Effectivement, elle est passée rapidement des larmes au rire. Oublier rapidement, ça a toujours été un peu son truc. Pour les choses relativement banales, pas pour les sujets plus graves. Oui, elle a passé une sale journée. Oui, elle aimerait bien qu'elle s'achève rapidement. A défaut, passer une bonne soirée peut relever le niveau plus que médiocre de la journée dans son ensemble. Et Stan, avec toute la gentillesse du monde, lui propose ça. Enfin... Boire un verre. Ce qui peut égayer sa fin de journée déjà. Et c'est ainsi qu'ils rejoignent un bar non loin pour se poser et boire un verre donc. Vodka pour elle, bière pour lui. Elle le remercie encore de sa gentillesse et lui offre un sourire. Oui, un sourire en échange d'un verre c'est pas terrible mais hey ! C'est mieux que d'éclater en sanglots une nouvelle fois non ? S'il a eu la gentillesse de lui offrir un verre, la moindre des choses c'est de s'intéresser un peu à lui. Alors, Elsa, comme à son habitude, fait sa curieuse. Non pas qu'elle se sente forcée, loin de là même ! Elsa se sent rarement forcée à faire les choses. Ou à les dire, malheureusement. Pauvre Stan ! S'il savait ! Il est possible qu'il écourte rapidement ce verre...
"Wow ! C'est cool ça !" Dessiner des BD, punaise ça envoie du lourd quand même ! "J'aurai adoré savoir dessiner ! Et elles parlent de quoi tes BD ?" Pour le coup, ça l'intéresse vraiment. Elle a hâte de savoir. Et il se peut même que - dès qu'elle aura récupérer sa carte - elle aille acheter un exemplaire d'une de ses BD. C'est toujours cool de connaitre l'auteur d'un livre ou d'une BD. A lui de faire son curieux maintenant. Mais peut-être que c'est juste par politesse équitable. Peu importe. Elsa lui répond quand même. "J'suis chanteuse. Et musicienne. Et oui, j'viens d'arriver en ville. Faut le temps que je me repère un peu encore." Elle n'a pas forcément envie de s'étendre sur le sujet. Parler d'elle, Elsa n'aime pas trop ça donc si le sujet peut revenir rapidement sur lui - ou autre chose d'ailleurs - ça arrangerait quand même bien la blonde !
L'avantage de ne pas connaître une personne, c'est qu'il y a énormément de choses à apprendre à son sujet. C'est donc tout naturellement le cas avec celle qui se trouve devant toi. Attablée en ta compagnie dans un bar que tu connais et apprécies pas mal. Tu prends le temps de discuter avec elle. De parler boulot dans un premier temps, puisque ça semble l'intéresser. Ce n'est pas si surprenant que ça en soit. Le fait est que tu fais un truc qui est tout sauf commun. Un métier un peu à part et pourtant pas si dingue que ça. Enfin c'est ce que tu penses toi. Tu sais que tout le monde ne peut partager un tel point de vue. Ca dépend des BDs, justement. Je suis inspiré par un peu tous les univers. Je me concentre surtout sur les personnages en eux mêmes. Peu importe l'univers dans lequel je décide de les installer.
Forcément, tu l'interroges bien vite en retour. Curieux d'en savoir un peu plus sur la personne que tu invites à boire un verre. Et qui sait maintenant ce que, toi, tu fais de ta vie. Et elle te répond. De façon un brin expéditif, il est vrai. Pourtant, sa carrière aussi a le don de te rendre curieux. Toi aussi tu as envie d'en savoir plus. Dans les bars ? Dans la rue ? Ou dans des salles de spectacle ? Parce qu'il y a évidemment plusieurs genres d'artistes, même dans un seul et même domaine. C'est la même chose dans le milieu de la bande dessinée d'ailleurs. Probablement que ça l'est dans tout ce qui est boulot artistique. Ce que tu ne sais pas, puisque tu ne prends pas forcément toujours le temps de te renseigner à propos de tout ça. Tu découvres plutôt au fur et à mesure de tes rencontres.
