Old sins have long shadows.
ft @Aaron Casteel

Tes doigts tapotent la surface lisse du comptoir, à un rythme régulier et répétitif. Les avant bras posés dessus, le regard fixé sur les portes qui coulissent de façon suffisamment régulière à ton goût. Tu observes les personnes qui en passent le seuil, sans faire le moindre commentaire. Les couples qui se forment le temps d'une heure ou deux qui arrivent et filent disparaître dans une chambre ou une autre. Tu découvres quelques nouveaux visages au passage. Des filles et des garçons nouvellement recrutés par tes hommes. Tu les regardes passer en silence, toujours. Avec ton Vice-Président installé un peu plus loin. Il veille sur tes arrières. Vous êtes tout autant aux aguets, l'un que l'autre. Ta place ne te permet évidemment pas de vivre simplement, sans te soucier de ce qui pourrait t'arriver. Depuis le temps, ça ne fait aucun doute que bon nombre de personnes veulent ta tête. Et ça fait partie de toutes ces petites choses qui ne sont pas faites pour te déplaire. Pour le coup, tu apprécies bien cette sensation relativement stressante. La dose d'adrénaline que cela te procure, est faite pour te plaire. Tu te dopes à ça. C'est la drogue la plus dure que tu consommes d'ailleurs.

Tu patientes suffisamment longtemps à l'entrée de cet hôtel, pour apercevoir quelques personnes qui filent en sens inverse. Un client au pas pressé. Suivit, quelques minutes plus tard, par un jeune homme que tu n'as jamais vu. Hey petit ! Approche ! Que tu l'interpelles aussi tôt. Tu ne l'as jamais vu encore. Mais tu te renseignes toujours sur les nouvelles recrues. Avec l'aide de tes lieutenants, la plupart du temps. Qui montent des dossiers bétons sur chaque personne qui rejoint vos rangs. Pour le cas où ces personnes seraient un jour prises de l'envie d'esquinter les Bloody Boys auprès des autorités. Vous avez toujours de quoi les faire chanter. Dans le cas contraire, c'est qu'il s'agit d'âmes en peine et solitaires, qui n'ont aucune raison de vouloir vous faire un coup bas. Qui perdraient tout s'ils vous perdaient vous. Tu es Aaron, c'est bien ça ? Tu te redresses. Quittant la surface lisse du comptoir, de tes bras, pour pivoter et faire face au gamin. Tu le sais qu'il s'agit là de votre plus jeune recrue. Tu n'as d'ailleurs pas apprécié d'apprendre qu'il était mineur lorsqu'il a été récupéré dans la rue. Mais aujourd'hui il est majeur.

Old sins have long shadows.
ft @Robin Hartwood

Il n'était plus à la rue mais à quelle prix. Au prix le plus fort. Aaron n'avait plus peur. Il s'était résigné et puis c'était toujours mieux qu'à la maison. Malgré un job qui n'était pas le plus gratifiant, il réussissait à avoir de l'attention, chose qu'il n'avait pas eu depuis enfant. Drôle de destin pour un Casteel. Si son père le voyait, il deviendrait fou. Peut être qu'il lui apporterait de l'attention?  Non, il aurait honte et le laisserait définitivement tomber. Pourtant c'était de sa faute, tout était de sa faute. Au fond de lui, Aaron ressentait de nouveau toute la colère qu'il avait eu pendant sa fugue. Pourtant, il ne montra rien, et encore moins au client avec qui il était. Il devait rester professionnel mais il avait bien du mal. Parfois, il acceptait ce job sans broncher et d'autre fois, il ne mettait aucune ardeur à la tâche. Il laissait le temps s'écouler, se détestant pour la vie qu'il avait mérité. Et pour une fois, il trouvait le temps long. Pour une fois, il ne voulait pas être ici mais ailleurs, encore un peu effrayé par le job qu'il faisait. Malgré ses 18 ans révolus depuis deux mois, il avait l'impression d'être encore cet adolescent, qui ne connaissait rien à la vie. Mais que la vie avait piégé.

