Retrouver son équilibre mentale et reprendre sa vie en main. Depuis plusieurs semaines, Rose faisait tout pour obliger ce qui s’était passé avec Robin. Elle avait besoin de se retrouver toute seule même si elle avait trouver agréable de faire ce petit week-end avec Mila lui avait fait du bien. Elle n’avait pas revu Joachim non plus même si l’envie ne lui avait pas manquer. Mais elle ne voulait pas lui forcer la main et surtout, c’était elle qui lui avait donné son numéro et non l’inverse. Elle s’était fait une raison. Après tout, ce n’était pas parce qu’elle avait passé un bon moment que c’était forcément le cas pour lui aussi... La vétérinaire avait beaucoup parler d’elle et peut-être que ça lui avait fait peur ? Non mais il lui aurait fait sentir non ? Et puis, Rose se doutait qu’il y avait sans doute quelqu’un dans sa vie parce que sinon, il aurait sans doute donner de ses nouvelles plus rapidement ? Pourquoi est-ce qu’elle en faisait toute une histoire au fond ? Il fallait déjà qu’elle se remette sur pied toute seule et ensuite, les histoires d’amour, c’était pour une autre fois. Ce n’était pas urgent.

Ce jour-là, Rose se regardait dans la glace qui se trouvait dans l’entrée de sa maison. Elle se prépara à aller au travail une fois de plus. La journée promettait d’être longue. Depuis quelques jours, elle avait pu reprendre les interventions les plus faciles. Ses collègues voyaient les grands efforts qu’elle faisait pour reprendre sa place dans leur équipe et même s’ils la vannaient un peu, ils étaient bien contents qu’elle soit là. Ils savaient tous les moments par lesquels elle était passé et même s’ils se moquaient, ils n’auraient sans doute pas supporter la moitié de ce qu’elle avait supporté. Mine de rien, elle avait une force de caractère Rose, même si elle était persuadée du contraire. Elle allait remonter la pente. Encore une fois.

Une fois sortie de chez elle, Rose se dirigea vers la clinique qui se trouvait dans le Downtown de la ville. C’était un peu éloigné de chez elle, mais ce n’était plus un soucis maintenant que Robin lui avait donner une nouvelle voiture pour avoir fait exploser la sienne, Rose pouvait faire les trajets sans soucis. Elle monta donc dans sa voiture et fit le trajet qui la sépara de chez elle à son lieu de travail tout en chantant à tue-être dans sa voiture. La plupart des gens qui la regardaient se demandaient si elle n’était pas folle dans cette voiture, mais ce n’était pas grave. Elle retrouvait un peu sa joie de vivre et cela n’avait pas de prix. Une fois garée sur le parking de la clinique, elle prit une grande inspiration et se prépara à une longue journée.

Les heures passèrent avec tant de vitesse que Rose n’eut à peine le temps de manger à midi et de se poser un peu l’après midi. L’heure de quitter la clinique arriva et l’un de ses collègues lui demanda si elle voulait se joindre à eux pour prendre un verre dans un bar à quelques mètres de la clinique. Si Rose n’avait pas été dans un bon état, elle aurait sans doute refuser. Elle ne buvait plus d’alcool depuis qu’elle avait stopper les drogues, mais elle accepta tout de même l’invitation. Elle pourrait toujours prendre un coca ou une limonade. Elle se changea et attendit que tous les autres soient près pour les suivre. Mila avait raison : il fallait qu’elle reprenne sa vie en main et des petites sorties comme celle-ci était la première des choses à faire.

Rose ne savait pas vraiment comment se comporter avec ses collègues, mais finalement, c’était comme si elle était avec Mila : La discussion se fit naturellement et si la plupart avait des vies de famille bien rempli, ils n’hésitaient pas à inclure Rose dans la conversation. Et elle leur en était reconnaissant. Le verre se transforma en restaurant pour le repas. La jeune femme avait tellement faim qu’elle ne se fit pas prier. Finalement, la soirée était bien avancé lorsqu’elle décida de rentrer chez elle. Elle remerçia tous ses collègues avant d’aller payer son addition et de sortir du restaurant. La fraicheur de la nuit la frappa de plein fouet, mais ce n’était pas grave, elle appréciait. Elle chercha dans son sac son téléphone pour regarder l’heure et percuta quelqu’un qui arrivait en sens inverse. Légèrement destabilisé, Rose se rattrapa comme elle put. Confuse, elle releva les yeux en s’excusant :

«Je suis désolée.! Je ne vous avais pas vu... Est-ce que ça va ? «

Lorsqu’elle vit la personne qui se trouvait devant elle, Rose se figea. Il y avait des mois, des années qu’elle ne l’avait pas vu... Sa cicatrice au niveau de sa cuisse droite semlbait même la picoter comme pour lui rappeler un lointain souvenir...