Elsa est vraiment intéressée par le métier de Stan. Dessiner des BD c'est pas commun. Enfin, c'est pas un métier dont on entend parler à tous les coins de rue. Et ce qui est marrant, c'est qu'il n'a pas du tout le profil d'un dessinateur de BD. Et bien évidemment, Elsa le lui dit. "C'est marrant, t'as plus le profil d'un tagueur que d'un dessinateur de BD." Elle se rend compte aussitôt que ce qu'elle vient de dire peut être mal interprété et se rattrape aussitôt. "Enfin j'veux dire que... Baaah..." Oui, elle s'enfonce, clairement. "Désolée... A priori de merde en fait." Et elle éclate de rire, espérant que ça va passer crème et qu'il ne lui en tiendra pas rigueur. Allez hop ! On enchaine ! "Du coup, tu disais que tu te concentrais d'abord sur les personnages. C'est-à-dire ? Une particularité physique ? Un ou plusieurs traits de caractère ? Et comment tu choisis l'univers dans lequel les faire évoluer après ?" Oui, ça fait beaucoup de questions. Oui, Elsa est bavarde. Sauf quand ça la concerne elle. Et comme fallait s'en douter, Stan l'interroge en retour. Elle expédie la réponse. Peut-être trop brutalement. Mais Stan fait sa Elsa et cherche à en savoir plus. Elle ne peut que le comprendre vu qu'elle vient de faire la même chose il y a à peine quelques secondes. Elle sourit d'ailleurs avant de lui donner les réponses qu'il attend. "Avant, salles de spectacle. Maintenant, dans les bars. Enfin... quand j'trouve des contrats. Ce qui est loin d'être évident." Elle hausse les épaules et boit une gorgée de son verre avant de reprendre. "Va falloir que j'me trouve un boulot plus fixe d'ailleurs. Ca commence à être compliqué." Et il en a été un peu témoin avec la carte bleue avalée il y a quelques minutes.
"Toi qui semble bien connaitre la ville, est-ce que tu sais où je pourrai trouver un travail d'appoint ?" Faudrait quelque chose de cool quand même. Avec des horaires pas trop chiants pour qu'elle puisse continuer de chanter parce qu'il est hors de question qu'elle arrête. Mais bon, elle sait qu'elle n'aura peut-être pas le choix si jamais personne ne veut lui donner sa chance. "En tout cas, toi et moi, on est artistes ! Et en tant que tel, on peut dire qu'on met des paillettes dans la vie des gens nan ?" Elle essaie de se montrer drôle, amusante. C'est un trait de caractère qui ressort assez facilement lorsqu'elle ne sait plus quoi dire. Trait de caractère qui tombe souvent à plat faut dire. Son humour n'a que très peu d'amateur en vérité. Mais c'est pas comme si ça la perturbait puisqu'elle continue d'essayer encore et encore et encore.
Il en faut pas mal pour te vexer. Et surtout, tout le monde n'a pas le pouvoir de t'atteindre. Alors quand la jeune femme t'annonce sans prendre de gants, que tu as plutôt le profil d'un tagueur, tu ne trouves rien à redire. Tu te contentes même de hausser les sourcils en la regardant avec un peu de sérieux pour le coup. Comment ça ? Ils ressemblent à quoi les tagueurs ? Que tu l'interroges très sérieusement et presque tout à fait intéressé par la question. Parce que si elle a une image bien arrêtée sur ces personnes, tu es curieux de connaître précisément la description qu'elle pourrait bien en faire. Enfin, de toute façon, ça reste dans le domaine de l'art. A moins qu'elle ne t'imagine seulement être du genre à taguer de sacrés conneries sur les façades des immeubles en ville. Et dans ce cas là, effectivement, elle se plante sur toute la ligne. Et un autre que toi se serait probablement vexé. Mais ça ne sera certainement pas son cas alors elle n'a pas à s'inquiéter ! Dans le pire des cas, si elle va trop loin, tu attrapes son verre quand il est là et tu te le siffles sans tourner autour du pot tiens. Belle punition en perspective.