Il fut soulagé quand ce fut la fin, en espérant que le client n'ait rien remarqué. Aaron avait surtout peur de retrouver la rue, il ne se voyait pas rentrer à la maison, il avait bien trop peur. Il avait toujours cette culpabilité en lui, auquel s'ajoutait la honte. Il était perdu, un peu mais au moins, ici, il avait une certaine sécurité. Et ce n'était pas plus mal. Le client sortit de la chambre et Aaron l'accompagna après avoir remis ses vêtements, à son tour. Aaron était tellement soulagé. Peut être qu'il allait avoir un peu de répit pour au mois reprendre ses esprits et ne pas montrer sa mauvaise volonté ou alors sa peur.  Soudain, quelqu'un l'interpella. Il leva son regard et le posa sur l'homme qui venait de parler.  Aaron s'approcha, sans rien dire. L'homme lui posa une question et il finit par répondre:

"Oui, c'est bien moi , Aaron.."

Il avait un peu peur, mais son visage ne montrait rien. Il devait se prouver à lui même qu'il pouvait être adulte et agir en tant que tel.

Old sins have long shadows.
ft @Aaron Casteel

Tu attends patiemment le départ de quelques nouvelles têtes que tu es décidé à prendre le temps de rencontrer. C'est une façon comme une autre de fidéliser les personnes qui travaillent pour toi. Et surtout, tu es réellement curieux de voir qui bosse pour toi. Qu'importe que ces personnes soient largement inférieures à ta petite personne. Elles comptent quand même. Elles te rapportent un paquet d'argent et ce n'est pas négligeable. Alors tu prends le temps, pour la première fois depuis un petit moment. Tu patientes à l'accueil de l'un de tes nombreux hôtels, prêt à faire la rencontre des dernières recrues. C'est ainsi que tu tombes, plus ou moins, nez à nez avec un gamin. Que tu sais être le plus jeune de la bande. Un gringalet à l'air un peu paumé. Il confirme tout de suite son identité, après s'être arrêté pour poser son regard sur toi. Tu demeures silencieux durant de longues secondes, le regard toujours bloqué sur son visage qui exprime aussi peu de choses que le tiens. Finalement, tu lui offres un vague hochement de la tête. De haut en bas. Pour lui signifier que tu as bien entendu sa réponse. Que tu prends en compte cette confirmation.

Je m'appelle Robin Hartwood. Je suppose que tu sais qui je suis. Que tu finis par te présenter à lui. Bon nombre des recrues n'ont jamais eut le plaisir -ou déplaisir- de te rencontrer en chair et en os. Mais tous connaissent ton identité. Tous savent que, de façon plus ou moins directe, ils ont des comptes à te rendre. Toi, le millionnaire tout en haut de la chaîne alimentaire en ce qui concerne la ville de Chicago. Toi qui étales chaque semaine un peu plus, ton empire au delà des frontières de cette grande ville. Te voilà désormais implanté un peu de partout au travers des Etats-Unis. Ton rêve le plus fou serait d'avoir un pied à terre dans tous les pays frontaliers. Tu veux croire que ça finira par arriver. Tu es bien assez ambitieux et avide de toujours plus d'argent, pour pouvoir te permettre de croire cela possible. Ça s'est bien passé ? Que tu l'interroges en désignant d'un vague mouvement du menton, l'endroit duquel il vient. Tu ne veux pas les détails. Tu fais simplement mine de te soucier de son bien être, dans un premier temps.

Old sins have long shadows.
ft @Robin Hartwood

Il se posait énormément de questions, et il s'angoissait aussi. Peut être que finalement le client avait remarqué et qu'il s'était plaint. Mais ce n'était pas la faute d'Aaron. Il était bien encore trop jeune pour refouler ses sentiments et ses craintes au plus profond de lui. Et il se posait toujours trop de questions, pensait souvent aux Casteel avec la crainte de tomber sur l'un d'eux, un jour. Mais Aaron tentait de rester digne et de ne rien montrer, c'était ça être adulte n'est-ce pas? L'homme se présenta à son tour et le nom fit tilt au jeune Casteel, bien sûr qu'il savait qui il était et il avait des raisons pour s'angoisser un peu plus. Pourtant, il secoua la tête pour confirmer qu'il connaissait son nom. Il devait rester lui même et ne pas montrer sa nervosité. Il savait qu'il pouvait y arriver, il avait caché bien des choses à sa famille, en se taisant. Mais il n'arrivait jamais à mentir. Son frère savait toujours quand ça n'allait pas à l'école parce qu'il n'arrivait pas à rester sûr de son mensonge très longtemps.

