Tu dois avouer que tu te sens bien dans les bras d'Amy. Elle te réconforte. Tu as l'impression de revenir des années en arrière quand elle te prenait dans ses bras pour te rassurer. En fait, tu as toujours autant besoin d'elle, si ce n'est plus en ce moment. Parce que ta vie prend un virage très serré. Tu passes tes bras autour d'elle et tu caresses son dos. C'est à toi de la rassurer, pour une fois. Tu plonges ton regard dans ses magnifiques yeux bleus. T'aimes pas la voir émue aux larmes comme ça. Tu poses tes mains sur les siennes. « Je vais bien Amy. » souffles-tu. Mais tu sais que ça ne suffira pas à la rassurer et à lui faire sortir de sa tête cette idée de te libérer. Tu croises le regard de ton père et ça te fait de la peine. Il a l'air fatigué, un peu blasé aussi. Il devait se douter qu'il allait devoir des explications à chacun de ses enfants. Tu lui envoies un baiser et tu lui adresses un petit sourire que tu espères rassurant. Tu penses de bon de t'isoler avec Amy afin de lui parler plus tranquillement. De lui faire prendre l'air pour qu'elle se calme un peu. Tu hoches la tête. « Oui, allons-y. »
Tu la laisses passer devant et tu restes silencieuse tout le temps que vous empruntez les escaliers et que vous sortez du bâtiment. Tu regardes autour de toi. Tu regardes ces rues, ce quartier qui t'ont vu grandir. Chaque endroit réveille en toi d'anciens souvenirs. Comme ce trottoir sur lequel tu as appris à faire du vélo, et le nombre de chutes que tu as dû faire pour y parvenir. Silencieusement tu passes ta main dans le dos de ta grande sœur. Tu ne sais pas trop comment aborder la chose. « Ecoute, je suis désolée de ne pas t'avoir rappelée. Je ne voulais pas t'inquiéter... » Tu baisses les yeux en soupirant, tu sais que c'est raté, bien sûr qu'elle s'est inquiétée pour toi. « Tu sais Amy. Je vais bien. Je... Robin n'est pas le monstre que tu t'imagines. » Tu sais que ça risque de la faire sortir de ses gonds, elle va s'imaginer qu'il te manipule et que c'est pour ça que tu lui trouves des qualités. Et pourtant ce n'est pas du tout le cas, tu veux lui faire comprendre que Robin n'est pas quelqu'un de mauvais. « J'ai beaucoup de mal à m'y faire aussi. Mais je suis bien traitée, il ne m'oblige à rien du tout. J'ai ma propre chambre... » Il ne faut pas qu'elle pense qu'il profite de toi, qu'il te soumet à ses fantasmes les plus pervers, parce que tu sais que c'est comme ça qu'elle le voit. « Je t'avoue que c'est surréaliste pour moi. J'ai beaucoup de mal à me faire à tout ça. Mais je veux pas que ça brise notre famille. Je m'en remettrai pas Amy. » Tu sens les larmes te monter aux yeux, parce que le pire ce n'est pas d'être promise à un homme que tu ne connais quasiment pas, c'est de voir ta famille se déchirer à cause de ça. C'est de voir ton père, déjà si fragile, se plonger dans une profonde dépression, rongé par les remords. « N'en veux pas à papa s'il te plait. Il veut notre bonheur à tous... »
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Mar 12 Mai - 14:31
i'll stand by you
Mia & Amy
« Oh, why you look so sad, the tears are in your eyes, come on and come to me now and don't be ashamed to cry. Let me see you through, 'cause I've seen the dark side too. When the night falls on you, you don't know what to do, nothing you confess could make me love you less, I'll stand by you. »
L'émotion me submerge lorsque Mia apparaît. Il ne peut en être autrement. Pas après les trois jours horribles qui viennent de se passer. Je me suis fait un sang d'encre pour elle, tentée par tous les moyens possibles de la retrouver, de lui parler. De la sauver. J'ai même pensé à aller voir les flics pour leur demander de l'aide. Mais qu'aurai-je dit ? Que mon père a vendu ma plus jeune soeur à un homme dont je ne connais même pas le nom ? Soit ils m'auraient prise pour une folle. Soit ils aurait arrêté mon père pour le questionner. Malgré mon ressentiment envers lui à l'heure actuelle, je ne lui souhaite pas ça. J'aurais juste aimé qu'il réfléchisse avant de passer un tel accord. Qu'il nous en parle, qu'il comprenne à quel point c'était affreux de faire ça à un de ses