«Qu’est-ce que tu fais ici Ashton ?»

Ce fut sa première question. Même pas un comment ça va, non. Rose semblait prendre un air droit et distant. Les Hartwood, surtout les mecs, elle en avait assez. S’il était là, la  suite allait sans doute être moins drole et tout le bénéfice de sa soirée avec ses collègues allait partir...

Ash était en ville. Il errait plus ou moins sans but après être sortit d’une boutique informatique dans laquelle il avait récupéré une pièce qu’il avait commandé il y avait déjà presque deux semaines. Ça ne pressait pas assez pour qu’il tente de se la procurer sur un marché parallèle mais suffisamment pour qu’il appelle le revendeur de la boutique il y avait deux jours histoire de lui mettre un petit coup de pression quoi. Bref, tout ça pour dire que maintenant il avait sa fameuse pièce et qu’il marchait sans objectif précis, se dégourdissant les jambes puisqu’il ne sortait pas si souvent finalement. La foule des gens qu’il croisait était très hétéroclite, n’attirant que peu son attention comme il devait peu attirer la leur. Peut-être qu’un duo de deux jeunes filles s’était retourné… Et peut-être même qu’il avait eu le droit au clin d’œil aguicheur de l’une d’elle… Mais Ashton avait ses phases, son désire et son plaisir était clairement sur un autre plan d’existence… Alors renoncer à ces jolis minois pleins de promesse n’avait pas été particulièrement compliqué en soi.

La raison pour laquelle il s’arrête devant une galerie lui est étrangère. Pourtant c’est bien ce qu’il fait. A cette heure l’endroit était fermé mais depuis la grande baie vitrée on pouvait deviner l’intérieur et quelques œuvres qu’une lumière publicitaire éclairait. Eclairait mal d’ailleurs. Ash en venait à se demander si les artistes dont il voyait les quelques œuvres étaient privilégiés parce qu’on pouvait admirer leurs créations plus longuement après les heures de fermeture ou au contraire pris à rebrousse poils et moqués en exposant leurs œuvres dans l’éclairage sale d’un néon en face.

L’art n’était pas quelque chose qui lui parlait et en même temps, il était parfois dans ces phases d’obsession vis-à-vis d’elle. Les grands artistes y jetaient leurs âmes, souvent torturés… Et essayer de les deviner, de les lire et ressentir, ça avait toujours été quelque chose qui avait intéressé Ash. Lui il était une toile vierge. Même pas un « carré blanc sur fond blanc ». Il n’était que la toile, comme si Dieu lui-même (à moins que ce ne soient ses parents) n’avait rien trouvé à peindre dessus. Avaient-ils épuisé le stock de leurs émotions les plus intenses après avoir fait tant d’enfant, au point qu’il ne reste plus rien pour lui ?

Bref, peu importait. Au final Ash se détourne, fait quelques pas… Mais il voit la femme qui arrive en sens inverse bien trop tardivement pour que la collision soit évitable. Ou alors peut-être qu’elle aurait pu l’être mais qu’il n’avait même pas spécialement envisagé de l’empêcher… Allez savoir avec Ash.

La blessure sur sa hanche, vestige d’une mauvaise soirée passé en pas si mauvaise compagnie se réveille un peu sous le choc et Ashton, sans y porter la main pour autant, grogne un peu pour faire passer le petit pic de douleur. Quant à celle qui l’a percuté et qui s’excuse déjà en enfonçant quelques portes ouvertes, Ashton la reconnait. Evidemment. Ils s’étaient connus de bien des façons. Rose. Elle avait nourri un certain nombre de ses obsessions elle aussi. Elle avait été la « petite camarade » des aînés Hartwood avant d’être la sienne. Une poupée si facile à briser à une époque pour peu qu’on puisse lui offrir de quoi nourrir ses vices…

« Ça va. »

Il ne lui renvoie pas la question. Aurait-il dû ? En tout cas, un sourire un brin moqueur ourle brièvement ses lèvres tandis qu’elle lui demande « ce qu’il fait ici ».

