Old sins have long shadows.
ft @Ashton Hartwood

Ashton semble nettement plus excité par l'idée de cette nuit avec l'une de tes poupées que tu as l'intention de lui offrir, que par l'herbe que tu lui as proposé à bas prix. Tu ne t'es peut-être pas trompé quand tu pensais qu'il était encore puceau, finalement. A moins qu'il ne le soit plus depuis longtemps mais incapable de trouver des filles quand il en ressent vraiment le besoin. Tu ne saurais le dire. Tout ce dont tu es bien certain, c'est qu'il est loin d'être contre. Qu'il n'a pas la moindre intention de refuser ton offre. Hm, une nouvelle dans le milieu alors, tant qu'à faire. Et relativement jeune. Parce que celles qui tournent depuis des années, ne sont évidemment pas de première fraîcheur. Et tu comprends sans mal le frein que ça met à ton frère, ce genre d'idée. Ce n'est pas pour rien que tu n'es pas du genre à coucher avec ces filles là, après tout. Tu ne peux retenir un rire léger lorsqu'il passe clairement sa commande. Qui se trouve être pour le moins précise. Tu sais que tu parles comme moi ? Ce n'est pas forcément un compliment. Sauf s'il aspire à être un psychopathe dans ton genre. Sauf s'il en est déjà un.

Il y a bien une petite Cinthia. 20 ans tout rond. Elle bosse pour moi depuis quelques semaines à peine. Juste de quoi payer ses études. Alors elle n'est disponible que le week-end. Autant dire qu'elle "sert" bien moins que la plupart de celles qui travaillent pour toi à "plein temps". Celles qui se font passer dessus, comme le dit si bien Ashton, plusieurs fois par nuit et par semaine. Impatient hein ? Ça peut être pour ce week-end. Il faut croire que tu lui as mis l'eau à la bouche. Comme s'il n'attendait finalement que ça. Une nuit entière ? Parce qu'il donne réellement l'impression d'en avoir très grand besoin. Et que tu ne voudrais pas le frustrer en ne lui offrant que quelques heures à la volée. Il a droit à un traitement de prince. Et si vraiment il l'accapare toute une nuit, tu veilleras à payer la part de la jeune femme, de ta poche. Ce n'est pas dans tes habitudes. Mais c'est le moins que tu puisses faire.

Old sins have long shadows.
ft @Robin Hartwood

« Je prends ça comme un compliment. » répondit-il avec un sourire amusé, quand il lui avoua qu'il avait le sentiment de s'entendre parler en écoutant son cadet. « Allons pour Cinthia du coup. » La petite veinarde allait avoir la chance, que dis-je l'honneur de rencontrer le cadet Hartwood. « Ce week-end, niquel. Une nuit entière, tu me vois comme un mec avec de l'endurance ? Ca fait plaisir mais je me lasse plutôt vite, quelques heures me suffiront. Je veux pas abusé de ta générosité. » poursuivit-il en acquiesçant d'un signe de tête. Il n'avait de toute manière pas grand chose à faire et puis, c'est vrai qu'il se lassait très vite des demoiselles. Il prenait ce dont il avait besoin et puis, il n'en avait plus envie.

La conversation s'était rapidement terminée sur ce sujet pour en entamer un autre. Ils avaient ri, ils avaient parlé de tout et de rien. Puis, Robin était reparti à ses occupations « d'homme d'affaires ». Quelques heures plus tard, Ashton avait reçu un nouveau message : une date, une adresse et un horaire. La Cinthia avait apparemment entendu parler de la commande et le rendez-vous était fixé. Ashton répondit avec quelques emojis du genre : pouce en l'air, sourire débile et cet ange avec une auréole. Robin ne le savait pas encore mais il allait nuire à une de ses poupées, et ce à cause de son abruti de frère.