enfants. Je ne pensais pas notre famille tellement dans la merde financièrement pour qu'il accepte un tel marché. Mia est intelligente, elle aurait pu avoir une bourse pour aller à l'université. J'aurais pu lui donner de l'argent pour acheter des livres. Elle aurait même pu venir vivre avec moi le temps de ses études si le logement universitaire était hors d'atteinte. Des solutions, j'en ai plein la tête. C'est bien pour ça que je ne comprends pas. Que je n'arrive pas à dépasser ma colère. Elle est entièrement tournée vers notre père puisque je n'ai pas le principale coupable sous la main. Mais tout ça est passé au second plan lorsque je tiens enfin ma petite soeur dans mes bras. Que je peux sentir son parfum, sa silhouette frêle contre moi. Puis je caresse ses joues, elle pose ses mains sur les miennes en m'affirmant aller bien. En effet, j'ai l'impression qu'elle n'a aucune blessure apparente. Ça ne veut pas dire qu'elle vit bien sa captivité. Je refuse de croire ça. Je ne réponds d'ailleurs rien à ça, préférant m'éloigner avec elle pour parler. J'en ai assez d'entendre les pleurs de capitulation de ma mère et les excuses bidons de mon père. J'ouvre la marche, bien trop pressée d'avoir cette conversation pour attendre une seconde de plus. Puis j'ai moi aussi besoin de prendre l'air, de me retrouver seule avec elle et faire redescendre un peu la pression qui m'a submergée ces derniers jours. Seulement, une fois dehors, j'ignore quoi dire. J'observe moi aussi les alentours, triste de voir toutes les années qui sont passées sans que rien ne change pour nous. Au contraire, plus j'avance dans l'âge et plus j'ai l'impression que rien n'ira bien. Le seul espoir pour cette famille, c'est Mia et son esprit vif. Si elle réussit dans la vie, j'aurais au moins une bonne raison de me réjouir. "Ne pas m'inquiéter ? J'étais morte d'inquiétude pour toi Mia !" Et encore, les mots sont faibles je trouve. Je fronce les sourcils lorsqu'elle prononce un nom que je ne connais pas. "Robin ? C'est comme ça qu'il s'appelle ?" J'omets complètement le reste de sa phrase et me concentre sur ce premier indice qui va, je l'espère, me permettre de la libérer au plus vite. J'arrête ma marche pour me tourner vers elle et lui faire face quand elle poursuit. J'entends à sa voix qu'elle est résignée. Qu'elle a accepté son sort et ce constat me met hors de moi. "Arrête ça Mia ! Tu ne peux pas sérieusement dire que t'acceptes d'être traitée comme ça quand même !" Quand bien même elle dit la vérité et que ce Robin ne lui impose rien, pourquoi la faire quitter sa famille si ce n'est pour lui faire faire des choses qu'elle ne souhaite pas ? Je suis incapable de croire qu'il est simplement altruiste et qu'il a voulu lui offrir une vie de luxe par bonté d'âme. Ce genre de personnes n'existe pas dans ce monde. "Je t'en prie, ne sois pas si naïve ! Pourquoi crois-tu qu'il t'a arraché à ta maison si ce n'est pas pour profiter de toi ? Il attend juste que tu sois en confiance c'est tout !" Je soupire de frustration tout en passant ma main dans mes cheveux. Je ferme les yeux à ce qu'elle dit ensuite. Moi aussi ça me fait peur tout ça. Je n'ai pas envie de perdre ma soeur. Je n'ai pas envie qu'elle se sacrifie à cause des erreurs de notre père. J'ai déjà beaucoup de mal à envisager de lui pardonner tout ça. Mais si en plus Mia disparaît de ma vie, je ne m'en remettrais pas. "Oh ma chérie..." Je la prends encore une fois dans mes bras, pour la rassurer à mon tour cette fois. "Le seul qui risque de nous éloigner c'est cet homme qui t'a acheté comme si tu étais un animal de compagnie." Je me détache juste assez pour pouvoir la regarder dans les yeux. "Je ne peux pas accepter ça pour toi. Tu mérites tellement mieux !" Je suis incapable de lui promettre ce qu'elle me demande ensuite. Ne pas en vouloir à notre père ? C'est impensable à l'heure actuelle pour moi. J'y repenserais quand Mia sera à l'abri et sauvée des griffes de ce prédateur. "Viens avec moi. Je te protégerai." C'est la seule solution à mes yeux. Si elle a réussi à s'échapper aujourd'hui, je dois saisir cette opportunité et la mettre en sécurité.