« Tu veux dire : en centre ville ? »

Et de souligner, si la jolie jeune femme se faisait quelques illusions sur les raisons de sa présence :

« C’est toi qui m’as percuté. »

Et ça tient à pas grand-chose pour qu’il n’ajoute pas qu’à une époque, c’était lui qui la percutait elle ! En tout cas, il fait remarquer, comme une menace qui n’en était pourtant pas une :

« C’est dangereux de se balader seule la nuit. »

Avec sa dégaine de rugbyman face à sa silhouette chétive et leur passif, n’importe qui aurait sans doute flippé un peu à la place de Rose mais Ash était incapable de s’en rendre compte. Ça n’avait même pas été son intention, sans quoi il aurait sûrement été moins subtile. Rose savait bien trop de quoi il était capable pour avoir besoin de subtilité. Enfin… Son cerveau vicié et malade avait dû zapper bien des choses, malheureusement pour elle. A moins que ce ne soit « heureusement » d’ailleurs… ?

La soirée avec ses collègues avaient été une bouffée d’air frais pour Rose. Mila avait raison, elle devait sortir un peu plus souvent. Pas seulement pour essayer de trouver l’amour - ce n’était clairement pas dans ses plans actuellement - mais surtout pour faire de nouvelles rencontres et prendre du temps pour elle. Rose était contente d’avoir accepter de prendre ce verre avec eux et surtout, elle aviat passé un bon moment, ce qu’elle ne pensait pas possible. Il fallait qu’elle reprendre confiance en elle et rapidement parce que c’était vraiment un soucis. Pour l’instant, elle profitait des biens faits de cette soirée.

Cependant, comme toujours, Rose avait toujours droit à un retour de baton lorsqu’elle passa une belle soirée. Alors qu’elle cherchait son téléphone au fond de son sac pour regarder l’heure, elle percuta quelqu’un de plein fouet. Elle était confuse parce qu’elle faisait toujours attention et surtout, elle sentit un peu la peur monté en elle parce que c’était le soir, Chicago n’était pas certain et elle pouvait tomber sur n’importe qui... Et elle venait de percuter quelqu’un et pas n’importe qui. Après avoir demander s’il allait bien, la vétérinaire vit qu’elle venait de tomber face à face à... Ashton.

Plein de souvenirs remontèrent dans l’esprit de Rose. La première fois qu’elle l’avait vu, la première fois qu’elle s’était donnée à lui, la première fois qu’elle l’avait laissé dépasser ses limites... La fois où elle s’était réveillée à l’hopital sans vraiment comprendre ce qui s’était passé... Sa cuisse droite lui rappellait parfois le prix à payer. Elle était presque certaine que c’était Ashton qui l’avait fait, mais elle n’avait pas de preuve puisqu’elle ne se souvenait de rien. La voix du plus jeune des Hartwood lui dit alors que ça allait. Elle tiqua lorsqu’il lui répondit que ça allait, mais qu’il ne lui revoyait pas la question. Après tout, est-ce qu’elle devait être surprise ? Puis, presque par habitude, elle demande ce qu’il fait ici. Son arrogance la frappa d’un coup lorsqu’il lui répondit et surtout qu’il rajouta que c’était elle qui l’avait percuté. Rose croisa les bras contre sa poitrine et fronça les sourcils. Elle ne répondit même pas. Il rajouta alors qu’il était dangereux de se promener toute seule la nuit.

«Avant de te rencontrer, je ne craignais rien.»

Bien sûr, elle n’allait pas lui dire qu’elle se dépêchait de retourner à sa voiture pour rentrer chez elle.

«Je retournais justement à ma voiture avant de te percuter. Si tu permets...»

Mais elle ne bougea pas vraiment. Parce qu’elle était curieuse de savoir ce qu’il était devenu. Si elle avait revu Elijah, Robin et Mila, elle n’avait pas revu le plus jeune des Hartwood. Elle n’était pas passé chez Madame Hartwood depuis un moment donc elle n’avait pas vu Ashton. Qu’est-ce qui devenait ? Qu’est-ce qui faisait de sa vie ? Autant qu’elle le sache, il était toujours chez sa mère... La jeune femme frissonna doucement avant de dire :

«Je ne peux pas dire que ce soit un plaisir de te voir Ash... mais je dois rentrer chez moi...»

