Les quelques jours promis s’étaient transformés en de longues semaines d’attente interminable. Ethan avait promis à la poupée d’aller voir Robin pour s’occuper de son changement de poste si ce dernier acceptait et le temps commençait vraiment à se faire long. Parfois, dans les soirs les plus démoralisants, la brune se mettait même à penser qu’il avait changé d’avis et ne voulait plus le faire. Plus être avec elle. Pourtant à chaque soir qu’elle le voyait, ce dernier parvenait presque toujours à trouver quelques secondes pour pouvoir lui donner un baiser, ce n’était peut-être pas grand chose mais c’était assez pour remonter le moral de la brune, bien qu’elle commençait à trouver le temps long. Les jours passaient, la rapprochant un peu plus de la date fatidique et elle était toujours dans l’inconnu le plus total au sujet de son avenir. Et de celui de son couple.
Ce matin pourtant, le fameux message qu’elle avait si longtemps attendu était arrivé. Ethan lui demandait de passer au garage car il avait enfin vu Robin. La poupée ne pouvait s’empêcher de penser que ce n’était pas trop tôt. En vérité, elle était aussi très stressée. Rien dans le message ne laissait présager qu’il pouvait lui donner une bonne nouvelle. Rien n’indiquait non plus une mauvaise. Il fallait qu’elle tente de ne pas se monter la tête durant tout le chemin qui la mènerait au garage d’Ethan, lieu qu’il avait choisi pour la voir. C’était parfait pour qu’ils puissent se rencontrer sans éveiller le moindre soupçon. La poupée ne prit que quelques minutes à se préparer, enfilant simplement un jean, un petit croc-top noir et ses baskets blanches. En dehors du travail, elle s’habillait assez simplement.
Elle avait légèrement eut du mal à trouver le garage d’Ethan vu que c’était la première fois mais fini par enfin trouver son chemin. La brune avait tout fait pour ne pas s’inquiéter durant le trajet, espérant sincèrement que les nouvelles qu’allait lui donner son garde du corps seraient bonnes. Si Robin n’acceptait pas cette proposition, alors elle serait foutue. Sans compter sa relation avec Ethan. Non, il fallait vraiment que ça se soit bien passé. Prenant son courage à deux mains pour affronter la réponse fatidique, la blonde entra dans le garage, cherchant des yeux Ethan. Lorsqu’elle posa ses yeux sur lui, elle eut un petit sourire amusé. Il était dos à elle et ne l’avait pas vu arrivé. C’était étrange de le voir dans un autre contexte qu’au travail. Elle était pas habituée à le voir dans sans son costume déjà et s’il se retournait elle était certaine qu’il n’aurait pas un air aussi concentré que lorsqu’il s’occupait de la protection de sa poupée préférée. Se glissant le plus silencieusement possible derrière lui, la brune alla caler ses mains sur les yeux du blond, l’attaquant par surprise. « Devine qui c’est ! » Lui souffla t-elle à l’oreille rapidement, espérant quand même qu’il n’allait pas la mettre à terre en pensant que c’était une réelle attaque. En y réfléchissant bien, c’était sans doute pas la meilleure technique d’approche avec un garde du corps parfaitement entraîné.
Pour Ethan, la rencontre avec Robin s’était passé... bizarrement. En fait, le patron était d’accord pour leur accord, mais il fallait attendre deux semaines et demi, que Sarah ait trente ans et surtout, qu’ils ne fassent pas perdre de l’argent au gang. Ok, c’était une condition raisonnable. Tenir deux semaines et demi, ce serait facile aussi... enfin plus ou moins. Cependant, il y avait bien une chose que Robin avait dit qui avait froisser Ethan : Le salaire de Sarah ne serait plus le même lorsqu’elle ne sera plus une poupée. Dans la tête du jeune homme, c’était la tempête. Il savait que Sarah se servait de son salaire pour aider sa famille... Et si elle perdait trop ? Comment allait-elle réagir ? C’est la tête pleine de questions que le jeune homme avait envoyé un message à la brune pour lui dire de passer au garage.
Contrairement à ce que pouvait penser Sarah, Ethan voulait qu’ils aient une relation stable et même si elle n’acceptait pas le travail dans le gang, il voulait qu’elle soit avec lui. Parce que clairement, depuis qu’il lui avait dit ce qu’il ressentait, il ne se sentait pas de la laisser toute seule... Il faudrait peut-être qu’il lui en parle de ça d’ailleurs... Nerveux, il s’était réfugié dans son garage pour continuer à réparer la voiture qui lui appartenait. Depuis le temps qu’il y était dessus... Il travaillait dessus depuis le début de la matinée lorsque Sarah débarqua. Contrairement à ce qu’elle croyait, il l’avait parfaitement entendu, mais il ne la regarda pas tout de suite, trop nerveux. Il entendait ses pas se rapprocher et finalement, il sentit ses mains contre ses yeux, lui bloqua momentanément le vue. Il eut un petit sourire lorsqu’elle lui demande de deviner qui s’était. Il fit semblant de réfléchir et lui dit :
«Hum, je ne sais pas... mon amante ?»
Dans un sens, c’était la vérité, elle était son amante, elle allait bientôt être sa petite amie, c’était juste une question de temps. Heureusement pour la jeune femme qu’il l’avait reconnu avant même qu’elle ne le prenne par surprise parce qu’elle aurait pu se retrouver au sol assez rapidement... Ses réflexes de garde du corps auraient pu jouer un rôle catastrophique. Il se retourna vers elle et la prit dans ses bras avant de poser un baiser sur son front. Ses employés les regardaient, mais tant pis. Ils allaient pouvoir tenir leur langue sinon ils savaient que leurs emplois étaient menacés.