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Ils s'étaient retrouvés dans cet hôtel. Cinthia répondait à ses attentes. Une rouquine aux taches de rousseur bien trop mignonnes. Des yeux pétillants de malice. Un sourire radieux. Des courbes à faire rougir n'importe quel curé. Robin n'avait pas menti et ne s'était pas foutu de sa gueule. Il marquait des points l'aîné. Ashton referma la porte derrière la jeune femme, verrouilla cette dernière d'ailleurs. Il était un peu paranoïaque et n'avait jamais cru en ses serrures électroniques avec une carte magnétique. Les choses avaient plutôt bien commencé à vrai dire. La demoiselle avait même gloussé plusieurs fois aux remarques amusantes d'Ashton. C'était sa technique, il mettait en confiance, il enfilait son costume de mec bien et pas trop sûr de lui. Il avait même fait comme s'il ne savait pas s'y prendre : devait-il lui parler ou devait-il lui sauter dessus ? Alors, elle avait pris les choses en main, pour le détendre, pour le mettre à son aise et lui faire comprendre qu'ils étaient ici, rien qu'à deux et qu'il ne devrait se gêner de rien. Rien qu'à deux. La pauvre était, en effet, entre ses griffes. Il l'avait pour quatre heures. Quatre longues heures, qui allaient ressembler à une éternité. C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée à califourchon sur lui pour quelques secondes avant que la situation ne se retourne en sa faveur. Les mouvements délicats et tendres se changèrent en mouvements brusques. Plus brusques. Les traits de son visage changèrent, s'assombrirent. Et elle, elle ne criait pas sa douleur mais il la lisait. Il savait qu'elle n'allait pas prendre de plaisir.

Il posa ses lourdes mains sur son cou et les mouvements se firent plus brusques encore. Il serra doucement ses doigts contre son cou, et elle posa automatiquement, comme par réflexe. Elles avaient toutes cette réaction. Elle ouvrit la bouche, comme pour essayer d'avoir un peu plus d'air. Elle ressemblait presque à ces poissons rouges qui « sautaient » toujours malencontreusement en dehors de leur bocal et qu'il regardait bondir sur le sol. Un amusant spectacle. Au juste moment, il lâcha prise et se laissa tomber sur le dos alors qu'elle se recroquevillait sur elle-même dans un coin du gigantesque lit. Un coup d’œil au réveil. Il avait encore un peu plus de trois heures devant lui. Et alors qu'il reprenait sa respiration, il tourna la tête vers ce petit bout de femme. Les marques de ses mains étaient déjà légèrement ancrées sur son cou. Les yeux étaient rougis. La lèvre inférieure était tremblante. Et au cours de ces trois heures, il y eut de drôles de jeux. Des jeux amusants qui mettaient en scène quelques bouteilles du mini bar. Bon, quand elle ne réagissait pas correctement à ses yeux, il dut lui donner deux ou trois gifles, mais pas plus. Promis. Elle avait rapidement compris avec ces gifles qu'elle devait lui obéir au doigt et à l’œil.

Il avait quitté la chambre d'hôtel après avoir pris une douche, laissant la gamine avec un sourire beaucoup moins radieux et certainement une âme aussi souillée que son corps.

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10:00 le lendemain matin.
Le calme avant la tempête. Il ne le savait pas encore … mais Cinthia avait parlé avec Robin. Elle avait besoin d'un peu de repos, pour se remettre des coups, de cette nuit … apparemment, les choses ne s'étaient pas passées comme prévues et des limites avaient été dépassées. Cinthia n'avait pas été capable de tout expliquer, à chaque fois elle était prise de sanglots étranglés.
Le calme avant la tempête.
Bientôt le masque d'Ashton allait se fissurer. Mais pour l'heure, il était en train d'aider sa mère à préparer les mets pour le repas de famille dominical. Une petite tradition.
Le monstre avait enfilé le costume du gamin idéal et juste. Il coupait les légumes tout en chantant en choeur avec sa mère la musique que laissaient échapper les haut-parleurs de la radio.