Pourquoi sa voix tremblait maintenant ? Peut-être parce qu’elle se sentait en danger ? Parce qu’elle savait ce qu’il pouvait faire ? Elle jeta un coup d’oeil vers le restaurant où ses collègues étaient toujours. Est-ce qu’elle aurait le temps de retourner vers eux pour demander à ce que l’un d’entre eux l’accompagne jusqu’à sa voiture qui était sur le parking de la clinique quelques mètres plus loin ? Elle ressera son manteau contre elle, son sac aussi. Rose fit un pas en arrière.

«Je devrais... peut-être rentrer.»

La peur qu’elle avait quelques minutes plus tôt se transforma en une angoisse qu’elle avait connu lors des dernières mois où elle était entre les bras d’Ashton. Pourquoi tout cela remontait maintenant ?

Elle est audacieuse de lui assurer qu’elle ne craignait rien avant leur rencontre. Mais parlait-elle d’aujourd’hui ou de leur toute première rencontre ? Difficile à dire. Dans un cas comme dans l’autre, il y avait pire qui lui pour rôder dans les rues de Chicago. Certes il était à l’image du grand méchant loup mais il était encore de ceux qui préviennent avant de mordre. Une sorte de code de la moralité hérité de son père et de leurs conversations à cœur ouvert à propos de ses « problèmes » dont l’homme de justice pensait pouvoir le défaire.

Quant à « lui permettre », Ash ne bouge pas d’un cil. Elle pourrait le contourner, poursuivre son chemin. Mais la voilà pétrifiée devant lui, la jolie Rose, sans réelle envie de partir semble-t-il et il esquisse un petit sourire suffisant. A une époque, ses obsessions sur Rose avaient été déçue lorsqu’elle avait décidé qu’elle allait passer de lavette de fond de ruisseau à « être humain à nouveau ». Le pire c’est que ce n’était pas son état de perdition qui lui avait le plus plu. Leurs jeux lui avaient plu ça… Mais si elle avait pu éviter de s’intoxiquer, ça ne l’aurait rendu que meilleur à son avis.

« Ha, ça me fait beaucoup de peine de t’entendre dire ça. »

Sans faire beaucoup d’efforts pour feindre d’en avoir réellement. De toute façon Rose elle-même ne cachait pas le déplaisir qu’elle avait à croiser son chemin, il ne voyait pas pourquoi il ferait davantage semblant qu’elle-même !

Ceci étant dit alors que pour la troisième en quelques phrase elle parler de s’en aller ou de « peut-être s’en aller », Ashton lève les yeux au ciel avant de les reposer sur elle.

« Tu as remarqué que personne ne te retient j’espère ? »

Parce qu’il n’avait toujours pas bougé. Même pas amorcé le moindre mouvement vers elle. Et de toute façon, il ne comptait pas la violenter en public si c’était ce qu’elle craignait. Il était capable de bien des choses mais il tenait à son « image de marque » en quelque sorte. Il l’avait beaucoup travaillé, on lui donnait le bon dieu sans confession la plupart du temps. Il était « le mec bien sous tous rapports ». De fait, s’il avait tenté de la retenir et qu’elle avait hurlé ou dieu sait quoi, il l’aurait simplement relâché dans la foulée. Mais il ne s’y risquerait pas.

« Alors ? Tu es redevenue un être humain ? »

C’était sans doute un peu méchant mais ce n’était pas tant le but. Un peu pour la piquer peut-être… mais une façon comme une autre de lui dire qu’il voyait le changement chez elle depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Ça se voyait à ses traits comme à son attitude toute entière que Rose s’était séparée pour de bons de certaines mauvaises habitudes.

« Tu sors du restaurant ? »

Il l’avait vu jeter un regard à l’intérieur.

