Tu ne peux nier le fait que tu adores la différence qu'il y a entre la Ekaterina lors de vos séances photos et celle qu'elle est le reste du temps. Tantôt une femme sûre d'elle et consciente de son pouvoir de séduction. tantôt nettement plus introvertie, timide et discrète. T'aimes bien les deux parce qu'elle parvient à te toucher sans que tu ne saches tout à fait expliquer le pourquoi du comment. Mais c'est un fait. Elle provoque quelque chose chez toi. Quelque chose de fort. Et qui s'étale de plus en plus longuement dans le temps. Même en son absence, t'es souvent amené à penser à elle. Mais surtout, plus le temps passe plus les tensions sont grandes. Les sensations que tu ressens quand t'es tout près d'elle pour placer correctement le drap de soie sur sa peau délicate, sont tout à fait hors de contrôle. Raison pour laquelle tu n'es finalement pas si mécontent que ça de t'éloigner de nouveau d'elle. Pour aller te placer / planquer de l'autre côté de l'appareil photo placé sur son trépied. Et te voilà pleinement concentré sur ta tâche. Au moins ainsi, tu ne seras pas tant troublé par elle. Quand bien même elle est pleinement dans ton champ de vision.

Très vite, elle entre dans son rôle Ekaterina. Un peu femme fatale. Un peu innocente et délicate étudiante. Et tu ne te fais pas prier pour prendre un maximum de photos. Changeant régulièrement d'angle pour être certain de ne rien rater. Parce qu'elle est parfaite. Parce qu'elle est magnifique. Parce qu'elle te fascine et te captive. C'est absolument parfait. Maintenant on va en dévoiler un peu plus en ... Mais tu t'arrêtes dans ton élan. Du coin de l'oeil tu viens de capter un mouvement au pied d'un mur. Le phobique que t'aimes n'apprécie pas du tout la chose. Et craint forcément le pire. T'as le ventre qui se noue alors que tu tentes de comprendre. C'est quand tu le vois ressortir de sous un meuble, que t'as la confirmation. Un cri tout sauf "viril" t'échappe. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, t'es debout sur la chaise du bureau pour échapper au monstre qui continue de se déplacer dans le studio.  Grandes moustaches, grandes dents, gros yeux noirs et longue queue. Le plus gros rat que t'ai jamais vu. Et comme c'est le cas d'un tas de bêtes, tu détestes ces machins là.

Son visage change à lui, des traits qui grognent, on dirait qu'il a le cul poser sur un feu. Il gigote. Et le voilà qui se met à crier et grimper sur une chaise sans qu'elle ne comprenne vraiment pourquoi. Il lui faudrait quelques secondes pour réaliser qu'ils ne sont plus seuls dans la pièce. Merde il a peur d'un rat. Pire encore, ça lui fourre un sourire jusqu'aux oreilles, pas parce qu'elle se moque non, parce qu'elle le trouve particulièrement adorable à cet instant. Plus humain que jamais.  Elle le regarde une seconde comme une idiote, consciente qu'il est trop concentré sur l'animal pour remarquer que ces yeux brillent quand elle les pose sur lui. Puis, elle décide de prendre les choses en main, récupérant son peignoir sur le côté pour l'enfiler. Oui, ça peut paraitre stupide mais lorsqu'elle sort du personnage qu'elle joue en face de la caméra, elle est pudique, timide. Le genre à lui demander de se tourner pendant qu'elle se change alors qu'il l'a vu à poil des heures durant. Elle ne traine à attraper la bestiole même si ce n'est pas mince affaire, c'est qu'il se déplace plutôt ce rat. Au bout de quelques minutes, elle le tient dans les mains et en profite même pour caresser ce petit corps frêle, se demandant une seconde comment il peut avoir peur d'une si petite bestiole mais ne juge pas, après tout, elle a aussi ses propres phobies. Pas toujours plus cohérente. Elle ne demande pas au jeune homme ce qu'elle peut en faire parce qu'elle connait la réponse : butte ce truc. Sauf qu'elle serait bien incapable de faire ça, elle qui est persuadée que Dieu crée chaque créature à son image et dans un but précis. Alors elle se contente de sortir et déposer la bête au sol non loin de l'entrée. Cette dernière parviendra aisément à se frayer un chemin à l'intérieur d'un autre moyen, espérons juste que cette fois, elle ne trouve pas le réconfort dans le studio de Nicholas. Tout ça dans un silence de marbre. La porte refermée derrière elle, elle vient poser une main sur le bras du photographe. ca va aller ? son sourire angélique et innocent qui creuse ses traits. Elle lui laisse quelques secondes pour se remettre de ses émotions. Elle sait ce que c'est, cette frayeur qui grimpe et contre laquelle on ne peut rien. Elle qui a parfois fait des crises d'angoisses dans l'passé quand il fallait présenter un exposé. Elle retire sa main de son bras et la lui tend pour l'aider à descendre.