Old sins have long shadows.
ft @Ashton Hartwood

C'est sur un sourire qui en dit plus que des mots, que tu quittes finalement ton frère. Après plusieurs heures de conversation et quelques clopes grillées, tu finis par lever le camp. Le but n'étant pas forcément de croiser ta mère -et surtout tu ne tiens pas à lui expliquer la raison de ta présence-, tu fuis même de façon discrète. Après avoir promis à Ashton, une fois de plus, qu'il aurait vite des nouvelles de la petite Cinthia. Parce que tu es du genre à tenir tes promesses. Et plus encore à l'un de tes frères, cela va s'en dire. Et justement, tu lui envoies un texto quelques heures après ton départ à peine. Tu as arrangé la chose, il n'aura plus qu'à retrouver la petite rousse dans la chambre dans laquelle elle a ses habitudes. Comme promis, tu ne répands pas l'information selon laquelle tu es ton frère. Ce sera, de toute façon, la meilleure façon de garder éloignées ta vie auprès de ta famille et ta vie au sein du gang. Tu quittes la maison de ta mère, arranges ce coup et envoie ce texto à ton frère, en étant persuadé que tu ne fais rien d'autre que lui rendre un fier service.

Bien sûr, tu es loin de te douter de ce qu'il en est véritablement. Bien loin de pouvoir imaginer quel genre d'être est Ashton. Ce n'est pourtant pas faute de vouloir le percer à jour depuis une éternité. Ce qui ne veut pas dire que tu te méfies de lui non plus. C'est ton frère. Tu n'as pas de raison de te méfier. Tu ne penses pas qu'il représente un danger ... Et puis tu la vois. Elle débarque en pleine nuit. Elle t'a fait appeler pour te prévenir de son arrivée. Tu la retrouves au QG de ton gang. Et tu t'arrêtes net à la vue de sa peau marquée. Dans un premier temps, tu penses que c'est un client quelconque qui lui a fait ça. Tu t'apprêtes à demander où se trouvait la sécurité à ce moment là, quand elle prend la parole. Elle fond en larmes. Et entre deux sanglots, elle parvient à t'expliquer que c'est l'homme qui l'a "commandé" qui lui a fait ça. Elle tente de te raconter un peu plus de choses encore. Entrer un peu dans les détails pour que tu comprennes jusqu'à où il est allé. Mais tu ne peux franchement pas en attendre davantage. Parce qu'il s'agit de ton frère. Elle l'ignore. Mais c'est un fait.

Il te faut alors la rassurer, la consoler, lui offrir une semaine minimum de congé et un dédommagement conséquent. Tu promets que ça n'arrivera plus et tu t'assures que quelqu'un peut la ramener chez elle, avant de pouvoir te poser cinq minutes et réfléchir à tout ça. Tu peines encore un peu à assimiler la chose. A vraiment admettre que ton frère ait pu faire ça. Et en même temps, tu ne vois pas de raison de mettre la parole de la gamine en doute. Elle n'a jamais rien fait pour que tu remettes sa parole en doute. Elle se contente de se trouver des clients sur le trottoir et de les ramener à l'hôtel, sans jamais rien demander. Sans jamais se plaindre de quoi que ce soit. Alors tu la crois sur parole. Laissant des pensées bien inquiétantes s'installer dans ton esprit alors qu'enfin tu rentres chez toi à ton tour. Tu dois aller retrouver ta famille pour votre repas du dimanche. Tu vas avoir ton frère sous le nez alors que tu ne sais pas encore que penser de tout ça.