« Rendez-vous galant ? »

Il n’était pas si intéressé mais puisqu’elle semblait incapable de partir, comme elle l’avait tant de fois dit, autant faire un brin de conversation… D’ailleurs finalement, en en revenant à la galerie d’art vers laquelle il se tourne à nouveau entièrement :

« Je regardais la galerie. Ou ce qu’on en voit. »

Et sortant de sa poche un petit composant électronique bien emballé :

« J’étais venu faire une course dans le coin. »

Si jamais son cerveau, anciennement malade parce que drogué, avait besoin de se rassurer sur le fait qu’il n’était absolument pas là pour elle.

Pourquoi est-ce qu’elle ne repartait pas directement à sa voiture ? Rose était comme figée devant Ashton alors qu’elle n’avait rien à craindre n’est-ce pas ? Mais peut-être que si, elle avait quelque chose à craindre. Elle n’avait pas revu le plus jeune des Hartwood depuis des années, c’était déjà un miracle de ne pas l’avoir croiser pendant ces dix dernières années... Peut-être parce qu’il restait enfermé chez lui en permanance et parce que Rose était toujours à son boulot ? Elle ne savait pas la raison, mais elle savait une chose : Elle se portait mieux lorsqu’elle ne le voyait pas. Même sa petite altercation avec Robin ne semblait pas être plus importante... Pourtant, elle avait replonger dans les méandres de la drogue à cause de lui, mais seulement quelques temps. Ce n’était pas aussi important que lorsqu’elle était aux cotés de Ashton et de ses perversations... Le petit sourire du plus jeune des Hartwood la bloqua encore plus. Il n’avait pas changé, elle pouvait presque en être sur. Il ouvrit la bouche pour lui dire que ça lui faisait beaucoup de peine ce qu’elle venait de lui dire. Elle prit son courage à deux mains et lui dit :

«Ne me fais pas croire qu’après toutes ces années, tu as développé des sentiments pour les gens autour de toi. Tu ne penses qu’à toi.»

Elle n’avait pas tremblé lorsqu’elle lui sortit cette phrase. C’était la simple vérité. Parfois lorsqu’elle était toute seule, elle se demandait comment elle avait pu supporter toutes les choses qu’il avait fait sur elle pendant tant d’années... Pourtant, elle aurait pu partir... mais est-ce qu’il ne la retenait pas avec son poison ? A l’époque, Rose aurait tout donner pour avoir une dose... Les paroles d’Ashton lui parvenaient et la sortèrent de ses pensées. Personne ne la retenait. Effectivement. Elle jeta un coup d’oeil vers le restaurant. Ses collègues étaient toujours là, peut-être qu’ils pourraient venir ? Mais avant qu’elle n’est eu l’idée d’aller les rejoindre de nouveau, Ashton lui demanda si elle était redevenue humaine. Elle tourna la tête vers lui. Bien sûr, il l’avait vu au plus bas, il ne l’avait pas aidé à remontrer la pente non plus. De toute façon, comme elle l’avait dit plus tôt, Ashton Hartwood ne pensait qu’à sa tête.

«Sans doute pas grâce à toi...»

Elle frisonna. Elle sentait qu’elle jouait avec le feu, mais au fond d’elle, c’était comme si elle avait besoin de ça pour se sentir un peu plus vivante. Ashton n’était sans doute pas au courant qu’elle avait replongé dernièrement. Si son visage avait retrouvé plus ou moins ses traits d’avant, Rose n’était pas non plus redevenue totalement elle même. Parfois, elle avait cette envie de replonger parce qu’elle avait eu une journée difficile ou parce qu’elle pensait à toutes les erreurs qu’elle avait fait depuis qu’elle avait reprit contacte avec les Hartwood... Oui, elle n’était pas totalement elle, mais ça allait revenir. Mila l’aidait un peu et ses collègues l’aidaient aussi. Ashton lui demanda si elle sortait du restaurant avant de rajouter si c’était un rendez vous galant.

«Je ne crois pas que cela te regarde.»

Elle reserra son sac contre elle et elle l’entendit lui dire qu’il avait regardé la galerie, ce qu’on en voyait de la rue. Rose haussa doucement les sourcils. Depuis quand Ashton s’interessait-il à l’art ? Elle n’avait pas souvenir de ça... Il rajouta qu’il était aussi venu faire une course en lui montrant un composant électronique. Ça c’était plus Ashton.

«Oh d’accord... bon je vais y aller... Je ne peux pas dire que c’était un plaisir de te voir Ashton... Ce n’est plus un plaisir de voir les garçons Hartwood ces derniers temps.»