Par contre, t'es sacrément pris de court par le flot de questions qu'elle a pour toi. Des gens qui s'intéressent à ton métier parce qu'il semble atypique, tu en as déjà rencontré un paquet. Mais des gens qui posent autant de questions et surtout, des questions aussi précises que le sont celles ci, tu n'as jamais vraiment connu. Raison pour laquelle tu restes silencieux pendant un petit moment. Pour prendre le temps de tout assimiler. Puis de réfléchir. Puis de rire aussi. Quand tu réalises qu'elle est vraiment sérieuse jusqu'au bout, par dessus le marché. Non vraiment, tu n'as pas l'habitude d'autant. Disons que j'ai d'abord des idées de personnages. Et qu'ensuite, une fois que j'ai tout assimilé et mis en place, je vois dans quel genre d'univers j'ai envie de les installer et de les faire grandir. Autant dire que toi tu fais ça complètement à l'envers. Mais c'est ta façon de fonctionner et ça ne t'a jamais défaut. Alors pourquoi t'en inquiéter et vouloir changer ce processus ? C'est tout naturellement que la conversation se tourne ensuite vers elle. T'es curieux d'en apprendre plus à son sujet, toi aussi. Alors tu l'interroges et elle accepte de t'éclairer un tant soit peu. Tant pis si elle tente de faire court, toi tu veux savoir alors tu continues. Oh tu sais, les bars ça embauche assez facilement. Quand j'ai besoin d'arrondir les fins de mois, je fais ça. Il faut dire que tu sais mettre l'ambiance aussi. Et elle devrait avoir le même talent, au vu de la plaisanterie qu'elle t'offre et qui te fait plus plisser le nez que rire. Je parlerais bien de rêve ... Mais des paillettes ? Sourire quand même amusé au coin des lèvres.
Comme d'habitude, elle a parlé trop vite la blonde. Les paroles qui dépassent la pensée. Le besoin irrémédiable de parler, de déblatérer n'importe quelle connerie. Elle se sent tout à coup gênée d'avoir dit ces mots là. Comme d'hab, quoi. "Baaah... Ils ressemblent à.. euh... des rebelles." Pas très clair comme réponse. Pas très précis non plus. Elle se rend compte de sa connerie et se met à éclater de rire. "Mais j't'ai dis. C'est des à priori de merde. Un dessinateur de BD ressemblerait plutôt à un mec avec des lunettes, un look débraillé, style ado. Et un tagueur à un mec tatoué, habillé tout en noir avec le regard sombre comme s'il était en colère contre le monde entier." Elle arque un sourcil et affiche un sourire en coin. "Tu vois ! Idée à la con !" Et elle assume totalement ce qu'elle dit. Fâcheuse manie que de vouloir mettre tout le monde dans des cases ou des paniers. Elle espère simplement que son éternelle franchise/spontanéité ne mettra pas un terme trop rapide à la soirée. Il ne semble pas vexé pour le moment mais tout peut changer en une seconde vu l'explication foireuse qu'elle vient de lui donner. "Mais oui, ça reste de l'art !" Sur ça, elle ne le contredira pas. C'est effectivement de l'art. Et pour elle, être un tagueur n'est pas forcément péjoratif d'ailleurs. Le tag peut être de manières différentes. De petits gribouillis ou signatures simples à de belles oeuvres d'art.
Quand elle se met à lui poser des questions sur le métier de dessinateur, il reste silencieux un -long- moment avant de lui répondre. Au départ, elle pense que ce n'est pas forcément bon signe. Peut-être qu'il croit qu'elle veut lui piquer ses idées ? Et pourtant, il n'a clairement rien à craindre. "Pas commun comme façon de faire mais sympa quand même !" Et puis après tout, il fait comme il veut ! "Et tes BD ont du succès ? Ca fonctionne bien ? Parce qu'il y en a des centaines voire des milliers des BD quand même !" Et dans des univers totalement différents aussi. "Tu te cantonnes à un seul univers ou tu en explores plusieurs ?" Et là, elle se dit qu'elle est peut-être trop curieuse. "Désolée, j'te pose beaucoup de questions. T'es pas obligé de répondre tu sais." Et sûrement qu'il le sait d'ailleurs. Enfin, non. Il n'en sait rien. Encore une fois il fait ce qu'il veut. A son tour de raconter un peu sa vie mais elle fait court Elsa. Elle n'aime pas parler d'elle alors elle essaie de contourner un peu le sujet. "Ah ouais ? Cool ! J'irai voir alors." Mais pas aujourd'hui. Pas ce soir. Vu la journée qu'elle vient de passer, ce serait à coup sûr raté ! Les bars y'en a pas mal dans le coin ou au pire, dans la ville. Elle aura tout le temps d'en faire le tour. Demain... Ou un autre jour. "Rêves... Paillettes... C'est du pareil au même non ? On met des couleurs dans leurs vie ! Toi avec tes BD et moi avec ma musique !" Mais oui. On va dire que c'est pareil !