Si tu n'étais pas rentré si tard et si tu n'avais pas tant peiné à trouver le sommeil, tu te serais levé tôt pour aller aider ta mère à cuisiner. Mais surtout, pour pouvoir voir ton frère en tête à tête. Au lieu de ça, tu débarques juste à l'heure pour le début du repas. Tout le monde est déjà là. Tu n'as d'autre choix que de jouer la comédie. D'offrir des sourires à la volée. Est-ce que c'est aussi ce que fait Ashton ? Se la jouer gamin innocent qui vit encore chez sa mère alors qu'il est potentiellement un monstre en puissance ? C'est la question que tu te poses alors que ton regard n'a de cesse de se poser sur lui. Prunelles qui s'assombrissent à chaque fois que tu l'observes sans mot dire. Mâchoires qui se crispent alors que tu n'as qu'une hâte : celle d'avoir un moment pour "discuter" avec lui.

Old sins have long shadows.
ft @Robin Hartwood

Ashton s'agitait en cuisine quand Robin apparut. Il ne lui fallut pas plus de deux minutes pour comprendre que quelque chose clochait. Il ne le regardait pas. Il lui balançait des éclairs en guise de regard. Il le regardait d'une autre manière, une nouvelle manière. Putain. Cela ne lui plaisait pas alors il se rapprocha davantage de sa mère, elle avait toujours été le cœur du peu d'humanité qu'il possédait. Il était persuadé de finir ses jours aux côtés de sa mère. Si elle venait à disparaître, pas sur qu'il survivrait. Ashton posait parfois son regard sur son frère, comme pour essayer de comprendre mais à chaque fois, il ne voyait qu'un peu plus d'obscurité. C'était le regard du grand frère. C'était le regard des représailles comme quand, gamin, il allait fouiller dans les affaires de sa chambre. Il connaissait ce regard. C'était le regard qui accompagnait les reproches. Merde. Qu'est-ce-qu'il avait fait de mal ? Ashton était tellement con et confiant dans sa monstruosité, qu'il ne parvenait même pas à faire le rapprochement avec la nuit d'hier. « Je peux te parler seul à seul. » Robin lui avait demandé cela en plein milieu d'une conversation sur le film qu'ils avaient vu la veille avec la Madre. Ashton parut surpris et haussa les épaules. « Tu m'appelles dès que tu as besoin d'un coup de main. » dit-il à sa mère qui le repoussa avec tendresse et dans un rire amusé. « Je suis encore capable de vous faire à manger sans t'avoir dans mes pattes, Ashton. » Elle secoua la tête de droite à gauche, sourire aux lèvres alors que les frères Hartwood se mettaient en direction du jardin.

Ashton s'était déjà coincé une clope entre les lèvres. Il l'alluma une fois qu'ils étaient dehors. « Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda-t-il, l'air presque trop innocent. « C'est pas pour dire mais tes visites se font de plus en plus régulières ces derniers temps. » Il avait lentement le sentiment que son frère avait besoin de le contrôler ou de le surveiller. Ça, ça faisait flipper car cela augmentait les possibilités de faire des conneries et de laisser percevoir son vrai visage. Il tira une latte sur sa clope et sans laisser le temps à Robin de dire quoique ce soit, il lui dit : « Elle t'a raconté ? » Il le sentait. Robin savait. Il le regardait avec un autre regard. L'atmosphère se faisait un peu plus lourde. Quelque chose venait de se briser entre eux. Il en était certains.

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ft @Ashton Hartwood

Tu ne cherches pas à cacher à Ashton que tu as une dent contre lui ce matin. Tu ne fais pas même semblant d'être détendu et heureux d'être là. Tu sais que tu n'as pas le droit de ramener ton boulot chez ta mère. Surtout quand vous vous réunissez tous. Quand ton frère, Monsieur le Policier, va bientôt se retrouver dans la même pièce que toi. Mais Ashton a merdé en beauté. Tu peines encore un peu à réaliser la chose parce que c'est bien loin du genre d'image que tu pouvais te faire sur lui. Et en même temps, tu sais que tu ne devrais pas être si surpris que ça. Le fait est qu'il est beaucoup trop secret et mystérieux pour être honnête. Les gens comme ça cachent forcément un truc. Tu aurais du t'en douter. Plutôt que de t'imaginer qu'il n'était rien d'autre qu'un adulte adolescent un brin attardé. Tu t'es contenté de tirer le même genre de conclusions qu'ont tirés tous les autres membres de votre famille. Grave erreur. C'est une bombe à retardement qui vit refermé sur lui même dans sa chambre d'ado. Un psychopathe en puissance. Un danger public. Parce que tu sens que t'es en train de mettre le doigt sur un truc, tu ne peux te retenir plus longtemps et l'interpelles pour pouvoir discuter avec lui. Seul à seul. Dans un coin du jardin des plus espacés. Vous n'aurez aucun mal à trouver un endroit à l'abris des regards et des oreilles.