Quelle joie de se dire que cette fichue attente était presque terminée. La poupée ignorait combien de temps elle pouvait encore tenir à continuer à faire son métier comme si de rien n’était. Elle avait pourtant réussi à donner le change, ne changeant rien à ses habitudes de travail et en tentant d’apporter toujours autant de satisfaction à ses clients. C’était juste un peu plus dur. Un peu plus insupportable chaque jour. Sans compter que ce n’était pas comme si Ethan était loin et ne pouvait rien entendre. Il avait réellement un sang froid à tout épreuve car si les rôles avaient été inversés, il était sûr que la poupée n’aurait pas résisté à l’envie de partir en courant, loin de la chambre.
Elle était tellement contente qu’elle aurait pu sautiller de joie mais elle se réjouissait sans doute trop vite. Elle ne savait encore rien du tout. Encore moins ce qu’avait décidé Robin. Ce dernier avait tout aussi bien pu lui refuser cette proposition et basta. Impossible pourtant de réfréner de voir son garde du corps en dehors du contexte du travail, dans un endroit où personne ne risquerait de les voir. Un petit espace de liberté. La poupée était arrivée en tentant de se faire le plus silencieuse possible et par chance, les ouvriers présents autour n’avaient rien dis à propos de sa présence. Son attitude un peu enfantine avait dû en surprendre plus d’un parmi eux mais tant pis, la brune était bien trop contente de revoir Ethan pour se soucier du regard des autres. Ses douces mains posés sur les yeux du blond, elle souriait de plus belle rien qu’en sentant son torse contre le dos d’Ethan, un contact qui lui avait énormément manqué. « Ta préférée ! » Elle plaisantait, sachant parfaitement qu’elle était la seule. La poupée n’était pas jalouse, elle faisait confiance. Parfois à tord, parfois bien trop mais elle n’apprenait jamais la leçon et quand il s’agissait d’Ethan, la foi qu’elle lui portait était sans limite. La joie de retrouver son ange gardien lui avait sorti de la tête sa préoccupation principale l’espace d’un instant. Elle l’oublia même totalement quand Ethan la prit dans ses bras, chose qui s’était faite un peu rare ces derniers temps. S’ils parvenaient parfois à échanger un bref baisers, ils n’avaient jamais vraiment le temps nécessaire pour s’enlacer tendrement. Ce simple geste lui avait manqué terriblement et la brune en profita même pour aller sa tête dans le coup du blond, humant profondément son parfum qui lui aussi, lui avait terriblement manqué. L’étreinte fut un peu trop courte à son goût, Ethan s’écartant pour aller déposer un baiser sur son front. La poupée était même un peu frustrée qu’il ne se soit pas dirigé vers ses lèvres mais elle avait senti quelques regards sur eux et comprenait rapidement que le blond ne voulait pas vraiment étaler sa vie privée en public. Pour sa part, ça lui était bien égal qu’on les voit ou non s’embrasser mais elle pouvait se douter que ce n’était pas vraiment l’image du patron qu’il souhaitait renvoyer. « Je vais beaucoup mieux depuis que je suis arrivée ici. » Elle souriait, encore, toujours plus. Elle était vraiment heureuse de le retrouver pour un peu plus que quelques secondes. De pouvoir lui parler en toute liberté sans prendre de risque. Rien que d’être à côté lui dans une tenue aussi banale plutôt que vêtue comme une poupée, ça la rendait heureuse.
Son petit moment de joie fut pourtant bien vite écourté quand le message reçu ce matin lui revint en tête et avec lui, le motif principal de sa présence dans le garage. Elle gardait pourtant le sourire et l’espoir. Avant d’être une angoissée de naissance elle était une femme positive, espérant toujours le mieux plutôt que d’imaginer le pire. « Dans ton message tu disais que tu avais vu Robin… » Elle ne pouvait pas s’empêcher plus longtemps d’en parler. Elle voulait savoir, elle en avait besoin. L’une de ses mains alla se caler dans son dos, son index et son majeur s’entremêlant pour se porter chance. Intérieurement, elle priait le ciel que les nouvelles soient bonnes mais elle tentait néanmoins de ne rien laisser paraître de son stress. Enfin, elle essayait surtout.
La présence de Sarah dans la vie d’Ethan avait quelque chose de rafraichissant. Lui qui s’était toujours débrouiller tout seul, il avait maintenant quelqu’un à s’occuper. Bien sûr, c’était le cas depuis des années, mais maintenant, c’était plus ou moins officiel. Et ce le sera un peu plus dans quelques semaines. Ethan était toujours occupé avec cette voiture, mais il avait très bien entendu les pas de la jeune femme dans le garage. Il ne s’était pas retourné car il savait que c’était elle. Elle glissa doucement ses mains devant ses yeux et elle lui demanda de deviner qui s’était. Pour plaisanté, il lui dit que c’était son amante et la jeune femme répondit que c’était même sa préférée. Il ne put s’empêcher de rigoler. Elle avait un bon sens de l’humour Sarah.
«Tu sais bien que tu es la seule.»