Tu as un peu de mal à saisir ce qu'elle entend par tout ça, la blonde que tu viens tout juste de rencontrer. Mais très vite, tu comprends surtout qu'elle est du genre à se faire une idée bien précise sur les gens, avant même de les connaître. Qu'elle se base sur leur apparence et qu'elle émet des jugements de valeur très vite. Tout ton contraire en soit. Tu ne pars jamais avec le moindre à priori. Tu aimes trop découvrir les gens. Et surtout, tu sais qu'une apparence ne veut vraiment pas dire grand chose. Qu'il n'est donc pas utile du tout de se faire une idée sur quelqu'un, aussi vite que ça. Alors j'ai l'air en colère contre le monde entier ? Que tu répètes, sans dissimuler le fait que tu sois perplexe. Tu corresponds au reste de la description. Bien que malgré les yeux foncés qui sont les tiens, tu ne penses pas avoir le regard sombre qui pourrait aller avec le reste de ton apparence. Loin de là. Tu aimes beaucoup trop les gens pour ça, dans l'ensemble. T'es le type le plus sociable qui soit, même. La preuve, tu as invité une parfaite inconnue à boire un verre, juste pour que sa journée prenne enfin une note plus positive.
Tu t'apprêtes à répondre à la question qu'elle te pose ensuite, quand elle t'en balance d'autres. Trop pour que tu ais finalement le temps d'en placer une. Et ça te surprend. D'habitude c'est toi qui fais preuve de trop d'énergie et de curiosité. Et du coup, tu ne peux t'empêcher de te demander si c'est toujours aussi éprouvant pour les gens, ou pas. Woah ... Ca fait surtout un sacré débit de mots à la minute ... Que tu ne peux t'empêcher de faire le constat à voix haute. Exprimant ainsi tout à fait la surprise qui est la tienne. Je ne m'en sors pas trop mal oui. En tout cas, je me suis fait un nom dans le milieu de la BD. De là à dire que t'es connu en dehors, non, bien sûr que non. Et j'explore plusieurs univers, oui. C'est plus ou moins ce que tu viens déjà de dire. Mais elle était sans doute trop occupée à réfléchir aux prochaines questions. Toi aussi tu as des phases durant lesquelles tu es plein d'énergie et de folie comme elle l'est là. Mais pas là. Soit parce que tu es en train de rejoindre un phase nettement moins drôle. Soit parce qu'elle a le don de te pomper toute ton énergie. Tu n'en sais rien.
A sa question, elle plisse les yeux tout en le regardant. "Bah nan en plus. T'as pas l'air en colère contre le monde entier. Tu as plutôt l'air triste. Mais tu as ce petit regard pétillant caché pas loin derrière tout ça quand on te regarde vraiment." Elle lui sourit, hausse les épaules et boit une nouvelle gorgée. "Tu vois ! A priori de merde. Et foireux !" Surtout foireux en vérité puisque finalement elle le décrit d'une façon encore différente que celles qu'elle vient d'énoncer. Vraiment chelou cette meuf. Depuis sa rupture avec son ex, elle doit avoir des neurones qui l'ont quittés également. C'est pas possible ! En tout cas une chose qui ne l'a jamais quitté, c'est sa curiosité maladive. L'envie - le besoin compulsif plutôt ouais ! - de poser tout un tas de questions aux gens qu'elle connait à peine. Et le pauvre Stan ne fait pas exception à la règle. Elle ne s'en rend même pas compte Elsa que toutes ces questions peuvent gêner, peuvent être chiantes, ou trop indiscrètes. Elle s'en rend compte toujours trop tard. Et surtout quand on lui fait remarquer à vrai dire. Comme là, encore une fois. C'est Stan qui lui parle de son débit de parole. Aussitôt, elle entre sa tête entre ses épaules, rougit légèrement et se cache tant bien que mal derrière son verre qu'elle boit sans s'arrêter. Elle ne sait plus où se mettre et se contente finalement d'un "Cool !" avant de regarder ailleurs l'espace d'un instant. Elle parle trop, elle le sait. Et ça fait peur aux gens. Aux gens normaux quoi. Et c'est bien normal.