Tu as les lèvres pincées, signe de frustration et de colère sous-jacent, quand vous atteignez ce-dit petit coin à l'abris. Sa petite plaisanterie n'atteint pas son but, sans surprise aucune. Au contraire. Ton regard ne fait que s'assombrir plus encore. Toujours rivé sur son visage. Un regard qui oscille entre la colère, l’incompréhension et une pointe de dégoût, tu dois bien le reconnaître. Parce que tu réalises que tu étais sans doute à mille lieux de t'imaginer ce que pouvait bien être ton frère. Toi qui te vantes d'être si malin, si observateur, si compréhensif. Evidemment qu'elle m'en a parlé. Putain, t'es con ou quoi ? Que tu grognes froidement. Tu serres les mâchoires pour ne pas hausser plus encore le ton. Simplement pour le cas où l'un ou l'autre des membres de ta famille, n'ait la bonne idée de se promener un peu plus loin dans le jardin. Je t'ai prêté l'une de mes filles pour que tu la baises. Pas pour que tu la tortures. T'es complètement taré ? C'est quoi ton putain d'problème Ashton ? Tu m'expliques ? Il s'en faut de peu pour que tu ne flanques directement ton poing dans la gueule de ton frère. Là encore, tu ne veux pas prendre le risque d'alerter les autres. T'aurais pu t'contenter de l'étrangler à moitié comme un putain d'animal. Mais le reste ? Vraiment ? Tu n'as pas même envie d'entrer dans les détails. Il en faut beaucoup pour te choquer. Tu ne l'es pas vraiment. Mais surpris, oui. Beaucoup.

Old sins have long shadows.
ft @Robin Hartwood

« Le secret professionnel, c'est plus trop ce que c'était. » dit-il d'un ton désinvolte dans un murmure avant de se rendre compte qu'il marchait sur une corde raide. Il leva les mains, lui montrant les paumes en signe de rédemption. Il ne voulait pas faire de vague, pas faire de crise dans la maison de sa mère. Elle tenait beaucoup trop à tenir toute la petite famille dans un semblant d'harmonie. Il ne lui ferait pas l'affront de péter un câble sous son toit. Les remarques de Robin s'abattent sur lui sans ne laisser la moindre trace. Certes le regard de son aîné a changé mais cela lui importe peu. Cela ne le touche pas. Il en a, à vrai dire, absolument rien à foutre. Robin lui avait servi une prostituée sur un plateau d'argent. Il s'en était servi. Elle était où la notice d'utilisation avec le mode d'emploi ? Elle n'avait pas été livrée avec alors, il l'avait utilisé comme bon lui semblait. A sa manière. Il ne l'avait même pas cassé. Juste un peu abîmée. Il était même persuadé qu'elle allait être bien plus productive maintenant. Il devait le remercier d'avoir formé sa poupée à une toute nouvelle gamme de client. Ouais, il méritait qu'on lui tire son chapeau, pas qu'on lui balance des remarques déplaisantes. Visage fermé, il tire une nouvelle latte sur sa clope. Il a merdé. Maintenant, il va falloir réparer les dégâts.