Lorsque Robin demanda si ça s'était bien passé, Aaron était tout d'un coup moins sûr de lui. Est-ce que c'était si grave de ne pas avoir été si souriant ou aimable avec le client? Aaron ne préférait pas poser la question. Et il pouvait toujours essayer de mentir. Il pouvait toujours essayer de faire semblant mais il n'était pas sûr d'y arriver. Qui ne tentait rien n'avait rien et Aaron devait tenter le tout pour le tout. Après tout, on pourrait lui pardonner vu son jeune âge. Il tentait tant bien que mal à se rassurer. Puis il répondit :

- Oui.. Oui , très bien...

Il avait menti et maintenant sa nervosité ne faisait qu'empirer. Il déclencha sans le savoir son tic de se toucher les cheveux comme s'il voulait les remettre en place. Il tenta de rester neutre mais il se sentait au bout de ses dernières volontés pour ne rien afficher. Et pourtant, il restait droit. L'homme n'était pas son père et s'opposer ou avoir une crise de doute devant lui, n'était pas une bonne idée.

Old sins have long shadows.
ft @Aaron Casteel

Tu l'observes avec un intérêt certain. Avec beaucoup de curiosité au fond du regard. Tes prunelles bleues se font particulièrement impénétrables alors que tu continues de le regarder. De l'analyser pleinement. Tu tentes de lire en lui, sans le connaître. De comprendre s'il est sincère ou non. Tu tentes de deviner ce qu'il ne dit pas. De lire dans ses silences. D'entendre les non-dits. Les gestes nerveux trahissent les mensonges. Que tu lui fais remarquer d'une voix qui se veut douce, alors qu'il perd ses doigts dans ses cheveux. Je n'aime pas le mensonge. Que tu tiens à préciser, les sourcils froncés et le regard toujours posé sur lui. Tu ne le quittes plus des yeux. C'est une façon comme une autre de marquer le coup de pression. De le faire craquer,certainement. Dans les faits, tu n'as pourtant pas l'intention de le punir ou de le gronder à propos de quoi que ce soit. Suis moi ! Ordre que tu grondes avant de pivoter pour te diriger du côté d'une porté qui donne sur un semblant de salle de pause pour les employés de l'hôtel.

Tu ne vérifies pas s'il t'obéit ou non. Tu sais ton vice président aux aguets. Et prêt à le retenir s'il lui prenait l'envie de vous fausser compagnie. En revanche, tu lui tiens la porte ouverte une fois toi même à l'intérieur, pour lui faire saisir que ton ordre n'admettra pas la moindre réponse négative. Assieds-toi ! Désires-tu quelque chose à boire ? Le ton de ta voix passe facilement de l'ordre à la gentille invitation. Toi même tu peines à te suivre et à savoir où tu te situeras la minute d'après. Ta seule certitude à cet instant, c'est que tu n'as pas l'intention de lui faire passer un sale quart d'heure. Le client que tu as vu quitter l'hôtel quelques secondes avant que le gamin n'apparaisse, n'avait pas l'air particulièrement agacé, déçu ou énervé par la prestation à laquelle il venait d'avoir droit. C'est donc tranquillement que tu te fais couler un café. En posant tes fesses contre le meuble pour pouvoir faire face au gamin. J'ai appris récemment que tu avais commencé à travailler pour nous alors que tu étais encore mineur. Ce n'est pas vraiment quelque chose que je cautionne, non plus.

Old sins have long shadows.
ft @Robin Hartwood

Aaron se sentait de plus en plus nerveux, si c'était un test, il l'avait sûrement raté. Mais il tentait toujours de tenir bon. Ce n'était plus le cocon doré de l'appartement Casteel. C'était un terrain encore inconnu pour Aaron. Alors il devait faire profil bas, et faire comme à la maison, ne pas se faire remarquer. Mais apparemment c'était trop tard. Sa nervosité l'avait trahi. Aaron se mordit les lèvres et il répliqua:

- Je... je n'ai pas menti!

Il aurait presque les larmes aux yeux, le petit Casteel. Et il se demandait bien comment il pourrait expliquer son ressenti. Ca passerait presque pour un caprice de gosse riche qui en avait assez et qui voudrait rentrer. L'ordre fut donné de le suivre. Aaron préféra rester calme, et il le suivit silencieusement. Il avait envie de se défendre, de lui dire qu'il se reprendrait, et que plus jamais ça ne recommencerait mais il n'était même pas sûr de son dernier point.