Tu sais que ce ne sera pas une mince affaire de convaincre Amy que tout se passe plutôt bien avec Robin, malgré les événements, malgré la façon dont il est entré dans sa vie. Tu ne sais pas comment tu vas pouvoir t'y prendre. Amy a la dent dure. Elle est têtue comme une mule et surtout tu sais qu'elle t'aime de tout son cœur et qu'elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour te protéger. Tu ne peux pas lui reprocher de vouloir te protéger. A sa place tu réagirais probablement de la même manière. Si l'une de tes sœurs, ou si ton frère était à ta place, tu réagirais comme Amy. Alors tu veux essayer de la rassurer, même si tu t'y es déjà mal pris en ne répondant pas à ses appels. Ton but là, c'est qu'elle se calme et qu'elle réalise que tu n'es pas en danger. C'est pour ça que tu insistes pour aller marcher. Tu sais que quand vous ne serez que toutes les deux, ce sera plus simple pour toi. Tant que votre père sera dans les parages, elle ne redescendra pas. Alors tu prends la parole la première. Avant qu'elle ne se mette à parler et qu'elle ne s'arrête plus. T'essayes de ne pas trop la brusquer, de ne pas attiser le feu qui l'anime. Tu hoches doucement la tête pour répondre affirmativement à sa question. Tu sens la rage dans sa voix, dans son regard quand elle prononce le prénom de Robin. Tu te doutes bien qu'elle doit avoir une image très négative de l'homme qui t'a achetée. Alors tu essayes de la rassurer en lui précisant qu'il n'a rien tenté pour te forcer à quoi que ce soit.
Tu baisses les yeux quand elle se tourne vers toi. Tu n'en attendais pas moins d'elle, tu savais que ce serait inévitable. Tu vas devoir te montrer convaincante pour qu'elle se calme. Alors tu lèves tes mains et tu les poses sur ses épaules. Tu y as pensé toi aussi. Tu t'es demandé si Robin n'attendait pas le bon moment pour tenter quoi que ce soit et te forcer à faire quelque chose que tu ne voudrais pas faire. Mais tu ne l'imagines pas comme ça. Tu sais qu'Amy va te dire que tu es trop naïve. Alors tu joues la carte de la franchise, tu n'as pas l'intention de mentir à ta sœur. « Il m'a expliqué. Il savait quel genre de femme il voudrait épouser, et il m'a choisie parce que je correspond à son idéal. Il apprécie mon calme et ma douceur. Et je te jure Amy qu'il n'a pas eu le moindre geste déplacé. Il a même été très gentil, très attentif à mes besoins. Et la preuve ! Il n'a aucunement l'intention de m'empêcher de venir vous voir ! » Tu sais que le combat dans lequel tu te lances ne va pas être facile à remporter. Amy est tenace, bien plus que toi. Les rares fois où vous avez été en désaccord, c'est toujours elle qui a eu le dernier mot.