« J'ai des goûts juste un peu particuliers. » dit-il dans un souffle en haussant les épaules. « Pas tous les jours facile de trouver quelqu'un qui partage tes goûts quand t'es quelqu'un comme moi, Robin. Crois-moi. J'ai perdu les pédales ...» Pas besoin de préciser de le croire, ses goûts étaient bien trop particuliers pour être partagés par un être humain de cette planète. Perdre les pédales était sans aucun doute un euphémisme quand on avait entendu le discours de Cinthia. Mais, avec sa foutue gueule d'ange, son air désolé et un peu perdu, il jouait bien la comédie le sociopathe. Son regard se baissa sur le sol, comme s'il cherchait une issue de secours pour cette situation. Il jouait plutôt bien le mal à l'aise, non ? Ashton releva la tête pour poser son regard sur son aîné.
« Qu'est-ce que je te dois ? Je peux essayer de rattraper le coup, je voulais pas te mettre dans la merde, Robin. Je t'assure. » Sa voix était celle d'un jeune homme paumé dans son Vice. Comme à son habitude, il jouait parfaitement la comédie. Il avait suffisamment observé pour simuler les émotions humaines. Il tira une nouvelle bouffée sur sa clope avant de se masser la nuque.

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ft @Ashton Hartwood

Ton regard se fait tout naturellement assassin lorsqu'il semble tenter une autre plaisanterie. A moins qu'il ne soit sérieux. Et dans ce cas là, c'est pire encore. Il te paraît plus con encore que tu ne l'imaginais. Mec t'as réussis à traumatiser et à esquinter une pute. Une pute traumatisée bordel ! Tu t'attendais à quoi ? Tu te fous pas mal de savoir ce à quoi il s'attendait dans les faits. T'es simplement surpris de le découvrir con à ce point. Surpris par la froideur dont il fait preuve face à la réalité des faits. Parce qu'il n'a pas l'air de regretter du tout. Et c'est un rire sans joie qui t'échappe lorsqu'il mentionne ses goûts comme étant "particuliers". Particuliers ... Que tu répètes, à moitié sonné. Il continue de te surprendre. Et pas forcément dans le bon sens du terme. Tu as l'impression de découvrir ton propre frère et pas sous un angle qui te plaît. Tu pensais être le plus dérangé de la fratrie. Tu pensais qu'on ne pouvait faire pire que toi. Tu découvres qu'il a peut-être réussit cet exploit insensé.

Mais à combien de gonzesses t'as fait ça ? T'es un malade ... Tu n'as plus à hausser le ton. T'en es arrivé au point où tu es beaucoup trop sonné pour ça. Beaucoup trop sous le choc. Tu étais à mille lieux d'imaginer ton frère dans le rôle d'un bourreau de ce genre. Une sacré somme et compte sur moi pour faire le calcul et te sortir une putain de facture détaillée. Parce que tu lui factureras les heures qu'il a passé avec elle, en plus des soins médicaux et de la semaine de travail qu'elle ne va pas pouvoir réaliser. Parce que ça représente une sacré somme d'argent et qu'en prêtant cette fille à ton frère, tu ne pouvais t'imaginer que ça allait autant te coûter. Putain mais comment on peut être à c'point détraqué ? Qu'est-ce que tu fous dans ta chambre à longueur de journée ? Tu mates du porno gore ou quoi ? T'en sais foutrement rien de ce qui a pu amener ton propre frère à virer à ce point. Mais ça te rend un peu plus curieux encore. Et en même temps, tu sais que ça pourrait bien ne pas te plaire. T'en es même persuadé.