- C'est juste que j'ai douté... j'ai beaucoup douté et je n'étais pas vraiment présent. Et encore moins de motivation.

Il avait tenté la sincérité comme un gamin qui cherchait à se justifier. Il était de nouveau un gamin de 8 ans pris en faute. Il lui ordonna de s'asseoir et Aaron obtempéra. Il s'attendait à tout même au pire. Mais il gardait son sang froid pour prouver qu'il pouvait être adulte. 18 ans depuis deux mois.

- Non merci, je n'ai pas soif.

Sa voix était de plus en plus timide, angoissée. Mais il ne montrait plus sa nervosité. Le ton était moins menaçant. Il savait tout de lui. Oui, il avait que 17 ans quand il avait commencé mais au moins, il n'était plus à la rue. Il répondit:

- J'étais à la rue parce que je ne voulais plus rentrer chez moi. De toute façon, que je sois ici ou à la rue, ils ont rien à foutre de moi.

Et l'adolescent ressortait. Envolés les 18 ans, il ne les avait pas vraiment fêté. Il avait encore l'impression de se justifier pour sa propre existence.

Old sins have long shadows.
ft @Aaron Casteel

Tu le sens qu'il ment encore. En prétendant haut et fort, ne pas être en train de le faire. Tu ne le connais pas ce gamin. Pas encore. Mais tu ne peux que constater qu'il n'est pas très bon pour le mensonge. En revanche, tu ne sais pas encore la raison pour laquelle il a besoin de le faire. En attendant d'en savoir plus, vous rejoignez ensemble la salle de pause. Où, déjà, il entre dans des explications qui se veulent aussi sincères que possible. Tu ne réponds toujours rien. Alors qu'il obéit à ton nouvel ordre en prenant place sur une chaise. Qu'il refuse de boire quoi que ce soit. Pourtant, tu viens déposer une canette de soda devant lui, avant de t'installer à ton tour avec ta tasse fumante. Tu reprends la parole. Tu appuies plus encore sur son jeune âge. Tu ne permets pas à tes hommes de recueillir dans les rangs, une personne mineure. Ils se sont plantés sur ce coup là. Ce "ils" ce sont tes parents ? Tu l'interroges pour tenter d'y voir plus clair. Pour attraper les quelques détails que tu ignores encore à ce sujet.

La prostitution ... C'est le seul moyen que tu as trouvé pour te faire de l'argent ? Nouvelle question. Toujours la même attente. Tu ne souhaites rien d'autre que la vérité, toute la vérité. Sur tous les points. Tu as besoin qu'il éclaircisse de lui même les zones d'ombres qui traînent encore ici et là. Qu'il t'explique ce qu'il en est, pour que tu saches au mieux. Que tu puisses te faire une idée totale de sa petite personne. Savoir s'il y a le moindre risque qu'il se fasse un jour attraper. Et si, dans la foulée, il risque de vendre la mèche et de parler des Bloody Boys. C'est dangereux un gamin. Pour un oui ou pour un non ça prend peur. Et c'est prêt à tout pour se sauver les miches. Tu ne sais pas à quel point il peut être dangereux, lui. Mais si vraiment ses parents ne se soucient plus de lui, ça signifie que vous pourriez sans mal le faire disparaître s'il devenait un problème ... C'est une possibilité que tu gardes toujours sous le coude. C'est la base même de tes relations "de travail".

Old sins have long shadows.
ft @Robin Hartwood

Il était là et il se demandait ce qu'il avait fait de mal. Il commençait à culpabiliser comme avec la mort de sa mère, enfant. Il avait forcément dû faire quelque chose de mal et le karma se vengeait de lui. Et dans sa tête, se faisait des milliers de films. Et il lui posait encore des questions. Et Aaron se sentait de répondre en disant la vérité. Cette vérité qui lui faisait mal, des années après:

- J'ai plus qu'un père ou plutôt un géniteur. Et un grand frère et une grande soeur mais je suis plus rien pour eux... à part un boulet qui dépendait d'eux financièrement et tout... Depuis que ma mère est morte, je suis comme mort pour mon père...

Le sujet sensible qui touchait Aaron au plus profond et qui le rendait vulnérable. Et le voilà parti sur des justifications.