Depuis qu’il avait avoué ce qu’il ressentait pour la brune, Ethan n’allait pas voir ailleurs. Même lorsqu’il ne lui avait pas dit, il attendait des lustres avant de demander à une fille de venir s’amuser un peu avec lui. Mais c’était toujours très rapide et il ne comblait que son propre plaisir... comme la plupart des hommes. Mais avec Sarah, ça avait été différent dès le premier soir. Dès ce fameux soir où l’une des poupées avait été attaqué par un psychopathe. Il voulait protéger la jeune femme a tout pris. Il se sentait toujours bien avec elle. Il la serra doucement dans ses bras et sentit son visage dans son cou. Il soupira d’aise. C’était trop dur de ne pas pouvoir lui enlever ses vêtements là maintenant et de lui faire l’amour. Non pas comme la plupart des hommes qu’elle rencontrait, non, comme un véritable amant, un vrai petit ami. Mais ce n’était pas possible encore... Il déposa un baiser sur son front avant de lui demander si elle allait bien. Sarah lui répondit alors qu’elle allait mieux depuis qu’elle était là. Ethan fronça les sourcils. C’était dur pour tous les deux, il le savait. Plus que quelques semaines et ce sera parfait. La brune souriait devant lui et il ne pu garder son sérieux bien longtemps. Elle était magnifique comme toujours. Et lui, il avait les mains pleines de cambouis, son bleu de travail. Puis, elle lui dit alors que dans son message, il avait parlé avec Robin. Le jeune homme s’éloigna un peu avant de passer une main dans ses cheveux et il lui dit :
«Oui, je l’ai vu hier... Viens, on va dans mon bureau, ce sera plus simple.»
Ethan attrapa la main de la brune et l’entraina vers l’arrière du bâtiment. Il ouvrit la porte et laissa entrer Sarah dans la pièce avant de la refermer à clé. Pas besoin d’être déranger. Il ferma les rideaux aussi signe qu’il ne voulait pas être déranger, puis alla prendre place dans sa chaise. Il posa ses mains sur son bureau et se demanda par où commencer. La bonne nouvelle ? C’était sans doute plus simple.
«Alors oui, j’ai parlé à Robin. Hier matin. J’y suis allé un peu au culot, mais il a accepté de me recevoir. Au début, il pensait qu’il s’était encore passé quelque chose avec une des poupées et je crois sincèrement qu’il m’aurait viré...»
Il fit un petit sourire avant de poursuivre :
«Je lui ai parlé de ma proposition. Il est d’accord, à condition que jusqu’à ton anniversaire, tu continues tes passes, qu’on ne lui fasse pas perdre de l’argent... Ce sont ses conditions... Je pense qu’on va y arriver non ?»
Il était légèrement inquiet parce qu’il n’avait pas eu l’occasion d’en parler à Sarah avant d’accepter le deal de Robin. C’était à prendre ou à laisser et le blond ne voulait pas laisser passer sa chance. Il allait arrivé à la partie un peu plus délicate...
«Ensuite, on a parlé de ton salaire... enfin... Il en a parlé parce que moi, ça ne me regarde pas tout ça, mais clairement, il m’a dit... il m’a dit que tu gagnerais beaucoup moins que ce que tu gagnes actuellement...»
L’information était lâchée et Ethan s’attendait à une réaction de la jeune femme. Parce qu’il avait très bien comprit que ses passes aidaient largement sa famille. Mais comme il l’avait dit à Robin, ce n’était pas à lui de décider du salaire et de voir ça... Sarah était assez grande pour aller le voir... L’orage menaçait dans le bureau...
La simple idée de mettre fin à cette période d’abstinence de présence d’éther était une excellente raison pour la brune de sourire à tout va. Elle flottait littéralement sur un petit nuage et commençait à voir un peu la lumière au bout du tunnel. Elle se mettait même à blaguer bêtement, jouant un peu en supposant qu’il possédait une sorte de harem de femmes. Même si elle ignorait tout de la vie sexuelle d’Ethan, elle n’était pas naïve au point de penser qu’il n’avait couché avec personne d’autre avant elle. C’était même carrément impossible à penser quand on voyait comment il était un expert en la matière lorsqu’il s’agissait de la rendre dingue. Cependant elle préférait ne pas penser à ça, imaginer Ethan avait une autre lui faisait souvent perdre le sourire. Elle préférait se répéter mentalement la phrase que le blond venait tout juste de lui dire : maintenant, elle était belle et bien la seule. Et elle comptait le rester.
La bref accolade entre eux avec été bien trop courte à son goût. Bien trop frustrante. Elle ne l’avait pratiquement pas touché depuis des semaines et cela commençait réellement à la peser. Pas uniquement sexuellement bien sûr, rien que le fait d’être contre lui pouvait suffire à son bonheur. Quoique, devant cette autre facette de lui, viril au possible dans le rôle du garagiste sexy, elle ne put s’empêcher d’imaginer que ses mains pleines de cambouis ne viennent se poser sur elle, laissant au passage quelques traces noires le long de son corps, preuve de son passage. Comme s’il la marquait, en quelques sortes.
