Les jours se ressemblent alors que tu pousses enfin la porte de cette satanée école, tu sens cet écho en toi, ce besoin de t’affranchir, tu te laisses beaucoup trop bercer par la douce et gentille Liv ces derniers temps, oh bien sur tu n’es pas de celle qui abandonnerait ses activités annexes, non elles te sont trop précieuses, mais ton aîné à tendance à prendre facilement le dessus, tu t’en félicites souvent, car tu ne veux pas te salir les mains sur bien des points, mais un jour comme aujourd’hui… bon sang ce que tu aurais envie de péter une phalange ou deux.
C’est en vivotant dans les méandres de ces pensées toutes plus perverses les unes que les autres que tu quittes ce joli, tout petit, mignon quartier rempli de gamins puants et adorables… tu en gerberais si tu n’avais pas à glaner de précieux sourires sur les visages de leurs géniteurs, toutes ces poules pondeuses alignées devant leurs SUV de bourges payés par des maris occupés à baiser des petites salopes, sûrement pour certaines, affiliées au Bloody Boys… quelle ironie, ça t’amuse.

Tu hoches la tête, affublée de ton plus doux sourire, accordant quelques saluts silencieux à ces pimbêches mal baisées avant de rejoindre ta propre voiture. À peine la portière refermée que tu arraches presque la porte de la boîte à gants pour en sortir des clopes. « Ces satanés trous de cul vont avoir ma peau... » Tu souffles pour toi même, la solitude de l’habitacle à l’avantage de te permettre de lâcher une partie assez retenue des saloperies que tu as en tête. Tu clopes comme un pompier alors que tu prends la direction du centre. Tu fais partie de ces connasses qui texte en conduisant. Quelqu’un a-t-il un jour réellement pensé qu’il s’agissait d’une attitude de rebelle ? Merde. Tu envoies un message tout aussi charmant que prudent à Robin, sans doute parce que à l’heure actuelle t’as très envie de voir quelqu’un qui te fasse oublier le monde des bisounours et on va pas se mentir, il remplit parfaitement le rôle.
Tu te rends à peine compte que tu as rejoins le Museum Campus, à combien est-ce que tu as roulé au juste ? C’était bien trop rapide… oh et puis tu t’en tapes pas mal. Tu as déjà fait venir Robin jusqu’ici, en tant que mégère qui se respecte, tu apprécies beaucoup de voir les autres se déplacer pour toi… mais pour lui, tu dois bien avouer que tu as trouvé une excuse parfaite à ce petit manège, et oui l’homme n’aime pas qu’on lui donne des ordres alors tu l’as laissé croire que ce n’était qu’une question de discrétion, un endroit public, entouré d’œuvres d’arts et d’édifices de renoms… qui irait soupçonner quoi que ce soit.

Tu as déjà posé ton cul sur un banc à l’écart des quelques badauds faisant jouer des clébards débiles à la balle, putain que tu hais la race humaine certains jours… bon d’accord tous les jours.
Tu n’as pas besoin de tourner la tête pour savoir qu’il est arrivé à côté de toi, les yeux fixés sur une joggeuse en contrebas qui fait quelques étirements.
« Un cul pareil pourrait clairement te rapporter un fric fou. » dis-tu en t’en amusant, le business de Robin t’as toujours amusé, le proxénétisme a ses avantages, même si tu n’aimerais pas te taper la moitié des enfoirés bidonneux que ces pauvres filles voient passer entre leurs cuisses. « J’ai besoin de m’amuser un peu aujourd’hui… et crois-le où non, j’ai tout de suite pensé à toi... » Ton sourire n’est plus ce doux sourire que tu gardes pour les chiards, non celui-ci est clairement provocateur, tu t’amuserais facilement qu’il pète un plomb, parce que tu l’as fait déplacer sans raison valable, mais tu as besoin de jouer avec le monde qui t’entoure pour te sentir un peu vivante et surtout après cette semaine d’enfer angélique.

Old sins have long shadows.
ft @Liv Doherty

Liv est la reine des mystères. Déjà en temps normal elle apprécie grandement offrir un visage angélique à qui pose le regard sur elle. Mais toi, tu as largement eus le temps de constater qu'il en était tout autrement. De voir derrière le masque. De lire et de découvrir la vraie personnalité de la jolie blonde à la gueule d'ange. Dans le fond, elle t'amuse assez. Elle fait mine d'évoluer dans l'ombre de son aîné alors même qu'elle a toutes les capacités pour prendre le dessus. Elle est une petite chef qui se veut discrète pour frapper plus fort encore quand on ose la sous-estimer. C'est pour tout cela qu'elle t'amuse plus qu'autre chose et que tu veilles à la garder du côté de tes alliés. Tu crains plus un retournement de sa part, que de celle de son aîné. Tu ne doutes pas qu'elle saurait manipuler tout son petit monde si l'envie lui prenait. Tu le sais, parce que tu as usé des mêmes stratagèmes il y a dix ans, quand le besoin de prendre le contrôle s'est fait ressentir. Mais tu penses être en mesure de t'assurer la totale fidélité de tes chers acolytes. Liv comprise. Tu te contentes donc de garder un œil sur elle, comme sur tous les autres.

Alors quand elle t'envoie un message pour te proposer un rendez-vous quasi top secret, tu réponds par la positive. Un simple, clair et concis "Ok". Tu ne sais pas vraiment ce qu'elle attend de toi. Tu ne sais pas si elle a réellement un truc à te raconter ou à te demander d'ailleurs. Mais tu ne te fais pas plus prier. Elle a de la chance, tu n'avais rien de prévu dans l'immédiat. Dans d'autres circonstances, tu aurais purement et simplement refusé. C'est finalement à l'heure dite que tu arrives sur le lieu de rendez-vous. Pour trouver la blonde déjà sagement installée. Sagement, en apparence. Tu ne prends pas la parole. Tu te doutes qu'elle est consciente de ton arrivée. Et en effet, elle ouvre la bouche tout de suite. Pour mentionner une jeune femme occupée à faire son sport. Tout naturellement, tes prunelles claires se portent sur le sujet de la conversation. Un joli cul ne suffit pas. Il faut savoir s'en servir. Que tu te contentes de lui faire remarquer. Tu décroches ensuite deux boutons de ta veste, pour ne pas être gêné par le cintrage de celle ci, lorsque tu t'installes à ton tour sur le banc.

Tu sais ... Quand tu t'ennuies tu peux faire comme les gens normaux ... Aller au cinéma, sortir dans un bar, provoquer une bagarre dans le-dit bar ou le quitter en charmante compagnie ... Un soupir feint qui t'échappe alors qu'enfin tu daignes tourner la tête pour poser tes yeux clairs sur son visage.Tes jambes se croisent. Tes mains se lient sur celles ci. Ton regard se fait fixe, froid, impénétrable. Mais tu n'es pas une personne normale, il est vrai. Tu laisses s'installer de façon plus durable, le silence, ensuite. Laissant ainsi droit à la parole à la jeune femme. Lui laissant le temps de s'exprimer. De souffler le fin mot de cette histoire. De t'expliquer la raison pour laquelle, concrètement, elle t'a fait venir. Tu te doutes qu'elle n'attend pas de toi que tu te comportes comme une personne normale, non plus. Après toutes ces années, elle te connait forcément bien assez pour savoir ce qu'il en est de ta personnalité. Et même, de tes passe-temps en général.