Et alors tu craques, tu lui fais part de tes inquiétudes, tu ne veux pas voir ta famille exploser. Quand elle te prend dans ses bras, tu la serres fort, tu soupires et tu ravales tes larmes. Il ne faut pas que tu pleures sinon elle va penser que c'est à cause de Robin, que c'est parce qu'il ne te traite pas bien. Tu ne peux que comprendre tout ce qu'elle te dit, elle a raison sur toute la ligne. Tu mérites de connaitre une vraie histoire d'amour, tu mérites de prendre le temps avant de te plonger pour de bon dans le monde adulte. Mais tu dois la rassurer. Sa dernière phrase te fait froncer les sourcils alors que tu te recules, gardant tes mains sur ses bras. Tu n'es pas sûre de bien comprendre au départ. Tu secoues vivement la tête. T'es obligée de refuser, même si au fond, ça pourrait être une solution. « Je ne peux pas Amy. Je ne veux pas attirer d'ennuis à papa. » Parce que tu te doutes qu'il devra rendre des comptes à Robin si tu t'enfuies. Tu poses une main sur sa joue, comme elle te l'a si souvent fait quand tu faisais des cauchemars. « Amy, je vais bien. J'ai juste besoin que tout soit comme avant. Qu'on reste tous aussi proches les uns des autres. Je veux juste qu'on reste nous-mêmes. »
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Mer 20 Mai - 16:35
i'll stand by you
Mia & Amy
« Oh, why you look so sad, the tears are in your eyes, come on and come to me now and don't be ashamed to cry. Let me see you through, 'cause I've seen the dark side too. When the night falls on you, you don't know what to do, nothing you confess could make me love you less, I'll stand by you. »
Bien sûr que je suis rassurée de voir que Mia va bien. Physiquement, elle n'a aucune blessure apparente et vu son sourire, elle ne semble pas malheureuse. Pour autant, je n'arrive pas à me dire qu'elle tolère cette situation totalement insensée. C'est au-dessus de me force d'accepter ce qui lui arrive sans rien faire. J'essaye de la raisonner, de lui faire comprendre que le temps de la naïveté est révolu. Il faut qu'elle grandisse brusquement pour être consciente de ce qu'elle est sur le point de vivre si elle ne fait rien. Je ne connais rien de ce Robin, je ferais mes recherches plus tard. Je le catalogue néanmoins parmi les pervers qui, sous prétexte qu'ils ont de l'argent, peuvent tout se permettre, tout acheter. Y compris les femmes. Quand Mia m'explique pourquoi il l'a choisi elle spécifiquement, je suis prise de frissons. Ma petite soeur est sur le point de gâcher sa vie et elle ne voit rien ! "Oui, une femme docile en clair. Une femme qui dira oui à tous ses caprices. Et si un jour tu refuses, il utilisera son argent pour menacer ceux que tu aimes, pour toujours avoir une poigne sur toi. Tu as conscience de ça ?" Je n'ai pas envie de lui faire peur inutilement mais j'ai bien l'impression qu'elle s'est enfermée dans une bulle totalement irréaliste. Il suffit que Robin soit un minimum séduisant pour qu'elle tombe dans le panneau. Il semble être un parfait manipulateur. "Pour l'instant Mia ! Mais qui te dit que ça va durer ? Il essaye de te faire accepter cette situation. Que tu ne voies aucun mal à épouser un homme que tu n'aimes pas juste parce qu'il t'a acheté et offert de belles choses. Il se montre gentil et prévenant pour que tu te sentes en sécurité." Et j'aurais adoré qu'un homme fasse cela pour elle mais de façon différente ! En l'invitant à sortir pour commencer, pas en lui imposant de vivre avec lui d'un coup ! Je vois que ça la pèse quand même cette situation, puisqu'elle a peur que ça divise notre famille. Le seul responsable c'est notre père et je lui en veux pour ça. Je suis incapable de promettre à ma soeur que je vais lui pardonner rapidement. Pas tant qu'elle ne sera pas à l'abri de son geôlier. Je lui propose donc de partir avec moi. De se cacher dans mon appartement le temps qu'on trouve une solution. C'est risqué bien sûr mais je ferais tout pour la protéger, elle le sait très bien. Quand elle secoue vivement la tête, je comprends qu'elle va refuser. Il a déjà une sacrée main mise sur elle. Plus que je ne le pensais. "Mais enfin Mia ! C'est ta vie, pas celle de papa qui est en jeu ! C'est lui qui a fait une erreur, il doit en assumer les conséquences." Je comprends néanmoins son point de vue. Elle veut juste que tout se passe bien pour tout le monde. Elle a toujours été comme ça, Mia. Vouloir arrondir les angles et rendre le monde heureux. Elle pose ses mains sur mes joues et tente une nouvelle fois de me rassurer. Je ferme les yeux dans un soupir contrit. "Tu me demandes d'accepter l'inacceptable Mia. Je m'en voudrais toujours de ne pas t'avoir sauver. Tout ça.. c'est intolérable pour moi." Je lui murmure tendrement mon ressenti. Je n'ai aucune envie de l'engueuler pour ce qu'elle est. Je l'aime comme ça, j'ai juste peur que la belle étincelle qui l'anime ne soit vite éteinte par la noirceur de ce monde.