Ses rêveries s’éloignèrent légèrement pour aller se loger dans un coin de sa tête alors qu’elle entamait le fameux sujet brûlant. Ils auraient bien le temps de fêter dignement la bonne nouvelle si jamais il y en avait une. De préférence, nus l’un contre l’autre. La poupée hocha simplement la tête en suivant Ethan jusqu’à son bureau. Il était bien mieux de se mettre à l’écart pour parler de ce genre de chose. Si elle n’avait pas honte d’être ce qu’elle était, ce n’était pas non plus une raison pour en parler devant tout le monde, au risque d’attirer des ennuis au gang. Et à eux par la même occasion. En voyant la blond s’installer sur sa chaise derrière son bureau, elle hésita un instant à prendre place sur celle d’en face avant de se raviser et d’opter pour un meilleur choix. A savoir les genoux d’Ethan. Ses mains allant de caler dans sa nuque. Ils étaient à l’abris des regards les plus indiscrets et elle pouvait bien se permettre d’agir comme elle le souhaitait. Et puis après tout ce temps loin de lui, elle avait le besoin de le toucher, de le sentir proche d’elle. Elle le laissa débuter son discours, s’inquiétant vaguement en l’entendant dire qu’il avait craint d’être viré. Elle savait que ce n’était pas le cas sinon elle l’aurait su, cependant la brune était d’un coup un peu moins rassurée sur la tournure qu’avait pris la discussion par la suite.
Elle retint un instant son souffle alors que le blond arrivait à la réponse fatidique. Jusque là les décisions de Robin étaient parfaitement logiques et plus ou moins celles qu’elle s’était imaginé. Il voulait profiter jusqu’au dernier moment de l’argent qu’elle pourrait lui amener jusqu’à ses trente ans, c’était compréhensible. A aucun moment elle ne s’était attendue à ce que ce dernier ne les prenne en affection au point de l’extraire du circuit de suite pour ne pas froisser les sentiments d’Ethan et les siens. « Oui, après tout, on a tenu plusieurs semaines. On peut tenir encore jusqu’à mon anniversaire. » Ce n’était plus qu’une question de jours avant de ce dernier n’arrive, ils pouvaient encore mobiliser leurs forces pour résister jusque là. De toute façon c’était ça ou s’attirer les foudres de Robin et la brune n’en avait aucune envie.
Dans l’ensemble c’était très positif. La brune était heureuse. Du moins jusqu’au moment où la question de son salaire fut abordée. Elle se mordit un instant la lèvre inférieure en entendant que ce dernier allait diminuer. Ce n’était pas vraiment ce qu’Ethan avait prévu étant donné qu’il lui avait même dis l’inverse, parlant même du fait qu’elle pourrait se permettre de déménager. Mauvaise surprise pour tous les deux. Elle se doutait que c’était tout simplement parce que jusqu’à maintenant Ethan avait parfaitement réussi à remplir ses tâches seul et que lui mettre une assistante à ses côtés n’était pas pour autant une raison de dépenser de l’argent en lui donnant un salaire égal. Elle n’était pas à son niveau mais bien en dessous. Plus en dessous de celui qu’une poupée même. Si ça n’avait pas été pour sa famille, gagner moins aurait pu ne pas la déranger. Quoique, il fallait vraiment voir combien il lui resterait au final. « Est-ce que tu as accepté ? » Demanda t-elle en tentant de dissimuler la pointe d’inquiétude qui tentait de percer au travers de sa voix.
Ethan avait besoin de Sarah et inversement. Pourtant, actuellement, les choses faisaient qu’ils ne pouvaient presque pas se toucher et le jeune homme commençait sérieusement à être en manque. Plus que quelques semaines et les choses allaient se détendre un peu... Du moins, il l’espérait. Le blond emmena la jeune femme dans son bureau et il s’installa à sa chaise, pensant que la brune allait s’installer sur la chaise en face, mais elle vient plutôt prendre place sur ses genoux, ses bras autour de sa nuque. Ethan posa une main contre la hanche de Sarah, comme pour la retenir. Il n’avait pas le courage de lui refuser ce petit moment. Il commença alors à parler et la brune l’écouta sans rien lui dire. Sarah était d’accord avec lui en disant qu’ils pouvaient tenir encore quelques semaines... Le blond lui sourit un peu et lui dit :
«C’est déjà assez compliqué comme ça... Mais on va tenir oui...»
La rencontre avec Robin dans l’ensemble était positive et il sentait la jeune femme se détendre légèrement avant de se crisper lorsqu’il vient à la question du salaire. Ethan savait parfaitement qu’à ce moment, il n’avait pas jouer le bon rôle. Parce que la question du salaire, il n’avait pas vraiment accepté, mais pas vraiment refuser non plus. C’était à Sarah de gérer ça, mais il n’était pas certain que Robin l’est bien comprit ou même que le blond ait choisi les bons mots... Le garde du corps regarda la jeune femme lorsqu’elle lui demanda s’il avait accepté.
«Je n’ai pas accepté et je n’ai pas refusé non plus... Mais je ne suis pas certain que Robin l’est comprit ça... Je lui ai surtout dit que j’allais te dire que tu irais le voir pour les modalités...»
Bien sûr, il avait dit à Sarah qu’elle allait peut-être gagné plus que ce qu’elle gagné en tant que poupée, mais Robin lui avait dit le contraire. Ethan comprenait que le patron fasse attention à son budget, mais la pauvre Sarah avait besoin de quelque chose pour vivre... Surtout qu’elle partageait son salaire avec ses parents. Le blond la regarda et lui dit :
«Ecoute, tu verras avec lui en temps voulu d’accord ? Je suis sûr que tu pourras négocier... Et puis, je sais que tu penses à ton déménagement. En attendant, tu pourrais... venir vivre chez moi ? C’est au dessus du garage, ce n’est pas très grand, mais au moins, j’aurai un oeil sur toi...»