T'es tout bonnement hors de contrôle quand l'une de tes phobies vient à être provoquée comme c'est le cas à cet instant très précis. T'es conscient que t'en as trop pour ton propre bien et que ça finira par te causer un infarctus. Mais ce n'est pas comme si t'étais en mesure de garder le contrôle sur quoi que ce soit. Tu n'y peux rien. Ce sont des choses qui te terrifient véritablement. Qu'il s'agisse d'une araignée, d'un rat, du vide ou encore de l'orage, tu ne peux te maîtriser. Et tant pis si tu te couvres de ridicule devant les personnes qui se trouvent en ta présence à cet instant. T'as tout le temps d'y repenser ensuite et d'en avoir affreusement honte. T'auras le temps, aujourd'hui encore, de regretter la chose, quand la jolie blonde ne sera plus dans le studio et que tu repenseras à ton comportement puéril. Toi qui as eus à te percher sur une chaise pour échapper au monstre à quatre pattes. Te voilà tout à fait avec le coeur au bord des lèvres quand la modèle se charge de l'attraper pour le flanquer dehors. Tu la vois même prendre le temps de le caresser comme s'il s'agissait d'un adorable animal domestique. Tu portes une main à ta bouche pour ne pas dégobiller.

Elle ne t'aide pas du tout à te détendre quand elle pose sa main sur ton bras. Tu hoches négativement la tête, le visage pâle. Faut que tu te laves les mains. Tu sais pas les maladies qu'avait ce truc. Que tu marmonnes dans ta barbe, refusant catégoriquement qu'elle glisse ses doigts contre les tiens pour t'aider à descendre, tant qu'elle n'aura pas fait un tour par la salle de bain. Et tant pis si elle trouve ça tout à fait risible et qu'elle passe toutes les prochaines séances, à se foutre de toi. Tant pis si elle te trouve ridicule, si tu lui tapes soudainement sur le système alors que ce n'était encore jamais arrivé. Tant pis parce que tu ne peux pas faire autrement de toute façon. Que t'es vraiment terrifié et que tu crains que le rat ne soit venu avec toute sa horde. T'es sûre qu'il va pas revenir ? T'es sûre qu'il n'y en n'a pas d'autres ici ? Que tu finis même par lui demander. Quitte à avoir l'air un peu plus ridicule encore.