Old sins have long shadows.
ft @Robin Hartwood

« Woh ! » dit-il en accompagnant ses propos d'un signe de main comme pour lui faire comprendre que là, ça devenait un peu trop. «OK. J'ai pété un câble avec une de tes putes mais il y a un énorme pas à franchir pour me donner le rôle de sociopathe, comme si je faisais ça à chacune de mes copines. J'ai pété un câble. C'est tout. » poursuivit-il, jouant à la perfection le rôle du mec qui n'a rien à voir avec ce qui s'est passé dans cette chambre d'hôtel. «C'était carrément chelou, Robin. Je suis pas fait pour ce genre de parties de jambes en l'air, carrément pas … Les putes, c'est pas mon truc. J'ai pété un câble. Complément surréaliste. » Il avait presque écarquillé les yeux à la fin de sa phrase. Il agissait, parlait comme si la relation avec la prostituée avait été trop pour lui, beaucoup trop pour lui. Après tout, il était sensé être le mec tranquille, louche, qui passe ses journées dans sa chambre et dont le nombre de petites amies se comptent sur les doigts d'une main. Alors, c'était peut-être plausible qu'il ait pété un câble et crut qu'il pouvait faire ce qu'il voulait avec la jeune femme. Son regard se baissa sur le sol et il se massait nerveusement la nuque. Il avait l'air de se sentir coupable.

« Dis-moi un chiffre, je paie. »souffla-t-il en même temps que le nuage grisâtre qui s'échappait de ses lèvres. Il releva la tête pour poser son regard sur son frère, qui venait d'entrevoir ce qui se passait dans le cerveau pourri et vicié de son cadet. Merde. « Je suis désolé, Robin. Je ne voulais pas te nuire. Comme je te dis, j'ai pété un câble. Je n'étais plus moi-même. » Il s'approcha de son frère. « Le mec qui était dans cette chambre d'hôtel … il me fait autant flipper qu'il fait flipper Cinthia … et maintenant, toi. Je vois que tu me regardes comme si j'étais un malade mental. Mais je te jure que je ne suis pas ce type. » Mytho. « Je suis désolé, Robin. » Il baissa de nouveau la tête avant de laisser tomber cette dernière sur l'épaule de son frère. Putain, il sortait le numéro du grand frère à la perfection. Il ferma les yeux pour ajouter un côté dramatique.

« Je suis pas un monstre. Je voulais vraiment pas que ça se passe comme ça ... » Est-ce qu'il y avait un sanglot à la fin de cette phrase ? Apparemment, oui. Il était parvenu à y placer un sanglot, l'enfoiré de manipulateur. Il sortait la carte du petit frère perdu à la perfection. Un vrai sociopathe.

Old sins have long shadows.
ft @Ashton Hartwood

Mine de rien, il a quand même tout l'air de te confirmer ses penchants ... Atypiques. Que tu qualifierais même de "déviants". Ce n'est pas normal d'aimer blesser à ce point une partenaire sexuelle. Sans réel consentement de sa part d'ailleurs. Parce qu'elle n'avait pas l'air très satisfaite par le fil de sa soirée, la rouquine. Plus traumatisée qu'autre chose pour être tout à fait honnête. Tu revois la lueur de peur qui faisait briller ses yeux clairs, quand elle te faisait face et qu'elle tentait de te raconter sa mésaventure. Forcément, tu es incapable de voir ton frère de la même façon après tout ça. Alors même qu'il tente de se défendre. Péter un plomb c'est coller une gifle ou deux. Tout au plus, oublier de desserrer l'étau autour de la gorge. Mais... Bordel ... Non, définitivement, tu n'as pas envie de remettre sur le tapis tout ce qu'il a fait à cette pauvre fille. Même pour toi c'est trop. Et surtout, tu oses espérer qu'il s'en rappelle. Et tu vas l'sortir d'où ce fric ? Ça se compte en milliers de dollars. Aux dernières nouvelles, il n'a aucun boulot qui lui permet de correctement gagner sa vie. Et en même temps, tu doutes qu'il ait envie d'emprunter de l'argent à votre mère pour ce genre de raison.