Pourquoi avait-elle lancé ça ? Elle se maudit intérieurement avant de contourner le jeune homme pour se diriger vers la clinique qui se trouvait quelques mètres plus loin. Elle chercha ses clés de voiture en même temps pour gagner du temps, mais fit tomber son sac au sol dans la précipitation.

«Merde.»

Elle s’accroupit pour ramasser ce qui était tombé, remit le tout pêle mêle avant de reprendre sa route sans se préocuper d’Ashton. Non, vraiment les garçons Hartwood n’étaient plus les bienvenue dans sa vie...

Ashton ne répond pas tout de suite à Rose. C’était étonnant comme attitude de la part de la jeune femme non ? Peut-être pas. Peut-être que son agressivité était normale ou logique. Mais il y avait de la peur chez elle aussi. Ash pouvait la reconnaitre au fond de ses jolis yeux. Et il lui semblait que se montrer agressive était en désaccord profond avec son désire de se faire toute petite. On ne provoque pas ce qui nous fait peur, n’est-ce pas ?

« Pourquoi est-ce que tu es aussi agressive ? C’est toi qui cherches la confrontation. »

Quant à être redevenue un être humain, il esquisse un nouveau petit sourire avant de hausser brièvement les épaules. Non, c’était vrai : il n’avait rien fait pour l’aider à s’en sortir. Il avait même alimenté ses vices en réalité. De là à dire qu’il en éprouvait la moindre culpabilité… Pas du tout. D’ailleurs, s’il répondait avec passivité à l’agressivité mal contenue de Rose, c’était aussi parce qu’il n’y avait aucun challenge à se battre contre elle…

« Tu dis ça comme si je t’avais initié. Ou comme si c’était de ma faute. »

Mais de rappeler :

« Pourtant je ne t’ai pas forcé à te droguer. Je ne t’ai pas forcé à jouer non plus. »

Il avait profité de la situation en revanche et à ce niveau là précisément il ne cherchait pas à se défendre. Mais Ash n’éprouvait pas assez de compassion pour ce qu’elle avait traversé ni assez d’admiration pour la force avec laquelle elle s’en était sortit pour ne pas lui remettre le nez sur ses propres travers.

« C’était toi l’artisan de ton propre malheur. On ne vous apprend pas ça en cure ? A arrêter de mettre sur le dos des autres vos propres errances ? »

Il lui semblait pourtant que ça faisait partit du programme d’abstinence. Visiblement, Rose préférait encore l’accuser lui de tous les maux plutôt que d’encaisser le fait qu’elle l’avait laissé faire en victime plus que consentante. D’ailleurs, malgré sa propre colère lorsqu’elle avait voulu cesser, malgré son agacement, lui avait-il alors forcé la main ? Il avait plutôt déprimé de son côté un bon coup avant de se reprendre en main. Être un sociopathe avait certainement aidé, c’est sûr…

Quant aux raisons de la jeune femme d’être dans le coin ou dans ce restaurant en particulier, il hausse les épaules. La voilà qui répète pour la énième fois en quelques minutes que ça n’avait pas été un plaisir de le voir et Ash retient un petit soupire d’agacement malgré tout. Elle s’entêtait dans son attitude hostile. Il méritait sa peur et sa colère mais qu’elle s’en aille au lieu de lui dire qu’elle n’appréciait pas le voir toutes les trois minutes !

Il n’esquisse pas le moindre geste pour la retenir, les yeux toujours posés sur la galerie. Et à propos de Robin :

« Je n’ai pas spécialement envie de t’entendre critiquer mon frère. »

Ash était peut-être bien curieux mais si Rose faisait avec Robin comme avec lui, rejetant toutes les fautes sur ce dernier, ça n’allait pas spécialement lui plaire. La famille c’était quelque chose de presque sacré pour Ash. C’était l’héritage laissé par son père comme une trace indélébile sur son âme pour peu qu’il en ait une.

Rose le contourne… Echappe son sac… Ashton a un vague regard pour elle sans chercher à amorcer le moindre geste pour l’aider. En d’autres circonstances il l’aurait peut-être fait mais il y avait des limites à la sympathie, même lorsqu’on se contentait de la feindre. Et puis finalement, une fois son sac et ses possessions à la main, Rose se relève pour partir.