Elle n'a pas peur de toutes les bestioles qui peuplent cette terre. Puis c'est pas l'premier rat a qui elle a à faire. Le teint d'ordinaire relativement frais et halé de Nicholas a viré au blanc. Elle tend une main et il demande à ce qu'elle se lave les mains, enfin, il exige ? Et elle se dirige vers le lavabo de la salle de bain et frotte vivement ses mains entre elles avec du savon. Si ça peut le rassurer. Surtout qu'il a pas complètement tort, la vérité, c'est que les rats sont des animaux qui ramène un tas de maladies. Un sujet sur lequel elle s'est renseigné au travers de lecture. L'étudiante en médecine qui se passionne pour la littérature approfondi tous les sujets qui sont abordés en cours avec des livres. Et d'ailleurs, quand elle sort de nouveau de la salle de bain pour le rejoindre, elle évite de lui dire que ces animaux sont du genre à se reproduire vite quand ils ont trouvé un coin douillet où s'installer. Ceci dit, si c'est la première fois qu'il le voit, il n'a pas élu domicile dans son studio alors ce n'est pas nécessaire de l'angoisser plus qu'il ne l'est déjà. Il n'a clairement pas besoin de ça. Il est dehors mais je vais jeter un coup d'œil dans la pièce. qu'elle dit, rassurante. Elle a l'impression d'être face à un enfant qui pense trouver un crocodile sous son lit. C'est foutrement attachant. Non pas ridicule à ses yeux. Attachant. Et elle fait son tour, elle se baisse au sol pour inspecter sous les meubles et derrière. Ca lui prend quelques minutes alors qu'il est toujours perché comme un hibou sur un arbre. Elle revient finalement vers lui et tend une main -propre cette fois ci- vers son interlocuteur. Il n'y a rien, tu peux descendre. Une promesse qu'elle peut lui faire avec certitude. Elle a envie d'le prendre dans les bras et de lui dire que c'est rien mais ce ne serait pas du tout professionnel comme attitude, alors une fois qu'elle l'a aidé à redescendre, elle reprend :  ça va aller pour continuer ? Ceci dit, cette session est faite pour noël et les fêtes de fin d'années se rapprochent à grand pas. Si c'est nécessaire, elle devrait parvenir à dégager un créneau pour revenir quand ses esprits seront de retour ceci dit.

Elle ne se vexe pas quand tu lui demandes d'aller se laver les mains, Ekaterina. Au lieu de ça, elle obéit sans demander son reste. Tu la suis alors des yeux quand elle s'éloigne, avant de jeter un coup d'oeil à l'ensemble de la pièce. T'es toujours aussi tendu. Tu t'attends à voir un bestiole sortir de sous un meuble maintenant. Mais quand elle revient, elle promet de vérifier. Et elle le fait. T'es tout de suite plus détendu et rassuré. Et le soupir que tu fais entendre est là pour le confirmer. Heureusement que c'était elle qui se trouvait ici en ta compagnie et non pas une modèle tout aussi effrayée que toi par ces machins dégoûtants. Tu lui fais finalement confiance quand elle revient à ta hauteur et te présente de nouveau sa main. Affirmant, dans la foulée, qu'il n'y a rien. Tu la crois et acceptes enfin de poser une main dans la sienne pour descendre sans te casser la figure. La pâleur de ton visage laisse maintenant place à une rougeur révélatrice de la gêne que t'es en train de te prendre en pleine tronche. Parce que tu te sens idiot désormais. Merci. Que tu marmonnes d'une voix à peine audible, en époussetant ton pantalon comme si c'était toi qui venais de te traîner sur le sol pour attraper et sortir le rat.

Je vais quand même prendre une petite pause. Que tu lui réponds tout bas, avant de te racler la gorge pour tenter de retrouver une certaine contenance. Tu te sens vraiment idiot maintenant. Désolé. Que t'ajoute donc dans la foulée. Ta mère qui déteste les imperfections, aurait ordonné que tu t'excuses. C'est donc la froide éducation que tu as obtenu, qui te pousse à t'excuser pour le spectacle ridicule que tu viens d'offrir et le temps que tu as fait perdre, également. Je vais me faire couler un café. T'en veux un ? Que tu proposes en la contournant déjà, pour rapidement rejoindre la petite kitchenette où t'as vite fait de récupérer une tasse que tu places dans la machine à expresso, pour t'en faire couler un. Histoire de n'avoir pas à reparler tout de suite de ce qui vient de se produire. Même si t'as bon espoir qu'elle même ne soit pas tentée d'en reparler. Elle n'est pas la plus bavarde qui soit Ekaterina. Et surtout, tu ne l'imagines pas moqueuse.