Un silence étrange s'installe alors et Elsa se dit que ce serait peut-être bien le moment de filer. Elle sourit en voyant un couple entrer dans le bar. Qu'est-ce que ça lui manque putain... Son ex, oui, bien entendu. Mais pas seulement. Ce besoin de réconfort, de se sentir en confiance, aimée. Un 'simple' câlin fait tellement du bien de temps en temps. Et voilà, ça y est, elle divague encore et part dans ses pensées. C'est la serveuse qui passe non loin d'eux en criant qui la fait sursauter et revenir à elle. A eux. Son regard se porte de nouveau sur Stan. "Merci beaucoup pour le verre. C'était très gentil de ta part. Je ne vais pas t'embêter plus longtemps." La journée a été rude pour la blonde qui ne rêve que d'une bonne douche et d'aller se coucher. Si elle avait eu de l'argent, elle se serait sûrement soulée la gueule pour finir à tirer un coup dans les chiottes probablement dégueu de ce bar - ou pas. Cela n'aurait donné rien de bon. Finalement, c'est peut-être pas plus mal. Se levant, elle fouille dans son sac pour en sortir un bout de papier sur lequel elle écrit un numéro. Le sien, oui. "Tiens. C'est mon num. Quand j'aurai de nouveau accès à ma carte... j'aimerai te renvoyer la pareille et t'offrir un verre aussi. Appelle moi dans quelques jours si tu veux." Elle lui laisse le choix, elle ne le force pas. Surtout pas. Jamais. Elle sait qu'elle peut s'avérer chiante, qu'elle peut faire flipper aussi avec sa curiosité maladive et ses mille questions minute alors elle laisse souvent le choix aux autres de la rappeler. Ou non. Bien entendu, peu de ces personnes la rappellent et elle le comprend très bien. " A bientôt !"
Elle quitte alors le bar non sans un sourire pour son bienfaiteur du soir. Vraiment gentil ce garçon. Elle n'a pas voulu développer plus, non. Elle se sentait mal. Pourtant, il avait l'air sympa. A voir s'il la recontacte ou pas. Une fois dehors, Elsa constate que la pluie s'est arrêtée et ça lui donne le sourire. La soirée se termine pas trop mal finalement. Elle commence alors à marcher pour regagner son logement mais le mauvais karma du jour avait décidé que non, ce n'était pas terminé. S'arrêtant un instant pour s'allumer une clope, Elsa ne voit pas qu'elle est juste à côté d'une énorme flaque d'eau. Et ce qu'elle ne voit pas non plus, c'est la voiture qui arrive un peu trop vite et ... Oui ! Evidemment ! La voiture roule à fond dans la flaque d'eau gigantesque et asperge Elsa de la tête au pieds. Et dire qu'elle était à peu près sèche. Criant sa surprise, elle reste quelques secondes les bras levés et les yeux fermés, se demandant si tout cela n'était pas un cauchemar en fait. Mais non, il semblerait bien que non. "MAIS C'EST PAS VRAI !!! AAAAH !!!!" Jetant sa clope trempée par terre, serrant la mâchoire, elle se dit que l'idée de rentrer chez elle s'impose plus que de raison. Espérons aussi que Stan n'avait pas décidé de sortir à ce moment-là...
