J'ai du mal à m'en remettre. Et pourtant cette fois, je n'ai pas assez bu pour mettre la faute sur l'alcool. Il suffit que je le vois pour que je ressente une envie infernale de lui rentrer dedans. Par les mots comme par les gestes. C'est chose faite et au lieu d'être satisfaite, j'ai comme un goût d'inachevé. C'est assez perturbant. Quand il se retire, je ressens le vide entre mes cuisses et l'air frais qui s'immisce contre ma peau. Je m'habille rapidement, tentant d'oublier que je ne porte plus de sous-vêtements puisque ma culotte fait partie des victimes collatérales. La portière côté passager s'ouvre à côté de moi et je croise rapidement le regard de Raylan qui ne laisse pas de place à la discussion. Je pourrais discuter et proposer de prendre ma voiture pour ne pas être obligée de venir la chercher plus tard. Mais on sait tous les deux que si je fais ça, je rentrerai directement chez moi au lieu d'aller chez lui. Je m'installe sur le siège et claque la porte, posant ma tête sur l'appui derrière moi et pousse un soupir. Toujours zéro mot d'échanger. On est dans un genre de brouillard et aucun de nous ne sait quoi dire. Il démarre finalement et je sursaute presque lorsqu'il finit par frapper le volant. "Tu crois que moi, j'ai la réponse ?" Je suis tout aussi paumée que lui. Si ce n'est plus encore. J'ai toujours été droite dans mes baskets, tout ce que je fais, je l'assume. Mais là ? J'ai autant aimé que regretté notre précédente nuit ensemble. Cette baise rapide dans le parking ? Elle fait partie de mes meilleures parties de jambe en l'air et encore une fois, je déteste que ce soit le cas. Rien chez cet homme ne devrait m'attirer. Même son physique ne fait pas partie de mes critères à la base. J'ai jamais voulu d'un bad boy moi. Je n'ai pas envie de figurer sur le tableau de chasse de Don Juan des temps modernes. Je n'ai clairement pas prémédité tout ça et si on pouvait m'expliquer ce qui ne tourne pas rond chez moi, j'en serais vraiment reconnaissante. Pourquoi je fonds dès qu'il me dit ouvertement qu'il a envie de moi ? Ça devrait relancer ma colère et mes instincts de féministe. A la place, j'ai les mains moites et les jambes qui se serrent parce qu'entre mes cuisses, les braises recommencent à s'enflammer. "Dès que je te vois, j'ai envie de t'arracher les yeux et d'enlever ce sourire arrogant de ton visage." Je mime même un objet invisible que je pétrirai entre mes doigts. "Tu m'insupportes. Tu me fais péter les plombs comme personne. Et pourtant..." Je râle en me remettant droite dans mon siège et en passant une main dans mes cheveux. "Et pourtant.. putain, j'ai encore envie de toi." Je finis par le dire et je me sens soudain plus légère. Comme un poids qu'on m'a ôté des épaules. "T'attends pas à entendre ça souvent Skylar. Alors profites-en bien." Maintenant, j'aimerais qu'il nous conduise quelque part, peu importe où. Je n'ai pas envie de baiser dans sa voiture comme des animaux incapables de se maîtriser. Je lâche son regard et le pose sur la fenêtre pour regarder dehors. Il y a toujours de l'électricité dans l'air et j'ai bien l'impression que cette tension autour de nous va durer un moment. Quoi qu'on fasse.