« Rose. »

Et sur un ton un brin méprisant il intervient tout de même, avant qu’elle ne soit complètement partit :

« Tu oublies ta pièce d’identité. »

La petite carte avait glissé sur le sol comme une surfeur sur une vague, manquant de tomber dans le caniveau. Quoi que ça aurait put être la place de Rose finalement à une époque, non… ?

Rose était agressive, elle le savait, mais c’était plus fort qu’elle. Elle ne pouvait pas rester là, sans rien faire, sans rien dire. Enfin, elle disait certaine chose et sans doute qu’il pourrait les retourner contre elle, mais tout ce qu’elle avait envie maintenant, c’était de partir et rentrer chez elle. Ashton lui demanda d’ailleurs pourquoi elle était aussi agressive et surtout, il affirma que c’était elle qui cherchait la confontration. Le visage de la jeune femme rougit légèrement, mais avec la nuit qui était tombée, Ashton ne devait pas l’avoir remarquer. La colère montait en elle, mais elle ne voulait pas lui donner raison. De toute façon, cela ne servait à rien. Il continua en lui disant qu’elle disait ça comme si c’était lui qui l’avait entrainer, comme si c’était de sa faute tout en rajoutant qu’il ne l’avait jamais forcé à se droguer ou même à jouer. Rose serra les poings contre ses jambes et dit d’une voix sifflante :

«Oh non ce n’est pas de ta faute... mais si tu étais un peu plus humain, tu m’aurais aider à remontrer la pente, en tant qu’ami... mais est-ce que tu l’as déjà été ? Ca c’est une autre question.»

Rose commençait à perdre pied dans cette conversation, elle le savait. Mais elle ne voulait pas qu’Ashton pense qu’il avait le dessus même si c’était quand même le cas. La vétérinaire n’avait jamais rien refuser au plus jeune des Hartwood. Par peur ? Sans doute. Elle n’avait jamais eu assez de courage pour se sortir de ses griffes...

«J’ai dis oui à tes petits jeux... mais je n’ai pas dis oui à être marquer à vie...»

Sa main droite toucha malgré elle sa cuisse droite, vestige d’une blessure qu’elle savait que c’était Ashton qui lui avait fait... mais elle n’avait eu aucun souvenir. Elle se souvenait juste de son réveil à l’hopital, ses parents à ses cotés... C’était juste avant leur accident... Secouant la tête, la jeune femme décida de partir, disant qu’elle avait assez à faire avec les frères Hartwood. Ashton n’avait pas spécialement envie de l’entendre critiquer son frère. Rose eut un petit rire mauvais.

«Oh bien sûr... Il est si parfait...»

Avec ironie, elle contourna Ashton et se dépêcha. En sortant ses clés de voiture, son sac tombe au sol. Se maudissant, elle ramasse tout ce qui se trouve à sa portée et alla partir lorque la voix d’Ashton se fasse entendre. Rose se raidit lorsqu’il prononça son prénom. Elle se retourna vers lui et vit sa carte d’identité un peu plus loin. Elle se dépêcha d’aller la ramasser. Elle avait faillit tomber dans le caniveau. Des mots lointains, une voix lointaine refirent surface. Elle entendait quelqu’un lui dire qu’elle aurait du finir dans un caniveau... C’était si lointain. Sans doute qu’elle avait entendu ça au moment où elle était au plus mal. Peut-être sa mère l’avait-elle dit ? Plus d’une fois elle avait retrouvé sa fille dans un état déplorable dans sa chambre... Plus d’une fois, elle lui avait dit qu’elle n’allait pas survivre. Pourtant, a trente ans, elle était toujours là et eux ne l’étaient plus. Des larmes perlèrent doucement au coin des yeux de la jeune femme avant qu’elle ne les efface et dise :

«Merci. Bon... au revoir.»

Elle ne demanda pas son reste, elle avait réussi à prendre ses clés. Elle se dirigea vers le parking de la clinique quelques mètres plus loin, ouvrit sa voiture et monta à l’intérieur avant de s’enfermer. Elle pressa ses mains contre ses yeux pour reprendre un peu de souffle. Peut-être aurait-elle du retourner dans le resto pour demander à l’un de ses collègues de venir avec elle ?