Soit. Elle est typiquement le genre de personne que tu as pour habitude de fuir. Parce qu'elle est capable de voir trop de choses dans un regard. Et parce que par dessus le marché, elle est quand même tombée dans un moment où tu n'es pas en train de faire le joyeux luron qui veut à tout prix amuser la galerie entière. Ce qui ne t'arrange pas non plus des masses, il faut bien le dire. D'habitude t'es celui qui fait le con juste pour le plaisir de voir les autres rire à en pleurer. Mais t'es typiquement le clown triste qui fait rire les autres pour ne pas montrer qu'au fond, il vit dans l'obscurité la plus totale et complète qui soit. Tu ne peux pas montrer tout ça. C'est hors de question. Et pas même devant une illustre inconnue qui n'a déjà vu que trop de choses à ton goût. Vous avez vu tout ça en si peu de temps ? Tu tentes la carte de l'humour avec un petit sourire au coin des lèvres. Mais tu n'es pas sûr que ça suffise à rectifier le tir.
Très vite, elle se perd dans un flot quasi ininterrompu de questions. Elle t'interroge sur tout un tas de trucs presque sans queue ni tête et sans logique. Et toi ça te fait hausser les sourcils de surprise. Même si ça t'amuse, tu ne manques pas de lui en faire la remarque. Ce qui a pour effet de la faire rougir et rentrer la tête dans les épaules. Oups. Et tu la vois ensuite avaler son verre presque d'une traite. Tu ne dis rien. Tu te contentes de la regarder faire, vaguement amusé. Pour finalement la voir reposer ensuite son verre vide sur la table. Elle enchaîne pour t'offrir son numéro de téléphone. Tu ne sais pas si tu vas vraiment la rappeler ou non. Peut-être que tu le feras, mais pas pour qu'elle t'offre un verre en retour, dans un contexte de ce genre. Plutôt pour qu'elle se joigne à toi et à ta joyeuse bande d'abrutis, pour une soirée.
Pas de problème ! Que tu te contentes donc de lui répondre en glissant quand même ce fameux bout de papier à l'abris, dans une poche de ta fine veste de mi-saison. Aussitôt qu'elle a le dos tourné, toi tu attrapes ton verre pour le terminer à ton tour. Tu files régler pour vos conso et au moment où tu atteins la porte pour sortir de là, tu vois le drame se produire. Parce que c'est bel et bien un drame. Re-oups. Elle n'a pas exagéré concernant la journée pourrie qu'elle passe. C'est même à se demander si ça ne va pas être de pire en pire encore. T'es vraiment peiné pour elle là. Et même si tu as déjà fait quelque chose pour elle, t'es tenté de faire bien plus encore. T'habites loin ? Parce que franchement, à ce rythme là j'peux te proposer de te déposer ... Que tu proposes, mine de rien, une fois à ton tour sur le trottoir.
Elle ne pense pas savoir lire dans le regard des gens Elsa. Elle parle surtout plus vite qu'elle ne le voudrait. Et bien trop souvent, ça lui porte préjudice. Et quand elle dit à Stan comment elle le voit, elle est sûre qu'elle se plante totalement. Comme souvent, bien trop souvent même mais elle ne préfère pas en rajouter. Le pauvre... Lui, il n'a rien demandé ! Il a juste porté secours à une pauvre fille en détresse et le voilà empêtré avec une nana qu'il doit prendre pour une cinglée. Ce qui n'est peut-être pas totalement faux... Il décide de se la jouer cool pourtant et elle fait de même. "Ouais ! Tout ça en si peu de temps ! Mais j'ai les idées embrumées ce soir alors faut pas m'en tenir rigueur !" Juste histoire que ça le rassure. Ou pas d'ailleurs. Et si jamais ça le rassure un peu, ce n'est que de courte durée puisqu'elle se remet à parler... parler... parler... et poser tout un tas de questions. Putain ! Ce toc de merde là ! Combler le vide !? Mais pfff ! STOP ELSA ! Mais non, c'est trop tard, tout est déjà sorti. Heureusement qu'il semble avoir le sens de l'humour sinon il aurait très certainement déjà pris la fuite le petit ! Et là, renversement de situation, c'est elle qui se sent gênée. Elle a enfin compris qu'il fallait qu'elle s'arrête et préfère, du coup, arrêter là totalement en s'en allant rapidement. Son numéro de téléphone déposé sur un bout de papier sec trouvé dans son sac et Elsa le remercie avant de filer.