Il semble déboussoler.  Aujourd'hui, elle a découvert une de ses faiblesses, l'armure qui s'est fêlé. Il ne s'en rend pas compte Nicholas, parce qu'elle n'en dit rien mais c'est une de ses personnes qu'on admire pour leurs charismes. L'impression que la vie, pour lui, c'est comme la recréation et qu'il se sent à l'aise en permanence. C'est peut être pas vrai dans le monde réel mais ici, dans ce studio, il illumine la pièce, il brille. Comme s'il était juste doué pour la vie en fait. Ekaterina, elle n'a jamais aimé la récréation elle. Alors le voir perdre l'équilibre le repose plus près d'elle et du commun des mortels et ça provoque une chaleur sournoise dans son cœur. Elle s'éloigne d'un pas pour le laisser respirer, l'observant à la dérobée. L'homme admiré en secret, qui ne la laisse pas pantoise et qui laisse un goût amer au réveil, juste parce qu'elle en a rêvé et qu'il n'est pas là quand elle ouvre les yeux.  ne t'excuse pas, tu m'aurais vu en troisième alors que j'devrais présenter un exposé sur Martin Luther King. Les mots qui sortent naturellement. Elle n'en dit pas plus mais cette histoire est plus pathétique, parce qu'elle avait manqué d'air, parce qu'elle n'avait plus retenu ses sphincters et que la classe entière avait rit de sa misère. Une histoire qu'elle a gardé pour elle toutes ses années. j'veux bien, merci. qu'elle lui dit, un sourire aux lèvres, croisant les bras sur sa poitrine. Elle n'a nulle part où aller après de toutes façons alors elle n'est pas inquiète par un potentiel retard. Et elle ne réaborde pas le sujet. Parce qu'elle a tout à fait conscience du délicat de la situation, elle a bien vu le rouge lui monter aux oreilles et ça n'arrive pas souvent. Les sujets ne sont pas si aisés à trouver. Parce qu'ils ne sont pas vraiment amis n'est ce pas ? Il est photographe et elle travaille pour lui. Souvent, elle essaie de se convaincre que ce n'est que ça Ekaterina mais le pincement au cœur qui l'étreint quand elle pense à l'idée d'pas le voir la semaine prochaine prouve le contraire. Et oui, elle est tombée sous le charme, comme toutes les autres. A la différence près qu'elle ne couche pas avec lui. Elle se contente d'admirer de loin, sans un mots. Parce que dans les yeux da la belle, il est parfait. Juste parfait.

Il y a quand même un petit sourire qui vient brièvement flotter sur tes lèvres quand elle te répond. Quand elle raconte en surface un moment de gêne qu'elle semble avoir vécut quand elle était ado. Tu ne réponds pas. Encore trop mortifié par la scène à laquelle elle vient d'assister, pour ça. Mais t'aimes vraiment qu'elle essaie de te rassurer de cette façon. T'aimes qu'elle prenne la peine. Parce qu'elle n'a pas même eut l'air amusée et désireuse de se moquer. Rien n'est venu trahir un tel état d'âme tout du moins. Et t'en es évidemment soulagé. Toi dont le sourire reste encore crispé tandis que tu t'éloignes d'elle pour aller faire couler deux cafés. Tu lui tends sa tasse sans un mot et portes la tienne à tes lèvres. Tu prends vraiment ton temps pour souffler un bon coup et te ressaisir. Ce serait pas si ridicule si j'avais pas un tas de phobies de ce genre. Que tu lui confies tout bas, sans bien savoir pourquoi. Peut-être parce que maintenant tu sais qu'elle ne se moquera pas. Y'a peu de bestioles que je supporte ... A vrai dire, elles se comptent sur les doigts d'un seule main les bêtes que tu peux apprécier.