- C'est pour ça que j'ai fugué de chez moi... il pense que l'argent ça compense l'absence d'un père... Mais moi j'en ai rien à foutre du fric!

Et il s'énerve Aaron, comme avant sa fugue. Il est de nouveau cet adolescent en crise. Et la question qu'Aaron ne s'était jamais posé. Comment il avait fini comme ça? Et que pouvait-il répondre?

- Non. Mais la rue c'était dangereux et ça me faisait peur. Ici parfois j'ai peur mais je sais que je suis en sécurité. Et je veux plus jamais rentrer chez moi. Je préfère encore faire ça que de revoir mon père!

Il était sincère. Il ne pensait plus à rentrer chez lui, comme résigné à rester ici. Et puis au moins, il n'était plus un gosse de riche.

Old sins have long shadows.
ft @Aaron Casteel

Tu connais quelques petites choses sur Aaron. Parce que tu as mené ton enquête sur lui comme tu l'as fait avec toutes les personnes qui travaillent avec toi. Quand tu as compris que son père était riche, tu t'es évidemment posé la question de savoir pour quelle raison il s'était tiré. Et surtout, pour quelle raison il pouvait bien se prostituer. C'est ... Étrange comme situation. Mais sans doute plus tant maintenant qu'il t'explique sa situation et entre un peu plus dans les détails. Tu hoches lentement la tête de haut en bas. Comment je fais, moi, le jour où il aura envie de te retrouver ? S'il utilise son argent pour enquêter et qu'il apprend que tu vends ton corps ? Et qu'il parvient à remonter assez haut pour découvrir qu'une partie de ton argent me revient ? En d'autres termes, que tu es son mac. Tu ne tiens pas tellement à tomber à cause d'un gamin qui fuit plus ou moins par caprice.

Certes, il semble persuadé que ça n'arrivera pas. C'est en tout cas ce que tu entends et comprends dans ses mots. Mais ça ne signifie pas qu'il a raison. Il peut bien se planter sur toute la ligne. Et le temps que tu t'en assures toi même, il pourrait être trop tard. Ou s'il te prend l'envie de rentrer chez toi pour retrouver le confort du domicile familial ... ? C'est une possibilité également. Dans tous les cas, tu ne vas pas y gagner au change, tu le crains. Dans tous les cas, tu as bien du mal à imaginer qu'un gamin qui pourrait largement profiter du fric de son père, choisisse plutôt de vendre son corps. Alors qu'il a tout l'air de n'y prendre aucun plaisir. Rien de trop surprenant là dedans.

Old sins have long shadows.
ft @Robin Hartwood

Aaron entendait les questions, mais sa peur disparaissait pour laisser place à la colère. Le sujet Casteel était encore un sujet sensible pour le jeune garçon. Il avait envie d'exploser. D'ailleurs, son côté impulsif ressortit et il s'écria:

- Il en a rien à foutre de moi! Au contraire, un enfant de moins à s'occuper, il sera heureux. Jamais il me cherchera parce que s'il avait voulu le faire, il l'aurait fait bien avant et je ne serais pas ici, j'aurais pas tenu tous ces mois dans la rue!

Le gamin se mit à trembler de rage. Les larmes qu'il contenait depuis des jours finirent par couler le long de ses joues. Non, ce n'était pas sa nouvelle condition le problème. C'était encore et toujours son père. Et le sujet si sensible aux yeux du jeune Casteel, montrait sa faiblesse. Les larmes coulaient sans s'arrêter, Aaron ne voulait plus faire semblant d'être adulte . Il restait ce gamin détesté par son père. L'autre question de rentrer chez lui. Non, il ne rentrerait jamais. Il n'avait jamais été le bienvenue dans cette famille, depuis la mort de sa mère.

- Je ne rentrerais jamais chez moi. Je préfère encore mourir plutôt que de le revoir...

Son côté impulsif avait décidé de rester, de lui faire dire des choses qu'en temps normal, il n'aurait jamais dit. Lui, il gardait tout pour lui et parfois ça explosait, comme maintenant. Il tentait maintenant de se calmer. Peut être qu'il avait eu besoin d'exploser pour repartir du bon pied. Pour effacer cette colère qui sommeillait en lui. Et se faire une raison. Il tenta de stopper ses larmes.

- Il m'a fait du mal toutes ses années, à faire comme si je n'existais pas. Ma fugue ce n'était pas un caprice mais ça, il le comprendra jamais.