Mais clairement, Ethan se rendit compte que ce n’était pas les bons mots à dire à la jeune femme. Il ne pouvait pas comprendre qu’elle soit aussi proche de sa famille et il ne le comprendrait sans doute jamais. Ce serait sans doute l’un des sujets de disputes de leur couple si couple il y a... Peut-être que Ethan n’aurait pas du aller parler à Robin tout seul... Il se mordit la joue et ne rajouta rien, sentant que Sarah avait beaucoup de choses à lui dire...
Si elle souriait toujours autant, Sarah était déjà redevenue bien sérieuse. Cette conversation concernait leur avenir à tous les deux et le sien particulièrement au sein des Bloody Boys. Tout dépendait de cette discussion qu’Ethan avait eut avec Robin et de la réponse que ce dernier lui avait donné. Elle en profitait cependant pour s’installer confortablement sur les genoux du blond, cela faisait si longtemps qu’ils n’avaient pas pu être aussi proches que chaque petit geste comptait à ses yeux. C’était bête mais elle se sentait déjà beaucoup mieux maintenant qu’il était à ses côtés. La préfère parti du contrat moral qu’il avait passé pour elle était tout à fait acceptable. Parfaitement compréhensible aux yeux de la poupée que Robin veuille profiter jusqu’au dernier jour d’elle pour qu’elle lui ramène de l’argent si elle devait ensuite évoluer. De toute manière elle aurait été quand même obligée de travailler jusqu’à sa date d’anniversaire si le patron avait refusé la proposition, cela ne changeait strictement rien pour elle de ce côté là. Cela faisait maintenant des semaines qu’elle se forçait à donner son corps à des hommes qui ne lui faisaient aucun effet, pire encore, ils commençaient même à la dégouter. Toute main n’étant pas celle d’Ethan sur son corps lui donnait presque la nausée, pourtant la brune serrait les dents et parvenaient chaque nuit à remplir ses obligations. Si une semaine de plus était à faire pour enfin être libre et qui plus est, avec la certitude d’avoir un autre emploi par la suite, elle ferait tout ce qu’il faudrait jusqu’à la fin, sans bâcler son travail. « J’en suis capable, ne t’en fais pas. » Elle avait appris à gérer ses émotions, bien mieux en tout cas que la toute première nuit où elle avait dû le faire. Désormais, le geste devenait un peu plus mécanique bien que sa bonne conscience la torturait toujours en lui donnant l’impression d’être infidèle, à un homme avec qui elle ne pouvait même pas être.
Ce qui inquiétait bien plus la future ancienne poupée c’était la question de l’argent. Pas pour elle, bien sûr mais exclusivement pour sa famille qui comptait énormément sur cette petite rentrée mensuelle pour survivre et payer ses dettes. Si ses parents étaient torturés à l’idée de voir leur petite fille se prostituer pour cet argent, ils avaient quand même bien compris qu’ils ne pouvaient pas vivre sans. Ainsi, la brune avait tiqué en entendant Ethan lui annoncer qu’elle gagnerait beaucoup moins. Pas un peu mais BEAUCOUP moins. « Si Robin est comme on me l’a décrit, le fait que tu aies quitté ce bureau signifie pour lui que c’est un deal accepté. Tu crois vraiment que je serais en position de négocier quoique ce soit ? C’est un poste que l’on crée pour moi qui va lui coûter déjà de l’argent. Tu crois vraiment qu’il accepterait que je vienne dès le départ râler sur le salaire ? » Ce n’était pas encore de la colère dans sa voix, bien que la poupée avait compris que Ethan n’avait pas réellement pris en compte ce que cela impliquerait pour elle et sa famille si elle ne gagnait pas autant. « Si je vais le voir, il pourrait tout aussi bien me foutre à la porte en me disant d’aller me chercher un autre boulot si je ne suis pas contente ! » Souffla t-elle en passant nerveusement une main dans ses cheveux. Sarah était parfaitement consciente que le blond ne pouvait pas imaginer vraiment à quel point l’idée de ne plus pouvoir autant aider sa famille l’ennuyait. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de ça mais par contre, elle l’avait contre lui de se retrouver dans une telle situation. Voir Robin serait une erreur, c’était certain. C’était elle qui lui était redevable et lui devait quelque chose, pas son patron.