Si je devais te faire une liste, je pense qu'on en aurait pour la nuit. Que tu marmonnes en guise de conclusion. Tu n'as évidemment pas envie de tout lui balancer comme ça. De lui avouer quel genre de personne t'es. Tu sais l'image que tu renvoies en général. Un type superficiel qui ne doute pas de lui, qui sait qu'il est beau et charismatique et qui en joue. C'est un vrai. Pourtant, il y a énormément de faux là dedans. T'as été élevé à la dure par une mère qui ne supporte pas les imperfections. Adulte trop jeune. Qui plaisait pour sa gueule de petit ange parfait. Qui a dû faire en sorte de garder une apparence irréprochable pour continuer de faire honneur en grandissant. Petit gamin précieux élevé à la dure, certes. Mais dans un monde de luxe. On ne hausse jamais le ton. On ne connaît que les jets privés. On ne tombe jamais malade et quand ça arrive, on se fait soigner par les plus grands et chers spécialistes du pays. On ne connaît pas la crasse et on ne voit jamais la moindre bestiole non désirée chez soi.

Elle n'a pas connu le luxe de l'argent Ekaterina mais elle a eu mieux qu'ça, elle a bénéficier de la chaleur d'un amour inconditionnel de la part de sa famille. Des rêves de princesses écrasés avant même qu'elle ne sache parler. Parce que dans sa famille, tout le monde met la main à la patte. Pas de feignantise admise simplement parce qu'ils n'en avaient pas le temps. Papa cumulait plusieurs jobs pour nourrir les quatre bouches qu'il avait mit au monde et il prenait quand même toujours le temps de venir lui raconter une histoire au coucher. Un homme incroyable si vous voulez l'avis de la jeune étudiante. Maman de son côté a sacrifié une vie d'artiste pour élever ces enfants, pas un regrets, pas un mot trop haut mais une montagne de câlins. Et quand elle regarde son passé Ekaterina, elle ne le modifierait pour rien au monde. Elle l'écoute. Comme s'il avait besoin de justifier un défaut. Comme si c'était nécessaire de s'excuser. Elle ne va pas le juger Ekaterina, elle fait pas parti d'son monde à lui. Elle qui est bien différente de toutes celles qu'il a croisé dans le passé. Elle attrape la tasse. Elle est incapable de boire un café chaud, pour le porter à sa bouche, il doit être tiède. Alors elle fait preuve de patience. Et il parle et comme à chaque fois, elle boit ses paroles. S'il savait à quel point elle le désire encore plus à cet instant précis où il descend de son piédestal pour se montrer vulnérable. Une chance qu'il ne lise pas dans les pensées parce que c'est elle qui aurait l'air ridicule. les défauts, ce n'est pas une mauvaise chose tu sais. C'est ce qui nous rend humain. Il n'a pas hérité des pires vices en plus. Parce qu'au fond de son cœur. Elle sait Ekaterina qu'il est bon. Enfin, elle pourrait dire ça de tout le monde. La midinette a la fâcheuse tendance à voir le verre à moitié plein plutôt que vide. Elle a envie d'profiter de l'occasion pour le questionner, sur n'importe quoi, sur tout, son enfance, sur ces plans pour les fêtes de fin d'années et sur celle qui a la joie de partager sa vie mais elle s'abstient la gamine. Inapproprié. Elle se tient depuis un an maintenant pour que la relation reste en surface, pour ne pas se laisser submerger. Elle sait bien qu'elle ne doit pas flancher Ekaterina. Elle ne peut pas laisser la passion guider ses actions, elle doit se concentrer sur l'important.