Et alors qu'elle sort, elle secoue la tête en se maudissant. Pourquoi est-elle ainsi avec les gens ? Et surtout avec ceux qu'elle connait à peine ? Aucune idée. Elle sait très bien qu'il ne la rappellera jamais. Et elle ne peut que le comprendre. Elle ferait pareil à sa place. Elle fuirait aussi loin que possible. La journée pourrie qu'elle vient de passer semblait toucher à sa fin. Il ne lui restait plus qu'à rentrer chez elle, se prendre une bonne douche et dormir. Mais non ! C'était sans compter son putain de karma de merde du jour ! Une seule flaque sur tout le trottoir, une seule ! Et c'est pour sa pomme ! Maudissant la terre entière et voulant pleurer encore une fois, c'est finalement la colère qui l'emporte. Elle va péter un câble c'est certain. Mais ... encore une fois, son sauveur du soir n'est pas loin et lui propose de la ramener chez elle. Dépitée, les épaules au plus bas, elle le regarde avec un maigre sourire alors que son maquillage lui donne un air de panda. "T'as peur pour moi à ce point ?" Un petit sourire s'affiche et elle montre du doigt une rue. "J'habite à deux rues d'ici. Par là." Et elle commence alors à marcher dans cette direction. Ce qui, oui, signifie qu'elle veut bien qu'il la ramène chez elle. Croisons les doigts pour que rien d'autre n'arrive d'ici là !
Impossible de ne pas remarquer que cette fille là n'a vraiment pas de chance. Tu ne sais pas si ça ne date que d'aujourd'hui ou s'il y a vraiment quelque chose de particulier aujourd'hui. Mais ta certitude, c'est qu'il y a au moins quelque chose qui cloche pour aujourd'hui et que tu peux tenter de l'aider encore un peu. Ce n'est pas comme si tu te forçais. Ce n'est pas non plus comme si sa tendance à en faire beaucoup trop, t'était tout à fait inconnue. Toi même tu es toujours dans l'excès. Même si tu l'es moins quand tu te promènes seul en ville comme ça, que quand tu es en soirée et entouré de tout un tas de gens. Plus il y a de personnes autour de toi et plus tu en fais des caisses et des caisses. En soit, rien d'anormal donc. Si ce n'est qu'en général, après de telles montées comme ça, tu chutes extrêmement bas. Mais pas d'inquiétude pour ce soir. Tu le sens quand tu risques de retomber. Tu vois venir la chose et tu peux ainsi d'autant plus aller te planquer dans un coin pour toi tout seul, où personne ne verra et ne saura rien. Si ce n'est ceux qui s'étonneront alors de ta "disparition".
Pour ce soir donc, tu vas pouvoir jouer au gars bien qui vient aider la jeune femme tout à fait en détresse. Elle te fait quand même de la peine, tu dois le reconnaître. Elle a l'air paumée dans cette ville immense. Et vachement énervée aussi. Elle semble hésiter entre plusieurs émotions et c'est finalement la colère qui prédomine. Soit. La chose ne t'empêche pas de débarquer une fois de plus pour lui proposer de la raccompagner. Disons que je commence à croire qu'il pourrait encore t'arriver des merdes si tu restes toute seule ... Enfin soit, le fait que tu sois à ses côtés pourrait bien ne rien y changer du tout. Mais dans le doute, tu veux quand même voir si tu ne peux pas l'aider un tant soit peu. Elle a quand même l'air sympa et tu t'en voudrais s'il lui arrivait un vrai malheur. Tu ne penses pas qu'elle le mérite. Soit, ton aide pourrait bien ne rien apporter du tout. Mais dans le doute, t'as envie d'être là pour voir par toi même. Alors allons-y. Mains dans les poches et prêt à affronter de nouveau la pluie, tu la rejoins sur le trottoir et fais en sorte d'être à sa hauteur alors qu'elle s'est éloignée la première.
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