La poupée poussa un long soupir, fermant les yeux en tentant de rassembler ses idées et imaginer un début de solution mais pour elle, il était certain qu’elle mettait désormais sa famille dans une mauvaise posture. A part l’idée que ses parents seraient contents qu’elle ne vende plus son corps, ils ne seraient pas plus heureux de savoir qu’elle « commanderait » les personnes qui continuaient à le faire. C’était presque pareil à leurs yeux, voire même pire pour eux. Ce ne fut qu’aux mots suivants d’Ethan qu’elle rouvrit ses paupières bien grandes, étonnée des mots qu’il pouvait avoir. « En temps voulu ? Mais il est déjà trop tard ! C’est dès la semaine prochaine ! » Il était vrai que le temps était presque compté en tant que poupée. Son anniversaire était en début de moi du coup dès la fin de ce dernier, elle aurait déjà un train de vie bien moindre. « Je me fiche de mon déménagement Ethan ! C’est toi qui veux me faire changer d’appartement, je suis très bien là où je suis ! » Elle sentait cette fois-ci que la colère augmentait en elle, ayant même l’impression qu’il ne comprenait en rien les priorités qu’elle pouvait avoir. Et aux derniers mots du blond, elle bondit littéralement sur ses jambes pour reculer d’un coup sec, le foudroyant du regard. « Avoir un oeil sur moi ? Pardon ? » Elle fronça les sourcils, le regardant comme si elle ne le reconnaissait pas sur le coup. Son discours lui donnait des frissons, lui faisait presque comprendre qu’il voulait la garder juste pour lui, en travaillant à ses côtés, en vivant à ses cotés, en pouvant toujours la surveiller du coin de l’oeil, en la possédant complètement. « Tu parles comme si tu venais de me négocier avec Robin mais je ne suis pas TA poupée personnelle avec laquelle tu pourras jouer parce que je ne suis plus dans le circuit ! Et je ne vivrais pas avec toi pour que tu puisses me surveiller du coin de l’oeil comme si tu venais tout juste de m’acheter ! » Les mots étaient forts et sortaient tous seuls de sa bouche comme si elle ne pouvait se contrôler. Sous l’effet de sa colère, elle sentait ses mains trembler légèrement et une grosse boule se former dans sa gorge. Elle n’avait pas l’habitude de ça, elle ne s’énervait pratiquement jamais et surtout, elle n’aurait pas pensé le faire avec Ethan.
Les mots qu’Ethan avait choisit pour Sarah n’étaient peut-être pas les bons. Dès le moment où il lui parla du fait qu’elle allait avoir un peu moins d’argent, la jeune femme s’emporta un peu en lui disant que s’il avait quitté le bureau du patron, ce dernier avait sans doute comprit qu’il avait accepté le deal. Elle lui demanda alors si elle était vraiment en position de négocier, Robin pourrait tout aussi bien lui dire d’aller voir ailleurs si elle n’était pas contente. Ethan serra la main qui ne retenait pas Sarah. Il n’avait pas compris les choses comme ça et la brune n’avait sans doute pas tord. Mais il choisit de lui dire :
«Arrête, il n’est pas si terrible que ça ! Je suis sûr que tu pourras le voir et lui en parler...»
Mais est-ce qu’il en était certain ? La jeune femme venait de mettre le doute dans ses pensées... Il s’était persuadé que Robin était quelqu’un de bien et qui prenait le temps d’écouter ses employés... mais est-ce que c’était véritablement le cas ? Ethan rajouta qu’elle pouvait voir avec lui en temps voulu, mais Sarah explosa en lui disant qu’il était trop tard déjà. Il lui parla de son déménagement et les mots qu’elle choisit le heurtèrent plus qu’il ne le pensait. Il était amoureux, c’était une certitude, mais le fait qu’elle lui dise qu’elle était très bien chez elle lui fit l’effet d’un coup de couteau en plein coeur... Elle venait de se lever d’un bond, recula pour s’éloigner de lui. Il la regarda avec un regard plein d’intérogation, se justifant par le fait qu’il voulait avoir un oeil sur elle, mais ce n’était clairement pas les mots à dire. Elle venait de froncer les sourcils et enchaînant sur le fait qu’il parlait comme s’il avait négocier sa présence avec Robin. Elle n’était pas sa poupée personnelle. Ethan recula légèrement sous l’effet des mots. Il n’était pas du genre à se défiler, mais actuellement, la jeune femme était tellement en colère qu’elle lui disait toute sa rancoeur et il ne comprenait pas ce qu’il avait fait de mal. Elle lui dit alors qu’elle n’allait pas vivre avec lui pour qu’il puisse la surveiller. Ethan se leva de sa chaise et la domina de toute sa grandeur. Il sentait la colère monté en lui aussi. Elle ne comprenait pas. Elle ne pouvait pas comprendre.
«Tu ne comprends pas. Tu ne cherches pas à comprendre. Je n’ai jamais voulu «t’acheter» à Robin comme tu sembles le penser. Je t’ai dis ce que je ressentais, mais on dirait que tu l’as déjà oublié.»
Sa voix était froide et il gardait ses distances. Ses poings étaient fermés pour éviter de voir ses mains tremblées sous la colère.
«C’est comme ça que tu me vois Sarah ? Comme un mec qui se joue de toi ? Tu crois que j’aurai fais tout ça pour toi si je me fichais de toi ? Tu crois vraiment que j’aurai demandé à Robin s’il était possible de te trouver un travail ?»
Sa voix n’était presque qu’un murmure, signe que sa colère était grande. Il était blessé par l’attitude de la jeune femme.
«La prochaine fois que je chercherais à te sortir d’un mauvais pas, je ne le ferais pas. Tu te rends compte de ce que tu dis ?»
Il se détourna légèrement pour éviter qu’elle ne croise son regard plein de rancœur.
«Tu es ce qui m’est arrivé de mieux depuis des années et tu balais tout d’un coup de pied. Sors de mon bureau. Je ne veux plus te voir.»
Les mots étaient durs, mais il était trop blessé pour lui faire comprendre quelque chose et apparemment, c’était vrai dans l’autre sens. Il venait de prendre des risques pour elle, il ne voulait que son bien, mais elle ne semblait pas s’en rendre compte. Pour lui, c’était sa façon de lui montrer qu’il tenait à elle. Il ne l’avait jamais obligé à venir chez lui non plus. Ça aurait été pratique, mais il ne l’aurait pas forcer. Elle le faisait passer pour quelqu’un qui n’était pas. Il leva les yeux vers elle quand il vit qu’elle n’avait pas bouger et il lui dit :
«Va-t-en ! Va te débrouiller toute seule ! Je voulais juste t’aider...»