Tu ne sais pas comment elle fait ça Ekaterina, mais elle parvient à te rassurer et à te faire te détendre. Alors que quelques minutes plus tôt, t'étais nettement moins à l'aise. Plutôt désireux d'aller te planquer dans un trou de souri -sans mauvais jeu de mots-. Mais parce que de son point de vue les défauts n'ont pas la même saveur que du point de vue de celle qui t'a élevé, t'es tenté de voir les choses sous un autre angle. Ce qui s'avère compliqué après trente années à s'entendre répéter tout le contraire. Parce que j'ai l'air moins humain le reste du temps ? Que tu l'interroges, un petit sourire au coin des lèvres. Mine de rien, tu cherches à savoir ce qu'elle pense de toi le reste du temps. T'en as des défauts. T'en as des tonnes. A commencer par ta tendance à avoir la colère facile. Très facile. Trop facile. T'es un perfectionniste dans l'âme et ça te pousse à parfois être tout bonnement monstrueux. C'est mal. Pourtant tu ne peux faire autrement. Et tu vois bien que ça embellit ton boulot. Qu'il sort parfait de ces séances desquelles, toi, tu sors dans un état de nerfs improbable.

Mais Ekaterina ne connaît pas cet aspect de ta personnalité. Tu t'es bien gardé de le lui montrer depuis que tu bosses avec elle. Non pas pour faire bonne impression -même si t'es pas mécontent de pouvoir le faire-. Mais parce qu'elle ne t'inspire jamais la moindre colère. Elle ne t'inspire que des choses positives. Des jolies choses. Elle t'inspire la douceur et l'apaisement. T'as alors tout sauf envie d'être désagréable avec elle. Elle ne mérite pas ça. D'autant plus que, pour couronner le tout, elle est délicieusement supportable et parfaitement obéissante dans le travail. Tu peux sentir qu'elle est tout aussi appliquée et impliquée que toi. Que ça lui tient également à coeur de donner le meilleur d'elle même pour sortir des photographies dignes de ce nom. Et c'est bien pour ça que ça fonctionne depuis un an entre vous. En plus du fait qu'elle t'inspire vraiment beaucoup de choses. Un tas de scènes et de mises en situation. Et si ce n'était pas le cas, elle ne serait pas les trois couvertures de ton bouquin de photos.

Elle trempe finalement ses lèvres dans le breuvage devenu tiède, laissant un liseré de café au dessus du contour de ses lèvres. C'est sa langue qui vient rectifier le tir et qui glisse contre sa peau. Et la question la met en déroute. Elle ne peut pas répondre sans trahir ses sentiments. Parce que mentir est hors de question, elle ne saura pas le faire de toutes façons, ça sonnerait forcément faux dans sa bouche. Elle n'a jamais compris comment certaines personnes parviennent à le faire sans sourciller. Elle lève les yeux vers lui. tu donnes juste l'impression de vouloir être parfait tout le temps. Elle espère ne pas le blesser avec une maladresse innocente. Elle n'est pas si naïve que les gens peuvent le penser Ekaterina, elle sait que le bien et le mal cohabitent en chaque individu, ce qui est différent avec elle, c'est qu'elle voit toujours le meilleur. Le plus beau. je sais que la plupart des gens ont des attentes en ce qui te concerne alors ça doit pas être facile parfois. Elle replace une mèche de cheveux derrière son oreille. Il a peur de décevoir ceux qui l'admirent. Besoin d'être exceptionnel sans arrêt mais dans la vie, on peut aussi commettre des erreurs de jugements, on a le droit de se planter. C'est aussi comme ça qu'on grandi, qu'on évolue. enfin, je suis pas la mieux placer pour répondre à cette question. Elle hausse les épaules comme une gamine avant de terminer sa tasse et se rendre près de l'évier pour la déposer à l'intérieur. On devrait reprendre, tu as sans doutes des choses à faire ensuite. Façon détournée de changer de sujet. Parce que la conversation devient presque trop intime et si cette route est empruntée, elle ne parviendra pas à faire marche arrière Ekaterina. Et ces abymes, elle n'est pas prête à y plonger, elles sont trop sombres et trop profondes pour la gosse dont la chanteuse préférée est Pink et qui a une photo de famille en fond d'écran. Trop brutales pour celle qui ne suit même pas les réseaux sociaux. Leurs mondes ne peuvent pas coïncider. Le plus simple c'est de rester ainsi. Alors elle replace discrètement la barrière pour lui faire comprendre que leurs histoires doit rester purement et strictement professionnelle.