Il n'empêche que tu refermes la bouche lorsqu'il s'approche un peu de toi. Il a presque l'air hésitant. C'est le gamin parfois effrayé et souvent paumé, d'autrefois. C'est ton frère. Ton dérangé de petit frère. Il s'approche, tu pinces les lèvres. Il laisse reposer son front sur ton épaule, tu ne bronches pas. Tu ne réagis pas. Tu ne bouges pas d'un poil. Tu cherches encore à faire la lumière sur tout ça. Sur ce que tu peux croire ou non. Sur ce que tu dois en conclure aussi, et surtout. Il prétend avoir peur du gars qu'il a été dans cette chambre d'hôtel. Est-ce qu'il souffre carrément d'un dédoublement de la personnalité ? Ce serait pire encore que tout ce que tu peux imaginer. Peut-être lui faut-il un psy ? En attendant de décider à ce sujet, tu te tends au son du sanglot qui vient étranger les dernières notes de ses mots. A moins qu'il ne soit un excellent comédien et ait donc raté sa vocation, tu doutes qu'il soit capable de feindre des pleurs. Mec, à quel moment tu t'inquiètes pour elle ? Parce que mine de rien, il se soucie de ce que tu penses de lui et de ton business. Mais à aucun moment il ne semble s'en faire pour cette nana qu'il a bel et bien traumatisé. Il n'empêche que tu soupires et loges une main dans son dos. C'est bon, c'est bon, tu vas pas me chialer sur l'épaule, non plus ... Te voilà à jouer l'ours mal léché parce que pas tellement à l'aise avec ce genre de contact. Avec l'une de tes soeurs ce serait plus simple. Avec l'un de tes frères, c'est une autre histoire.

Old sins have long shadows.
ft @Robin Hartwood

Coller une gifle, ça avait commencé d'ailleurs. Trois fois rien. Rien d'inquiétant. Après tout, le Xxième siècle adorait 50 shades of grey alors il pouvait quand même donner deux, trois claques. Puis, il y avait eu d'autres déviances. Et puis, il avait carrément perdu les pédales et avait commencé à prendre son pied dans la souffrance de ces partenaires. Son regard s'écrasa sur le sol alors que Robin jouait son rôle de grand frère à lui faire la leçon. Quand il fut question d'argent, il haussa les épaules. « Tu me dis une somme, je te donne la thune. T'as pas à te faire de souci pour la thune. » Il avait un compte sur des îles. Un compte bien rempli. Il était suffisamment intelligent pour économiser. Il vivait chez sa mère, ne dépensait presque jamais son argent et ses services coûtaient un bras … car il s'occupait des méandres du vice sur la toile. Quand on a aucun principe et aucune morale, on prend toutes les commandes et du coup, on a la possibilité de bien se remplir les poches. Par contre, la Cinthia en question ne valait pas un milliers de dollars. C'est ce qu'il s'était dit évidemment mais n'avait rien laissé paraître. Déjà, elle ouvrait trop grand sa gueule et elle ne savait pas vraiment simuler … hors quand on fait ce boulot, mieux vaut savoir jouer l'actrice. Enfin soit. Il n'allait pas discuter des prix, pas aujourd'hui, pas sous le regard de son frère.

Merde. Il avait oublié de s'inquiéter pour la jeune femme. Il avait carrément oublié de penser à la jeune femme, ce qu'aurait fait n'importe quel être humain normal. « Parce que je suis certains que t'es pas un connard comme moi et que tu as certainement pris soin d'elle et essayer de ramasser les morceaux derrière moi. Comme d'hab. » Putain qu'il était bon pour ressortir la carte du grand frère qui a mieux réussi, qui a toujours eu un œil sur son petit frère et veiller à ce qu'il ne fasse pas trop de conneries. Il avait même caché quelques conneries d'adolescence. Ouais, son grand frère. Bien joué le monstre ! Il releva la tête quand son frère le taquina et il passa une main sur son propre visage comme s'il souhaitait reprendre contenance.« Je te dois un service du coup. Un putain de gros service, Robin. » finit-il par dire sur le ton de la confidence. « Peut-être qu'il va être temps que je te parle de mon boulot. » Il avait ajouté cela sur le même ton, tout en plongeant son regard dans celui de son aîné.