Ethan n’était pas conscient que malheureusement pour elle, l’argent était un point très important. Si cela n’avait pas été pour ses parents elle n’aurait eut aucun soucis à accepter d’être moins payée si ça lui permettait d’être avec Ethan. Malheureusement pour elle et pour lui, sa famille était un facteur à prendre en compte dans cette histoire et c’était d’autant plus difficile que le blond semblait parfois oublier à quel point ils comptaient dans la vie de la poupée. Lui n’avait aucune famille, il était logique qu’il n’ait pas le réflexe de penser à ça alors que pour le brune, c’était la toute première chose qui lui était venue en tête. Le problème était qu’aux yeux de la poupée il était déjà bien trop tard. Robin avait passé un accord avec Ethan et que ce soit clair ou non, il était certain que venir négocier dès maintenant le salaire était une très mauvaise idée. Pour qui passerait-elle en plus ? Une femme ingrate, incapable de se satisfaire de ce qu’on lui donnait et de simplement remercier. Une fille vénale en plus, alors qu’elle ne dépensait jamais beaucoup pour sa personne. De nouveau, elle soupira en secouant sa tête de gauche à droite, ayant du mal à voir Ethan prendre ce sujet avec autant de désinvolture. Ce n’était pas si grave pour lui alors que pour elle, ce l’était. « Bien sûr et je pense même qu’en plus de me faire gagner beaucoup plus, il m’offrira un mois de vacances ! » Répondit-elle en levant les yeux au ciel. Elle n’était pourtant pas du genre à être mesquine ou ironique d’habitude mais là, la situation était particulière.
La suite était bien pire encore. La poupée avait du mal à croire les mots qui sortaient de la bouche d’Ethan. Il parlait presque comme un propriétaire qui venait de faire une très bonne à faire. Il prenait même un peu le contrôle de sa vie en lui disant qu’elle pourrait toujours venir vivre chez lui pour qu’il puisse toujours l’avoir à l’oeil. Non pas parce qu’il l’aimait, qu’il la voulait près d’elle et ne supportait pas de l’avoir loin de lui mais parce qu’il souhaitait pouvoir la surveiller. Elle avait été très étonnée de ces mots, au point de se lever et de reculer de quelques pas. Un peu comme si, si elle l’observait de loin, les mots allaient prendre un sens. Mais non. L’image désagréable d’Ethan qui serrait la main de Robin après avoir fait une excellente affaire lui polluait la tête, pourtant c’était les mots qu’il employait qui avaient fini de l’achever. Aucun romantisme n’était plus présent maintenant et si elle ne connaissait pas Ethan, elle aurait pu penser méchamment que le fait qu’elle gagne moins soit quelque chose de bien pour lui parce qu’ainsi, elle serait forcée de vivre chez lui et il pourrait ainsi, la surveiller à son aise. Comme si elle était sienne, rien qu’à lui. Sauf qu’elle ne pouvait pas penser ça de lui, pas cet extrême. Même si elle était aveuglée par la colère, elle savait qu’elle connaissait le blond et qu’il avait du bon en lui, elle l’avait vu. Elle refusait de l’imaginer ainsi. La poupée le vit alors se lever, la dominant d’un coup un seul. Lui rappelant bien qui était supérieur à qui dans ce bureau. Elle en venait à confondre professionnel et personnel mais c’était naturel. Malgré sa colère elle baissait les yeux, comme on lui avait appris face à quelqu’un hiérarchiquement supérieur à elle. Le respect de l’autorité bien encré dans ses veines malgré qu’elle se sentait bouillonner de colère. « C’est toi qui ne comprends pas ! Parce que tu n’as pensé qu’à ce que tu souhaitais toi en oubliant que je ne pouvais pas le faire, moi ! »
Elle sentait son coeur battre très fort dans son corps, elle qui détestait les conflits avait du mal à supporter toutes les émotions qui la submergeaient en cet instant, au point d’en avoir la tête qui tournait. Un coup d’oeil aux poings d’Ethan qui étaient fermés bien serrés lui firent comprendre qu’il était arrivé lui aussi à ce stade de colère, tout autant que sa voix froide. La sienne à elle était plus teintée de panique, contrairement à lui. Panique à l’idée de ce futur qui semblait incertain, panique surtout de se retrouver dans un tel état alors qu’elle détestait hausser le ton et se disputer avec quelqu’un. Encore moins quand il s’agissait d’Ethan avec qui elle n’aurait jamais pensé pu avoir un litige de la sorte. « Non arrêtes, j’ai jamais dis ça ! » Elle sentait bien que la situation était en train de dégénérer à une vitesse folle, incapable de faire quoique ce soit pour calmer le jeu ou autre. A la base, elle était celle qui trouvait toujours le moyen de calmer le jeu et pourtant ce soir c’était elle qui avait lancé les hostilités, chose insolite. Elle n’était pourtant pas vraiment capable de tenir une réelle dispute, cela ne lui étant jamais arrivé à ce point. La poupée découvrait les subtilités de cette guerre verbale petit à petit. L’évidence était pourtant devant les yeux, tous les deux allaient à deux vitesses totalement différentes. Lui déjà prêt à l’accueillir chez elle sans aucun problème alors qu’elle, un peu moins confiante en elle et en son avenir, avait toujours ce besoin de se débrouiller par elle-même sans inclure personne d’autre dans ses problèmes. Pourtant Ethan s’y était retrouvé mêlé en allant négocier avec Robin pour elle et l’erreur qu’il avait fais se retournait contre lui. La brune voyait bien l’injustice de cette situation mais lui en voulait de ne pas avoir cherché à insister auprès de leur patron pour éviter cette catastrophe financière. « Et toi ! Te rends tu simplement compte dans quel enfer tu viens de me mettre ? Je ne dis pas que tu l’as fais par plaisir mais bon sang ! Tu croyais vraiment que je pouvais accepter ça ? J’ai une famille qui compte sur moi, je te le rappelle ! Je ne peux pas me regarder le nombril en ne pensant qu’à ma petite personne mais ça, ça ne rentre pas dans ta tête ! » Elle avait tenté de réfléchir ses mots avant de les dire. Eviter de lui balancer en pleine face qu’il ne pouvait pas comprendre vu qu’il n’avait pas de famille même si c’était un peu le cas.