Amy s’inquiète pour toi et tu ne peux pas le lui reprocher. A sa place tu serais dans le même état, voire pire. Parce que tu as toujours été du genre anxieuse, à t’inquiéter pour les autres, pour ta famille surtout. Et ça te fait beaucoup de peine qu’elle soit dans cet état. Parce que tu as l’impression que c’est toi la fautive. Alors qu’à la base, tu n’as rien demandé toi. Tu as fait ce qu’on t’a dit de faire, voilà tout. Mais ça fait quelques jours maintenant que tu es partie du cocon familial et ça se passe plutôt bien, bien mieux que ce que tu aurais imaginé. Bien entendu, tu vas éviter de dire à Amy comme tu as pleuré les jours qui ont précédé ton départ, ainsi que la première nuit passée chez Robin. Tu as versé toutes les larmes de ton corps parce que tu en voulais à ton père, tu pensais ne pas avoir d’importance à ses yeux, sinon pourquoi t’aurait-il vendue ? Tu as pleuré parce que tu pensais que tu allais vivre un vrai calvaire avec Robin. Mais même s’il n’est pas l’homme le plus drôle du monde, tu dois admettre qu’il est gentil avec toi. Amy pense qu’il te manipule. Et elle parvient à te faire douter un petit peu. Peut-être que oui. Mais s’il avait voulu te manipuler il aurait très bien pu jouer avec tes sentiments, avec tes rêves de jeune fille qui ne pense qu’au grand amour. Pourtant Robin a été clair là-dessus, il n’y aura pas d’amour entre vous. L’amour, il ne connait pas. Mais ça aussi tu ne peux pas le dire à Amy, parce que ça va la rendre folle.
Tu baisses la tête, l’air coupable. Tu ne sais même plus quoi lui dire pour la rassurer parce qu’elle commence à te faire sérieusement douter. Tu ne peux pas lui affirmer qu’elle se trompe et que Robin ne ferait jamais une chose pareille. Tu ne peux pas parce que tu ne peux pas en être sûre toi-même. Il t’a bien achetée après tout, il peut très bien aussi se montrer dangereux, tu n’en sais rien du tout. Même si tu as beaucoup de mal à l’imaginer ainsi. C’est qu’il est quand même assez attentif à toi, à ce que tu aimes. « Je te promets que si ça se passe mal, que s’il se montre menaçant ou si je ne me sens pas en sécurité, je t’appellerai. Tu seras la première que j’appellerai Amy. » C’est tout ce que tu peux lui promettre, au moins tu sais que cette promesse tu pourras la tenir. Tu ne peux pas lui promettre que tu seras heureuse comme ça, parce que toi tu ne le penses pas, bien sûr que tu seras malheureuse, mais tu ne veux pas que ta famille en souffre. Tu essayes de prendre la défense de ton père, parce que tu ne veux pas voir ta famille se déchirer, ça tu ne le supporterais pas. Tu veux que tout reste comme avant, que vous soyez toujours aussi proches les uns des autres. « S’il te plait Amy, ne lui en veut pas. Il s’en veut déjà beaucoup, maman lui en veut aussi. Je pense que quand il a fait ce marché, il ne se rendait pas vraiment compte que ça allait vraiment se faire un jour. Je pense qu’il espérait que ça ne se fasse pas… » Tu essayes d’être la plus réconfortante possible, tes mains sur ses joues, tu colles ton front au sien en souriant. « Amy, je te promets que je ne ferai jamais rien que je n’ai pas envie de faire. S’il y a le moindre problème, je m’enferme dans une pièce, je t’appelle et tu viens me chercher. Il m’arrivera rien, c’est promis. » Et sur ces mots, tu la serres fort dans tes bras. Pourvu qu’il ne t’arrive rien… Tu l’espères de tout cœur même si tu n’en es pas encore totalement sûre.
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