Ce ne fut qu’en l’entendant lui ordonner de quitter la pièce qu’elle releva le regard vers lui, l’expression sur son visage montrant bien qu’elle était choquée qu’il puisse la mettre dehors de la sorte. Cela semblait tellement facile de la foutre à la porte qu’elle en était étonnée. D’un geste nerveux, elle passa sa main dans ses cheveux, cette dernière se crispant même un peu alors qu’elle avait la sensation que la situation prenait une tournure véritablement catastrophique. Adieu la joie de se retrouver qui l’avait envahie bien plus tôt. A dire vrai, elle était même vexée qu’il ait envie de la mettre si vite dehors. Elle aurait pu protester, l’obliger à la mettre de force dehors en décidant de ne pas bouger mais elle n’était pas ce genre de fille là. Elle n’avait pas assez de caractère pour ça, encore moins quand l’ordre donné venait de quelqu’un de plus haut placé qu’elle. « Très bien. » Parvint-elle à articuler en ravalant sa fierté et la boule qui se formait peu à peu dans sa gorge alors que c’était la première fois de sa vie qu’elle se sentait autant rejetée. Qui plus est, par l’homme dont elle était amoureuse. Avec sa première colère elle avait aussi gagné son premier chagrin d’amour et ça, elle n’était pas pressée de le découvrir. Il se permettait même de se montrer plus virulent la deuxième fois qu’il la chasse de son bureau, la faisant reculer brusquement de plusieurs pas et se retourner dos à lui, main sur la poignée. Elle n’arrêta son mouvement qu’un instant, son regard fixé vers la porte. « Dans ce cas je me débrouillerais également sans toi ce soir. » Souffla t-elle en serrant les dents, faisant allusion aux passes qui l’attendaient dès le début de soirée.
Ethan avait vraiment du se taire et ne pas proposer cet accord... Sarah ne semblait pas comprendre qu’il voulait prendre soin d’elle. Peut-être est-ce qu’il était trop démonstratif, trop protecteur ? Sans doute. Les mots dépassaient sa pensée et apparemment, il n’était pas le seul. La jeune femme ne comprenait pas et lui ne comprenait pas. Elle lui balança des trucs à la tête et le jeune homme se redressa de sa chaise pour la dominer de sa taille. Il n’aimait pas le faire, mais elle allait trop loin. Elle lui balança qu’il l’avait mit dans un enfer avec son histoire et lui rappela qu’elle avait une famille à s’occuper, qui comptait sur elle. Qu’elle ne pouvait pas se concentrer sur sa petite personne et que ça ne rentrait pas dans sa tête à lui.
«Justement, tu devrais apprendre à te détacher.»
Il n’aurait pas du lui dire, mais les mots étaient sortis. Bien sûr, il ne comprenait pas pourquoi elle restait attacher à sa famille alors qu’elle faisait un métier qu’ils détestaient. Elle n’était pas la seule à pouvoir ramener des sous si ? Alors, il lui demanda de partir. Il n’en avait pas l’intention, mais il le lui dit. Le visage de Sarah changea et elle ne s’attendait clairement pas à ça. Il lui dit qu’elle allait devoir se débrouiller toute seule pour la suite. Il n’arrivait pas à croire qu’elle se mettait contre lui. Il ne comprenait pas. Elle réussit à lui dire un «très bien» avant qu’Ethan ne soit plus virulant. Si elle ne pouvait pas accepter le fait qu’il essayait de l’aider, alors ils n’avaient plus rien à se dire. Il lui demanda de partir de nouveau, la voyant reculer sous l’effet des mots. Il détestait faire ça, mais il n’avait pas le choix. Elle venait de lui briser le coeur et il regrettait presque d’avoir prononcer ces mots pour décrire ses sentiments quelques semaines plus tôt... Elle se retourna dos à lui et partit en direction de la porte avant de s’arrêter et de lui dire qu’elle allait se débrouiller sans lui ce soir. Il lui jeta :
«Matthew s’occupera de toi avec John.»
Il se laissa tomber sur sa chaise lorsqu’elle passa la porte et dans un excès de rage, envoya tout ce qui se trouvait sur son bureau au sol. Il n’arrivait pas à croire ce qui venait de se passer. Leur relation avait si bien débuter et maintenant, c’était la catastrophe. Les sentiments, c’était trop douloureux...
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